• Anju, jeune femme native de Bombay, fait le désespoir de sa famille : elle a 32 ans et elle n'est toujours pas mariée. Pourtant sa mère s'est mise en chasse de bonne heure pour trouver le gendre idéal. Depuis que Anju a dix-sept ans elle a exploré toutes les possibilités. Au début la jeune fille a refusé les prétendants qui ne lui convenaient pas puis, petit à petit, ce sont les prétendants eux-mêmes qui se sont faits rares.

    Enfin, pour échapper à la pression familiale qui se faisait de plus en plus lourde, Anju a arraché à ses parents l'autorisation d'aller étudier puis travailler aux Etats-Unis. Elle est devenue attachée de presse dans la mode et a commencé à s'émanciper. Cependant il est difficile de s'affranchir totalement de trente ans de matraquage permanent et elle est elle-même convaincue de la nécessité de se trouver un mari indien.

    Au début du roman, Anju retourne en Inde, pour assister à un mariage, après deux ans d'absence. Pour sa mère et sa tante, c'est l'heure de se remettre en chasse.

    Comme dans les nouvelles de Lavanya Sankaran (Le tapis rouge) on trouve ici une jeune femme tiraillée entre ses aspirations à une vie moderne et son souhait de complaire à ses parents plus traditionnels. Cependant chez Kavita Daswani la réalisation est moins bien réussie. Il y a de l'humour par instants mais j'ai aussi trouvé souvent la lecture fastidieuse. On s'englue dans la recherche du mari et on se demande comment on va s'en sortir (peut-être que cela vise à nous mettre à la place de l'héroïne qui doit aussi trouver le temps long).  On a aussi droit à des descriptions presque techniques du métier d'attaché de presse et du monde superficiel de la mode qui m'ont parues superflues. Peut-être qu'ici une nouvelle aurait suffit.


     

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  • Le jeune Ram Mohammad Thomas, serveur de restaurant de 18 ans, a gagné au jeu télévisé Qui Va Gagner un Milliard (de roupies) ? Il a répondu juste aux douze questions posées. La production soupçonne aussitôt une tricherie : comment un enfant des rues qui n'est jamais allé à l'école pourrait-il avoir une telle culture générale ? Ram est arrêté par la police et torturé pour lui faire avouer son truc. Heureusement pour lui, il est tiré de ce mauvais pas par l'avocate Smita Shah qui l'emmène chez elle. Là Ram lui raconte sa vie et lui explique comment il a pu gagner.

    Au cours de son existence mouvementée entre Delhi et Bombay en passant par Agra, il a exercé de nombreux métiers et rencontré de nombreuses personnes. Il a été domestique chez une actrice vieillissante de Bollywood et chez l'attaché militaire d'Australie en inde. Il a travaillé comme barman et comme guide pour les touristes du Taj Mahal. Il a habité le plus grand bidonville de toute l'Asie. Il a échappé de justesse à un trafiquant d'enfants qui voulait lui crever les yeux. Il est tombé amoureux d'une prostituée.

    Ram Mohammad Thomas raconte à Smita comment toutes ces rencontres et toutes ces expériences lui ont permis de répondre aux questions posées.

    A travers la vie aventureuse de son personnage Vikas Swarup nous présente l'Inde pauvre et misérable, celle des enfants abandonnés, celle des petits métiers, celle où survivre est un combat. C'est plutôt plaisant et facile à lire mais je n'ai pas vraiment été accrochée. J'ai trouvé que cela manquait d'épaisseur.
     
     

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  • Dans ce recueil de huit nouvelles nous rencontrons la bourgeoisie de Bangalore. Bangalore est connue comme la Silicon valley indienne. Là vivent des jeunes gens issus de familles riches ou plus moyennes mais qui ont pu leur payer des études aux Etats-Unis. Ils sont informaticiens, sortent avec leurs amis, boivent et fument. Ils sont tiraillés entre leur désir de modernité et la tradition à laquelle les rattachent leurs parents.

    Dans Alphabet, Priyamvada une jeune fille élevée aux Etats-unis retourne en Inde pour la première fois depuis son enfance alors qu'elle a une vingtaine d'années. C'est l'occasion pour elle de réviser ses idées reçues sur le pays de ses parents et d'enfin comprendre les choix de son père.

    Café de Mysore nous raconte un épisode important de la vie de Sita. Profondément perturbée depuis son enfance par le suicide de son père, Sita est une jeune femme introvertie, brillante professionnellement mais n'osant pas se mettre en avant. La trahison d'un collègue la décide enfin à ne plus se laisser marcher sur les pieds.

    Tara, l'héroïne de Birdie num-num, est revenue en Inde, chez ses parents pour les besoins de ses études. A 27 ans elle se sent bien éloignée des préoccupations de sa mère qui a hâte de la marier. Les relations sont tendues entre les deux femmes qui se retrouveront pourtant autour d'un sari dans un chassé-croisé des générations :

    "Tara enlève son jean, et sa mère drape le sari autour d'elle et entre ses jambes, et pour finir arrange le thaleippu, le bout décoratif, autour de sa taille. Sa longue chevelure est ramenée en arrière et nouée prestement sur sa nuque. Elle s'approche lentement du miroir en pied, la réticence le disputant à la curiosité en elle.
    Soixante-dix années se sont volatilisées, et elle contemple fascinée son reflet. Elle a été métamorphosée en sa grand-mère.
    Sa paati, dans tout l'éclat de sa jeunesse et pleine de vie, lui sourit gaiement dans le miroir.
    Et derrière elle, sa mère, sa fille, sourit aussi."

    C'est finement observé et bien écrit. On est souvent à la croisée entre l'envie d'aller de l'avant et la nostalgie du passé. Il y a aussi de l'humour. Lavanya Sankaran jette un regard tendre sur ses personnages.
     

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  • Noël 1850. Judah Dreghorn, juge respecté dans la région des lacs en Angleterre est accusé de corruption par Ashton Gower qui sort de prison après onze ans d'incarcération. Gower prétend que Judah Dreghorn a fabriqué de faux documents et l'a envoyé en prison pour pouvoir s'approprier son domaine. Quelques jours après ces premières accusations Judah Dreghorn est retrouvé mort, victime d'un accident troublant. N'aurait-il pas été assassiné ?

    La veuve de Judah, Antonia, fait venir auprès d'elle son parrain, Henry Rathbone. Dans la propriété qu'on les accuse d'avoir usurpée sont attendus aussi pour les fêtes Benjamin et Ephraïm, les frères de Judah et Naomi, veuve de Nathaniel, le quatrième frère Dreghorn. Ensemble ils vont mener l'enquête pour comprendre ce qu'il s'est passé et laver la réputation de Judah.

    Ce petit roman policier se lit rapidement et est plutôt bien ficelé. Il m'a plus convaincu que le précédent paru l'an dernier à la même époque (La disparue de Noël). Comme d'habitude chez Anne Perry il est le prétexte à une réflexion sur les sentiments et les motivations humaines, ici le sens de l'honneur et l'intégrité.
     

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  • Rue Soliman Pacha, au Caire, se trouve l'immeuble Yacoubian. L'auteur nous présente les destinées de plusieurs des habitants de cet immeuble. Taha Chazli, le fils du concierge de l'immeuble, jeune homme brillant, a dû renoncer à son rêve d'intégrer l'école de police car il n'avait pas les moyens de payer les dessous de table nécessaires pour y accéder. Amer, il se lie d'amitié avec un étudiant islamiste.

    Boussaïra doit travailler pour faire vivre sa mère veuve et ses jeunes frères et soeurs. Pour arrondir ses fins de mois elle est obligée d'accepter les attouchements de ses patrons. Sa route croise celle de Zaki Dessouki, âgé de 65 ans et héritier d'une riche famille. Il vit de ses rentes dans la nostalgie de l'Egypte de sa jeunesse où la bonne société occidentalisée parlait Français et profitait ouvertement des plaisirs de la vie.

    Hatem Rachid est plus jeune mais issu du même milieu. Homosexuel il courtise le conscrit Abd Rabo et essaie de se l'attacher par des cadeaux.


    Le hadj Azzam est un homme d'affaires qui désire maintenant se lancer dans la politique. Alors que ses enfants sont des adultes il envisage de prendre une seconde épouse plus jeune que la première qui ne veut plus l'accueillir dans son lit.

    Nous sommes à l'époque de la première guerre du Golfe et Alaa el Aswany nous décrit une société gangrenée par la corruption, l'injustice sociale et l'absence de démocratie. Dans cette société profondément inégalitaire les plus modestes ne peuvent espérer s'élever socialement (voire même survivre) que par les magouilles petites ou grandes ou le mariage pour les femmes. La corruption est généralisée et on comprend alors que l'islamisme attire des jeunes qui voient leur avenir entièrement bouché. D'autant plus que Dieu est mis à toute les sauces dans la bouche même des corrompus.


    Je relève ce dialogue entre le hadj Azzam et Kamel el-Fawli, un fonctionnaire qui s'est engagé à lui faire gagner les élections moyennant un million de livres: "C'est à dire Kamel bey, que si je paie cette somme je suis sûr d'être élu, avec la permission de Dieu.

    - Vous n'avez pas honte, hadj ? Vous parlez à Kamel el-Fawli. Une expérience de trente ans au parlement! Oh! Egypte, il n'y a pas un seul de tes candidats qui puisse gagner si nous ne le désirons pas. Par la volonté de Dieu."

    Ce mélange de prévarication et de bigoterie hypocrite est bien représentatif de l'ambiance générale. Au total c'est une ouverture intéressante mais bien triste sur une société sans espoir. On en ressort avec le sentiment que l'Egypte est mal partie.

     

     

     

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  • C'est l'histoire de la famille Procter dans les années 70, au moment où leurs enfants adolescents commencent à vouloir prendre leur indépendance. Seulement les Procter sont une famille qui a une histoire douloureuse. Les grands-parents ont traversé les persécutions antisémites des nazis et tous ne sont pas revenus. Les parents sont des survivants et leurs enfants portent cet héritage difficile.

    Les parents de Liesel, la mère, ont fui l'Allemagne pour le Kenya avec leur fille dès les années 30. Après la guerre, ils se sont installés à Londres. C'est là que la jeune fille a rencontré son mari, Emil, envoyé en Angleterre par ses parents qui eux n'ont pas survécu à la déportation. Juifs libéraux mais attachés à leurs origines, Liesel et Emil ont deux enfants, Rose et David.

    Le départ des enfants est toujours un moment difficile dans une famille unie. L'auteur nous montre qu'il l'est encore plus quand cette famille a connu des séparations définitives. Le talent de Stefanie Zweig est d'avoir dépeint tout en finesse les sentiments de ces parents aimants. On est dans l'introspection qui pousse à s'interroger sur ses propres pratiques.

     

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  • Ce volume est le sixième épisode des enquêtes de Victor Legris, libraire parisien de la fin du 19° siècle.
    1894, en Bretagne. Corentin Jourdan, marin retiré après un accident du travail qui l'a laissé boiteux, sauve de la noyade une jeune femme dont le bateau avait fait naufrage. Il est ému par cette belle inconnue qui lui rappelle Clélia, une femme qu'il aimât jadis et qui est morte. Après son départ il découvre qu'elle a oublié son journal intime. Ce qu'il y lit le pousse à suivre à Paris celle qui s'appelle Sophie Clairsange.

    A Paris, peu de temps après, on retrouve le corps d'une femme étranglée. C'est Loulou, une amie de Sophie Clairsange et de Mireille Lestocart. Connaissant le goût de Victor Legris pour les enquêtes, Mireille le charge de retrouver l'assassin de son amie. Victor sera aidé de Joseph Pignot, son commis, devenu son beau-frère depuis qu'il a épousé Iris, la demie-soeur de Victor.

    Car le roman fourmille de personnages. Il y a aussi Kenji Mori, un Japonais, père d'Iris et associé de Victor. Tasha Kherson, la femme de Victor et la mère de Tasha, Djina, après qui soupire Kenji. Nous suivons tout ce petit monde dans le Paris de la fin du 19° siècle dont nous découvrons les petits métiers.

    Derrière le pseudonyme de Claude Izner se cachent deux soeurs qui écrivent fort bien ma foi et nous proposent une bonne série de la collection Grands détectives chez 10-18.
     

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