• Dans le Kansas, en 1959, une famille de quatre personnes est abattue froidement par deux petits malfrats. Ceux-ci s’enfuient en laissant peu d’indices derrière eux. Un mois et demi plus tard ils sont cependant arrêtés.


     De sang froid est inspiré d’un fait divers réel. Truman Capote nous présente de façon approfondie et précise toute cette affaire, depuis la journée du meurtre jusqu’au châtiment des assassins. Chaque personnage, même le moins important, est fouillé et détaillé. Le passé de l’un des deux tueurs, Perry Smith, est particulièrement décortiqué. Le résultat est que les protagonistes apparaissent ainsi comme très humains. J’ai sympathisé bien sur avec les malheureuses victimes mais j’ai aussi ressenti de la pitié pour Perry Smith.

     
    Truman Capote fait aussi bien comprendre tout le gâchis de cette affaire. Gâchis du massacre d’une famille bien intégrée dans sa communauté et appréciée de tous. Gâchis de l’existence de Perry Smith, enfant maltraité et délaissé. A plusieurs moments il laisse apercevoir qu’il aurait suffit de peu pour que les choses tournent différemment. Enfin la lecture amène à se poser la question de la réponse à un tel crime. Les coupables peuvent-ils se racheter ou la peine de mort est-elle la seule solution ?


    Toutes ces raisons plus le fait que De sang froid est fort bien écrit en font un très bon roman.

     « C’était un temps idéal pour manger des pommes ; la lumière la plus blanche descendait du ciel le plus pur, et un vent d’est faisait bruire les dernière feuilles des ormes chinois sans les arracher. Les automnes récompensent le Kansas de l’ouest pour les maux que les autres saisons imposent : les grands vents d’hiver du Colorado et les neiges à hauteur de hanche où périssent les moutons ; la neige fondue et les étranges brouillards des prairies au printemps ; et l’été, où même les corbeaux recherchent l’ombre rare et où la multitude fauve des tiges de blé se hérisse, flamboie. Enfin, après septembre, un autre climat arrive, l’été de la Saint-Martin qui dure parfois jusqu’à Noël. »

     

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  • Ashok Banjara, super-star de Bollywood est à l’hôpital, dans le coma, victime d’un accident de tournage. Sur recommandation de son médecin ses proches se relaient à son chevet pour lui parler. En fait chacun vient lui faire part de ses griefs à son encontre. Dans le même temps Ashok voit défiler dans son esprit le film de sa carrière depuis ses débuts hésitants jusqu’à sa tentative échouée de se lancer dans la politique.

     
    Dans ce roman Shashi Tharoor présente le fonctionnement du cinéma de Bollywood et ce qui permet d’y faire carrière. Pas besoin d’être un bon acteur si on a un physique avantageux ou des relations. Ensuite, comme pour Ashok Banjara, les films s’enchaînent au rythme de plusieurs par an, la seule présence de son nom au générique garantissant le succès.


    Mon amie Michèle qui m’a prêté cet ouvrage (ainsi que toute une série de livres sur l’Inde, merci Michèle) me dit que le personnage d’Ashok Banjara est en fait l’acteur Amitabh Bachchan. Il en est au moins inspiré en partie. Leurs initiales sont les mêmes et Ashok Banjara est surnommé « Le jeune homme affamé » (en Anglais « The hungry young man ») alors que Amitabh Bachchan à ses débuts était « Le jeune homme en colère » (« The angry young man »). La traduction en Français, dépourvue de notes, ne permet pas de goûter ce jeu de mots si on n’est pas un peu au courant.


     J’ai trouvé la lecture de Show business souvent amusante et même très drôle quand Shashi Tharoor raconte les films imaginaires tournés par son héros. J’y ai retrouvé la veine de Bollywood. Cependant certains passages m’ont aussi semblé un peu longs.

     

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  • Le festin de roses
    raconte l'histoire de Mehrunnisa alias Nur Jahan, la femme de l'empereur moghol Jahangir et la tante de Mumtaz Mahal pour qui fut construit le Taj Mahal. C'est donc dire que Le festin de roses se passe au même moment et met en scène les mêmes personnages (hormis Augustin Hiriart) que Le songe du Taj Mahal que j'avais lu il y a peu.

    J'ai trouvé fort intéressant ce personnage de Mehrunnisa. Mumtaz Mahal est certes plus connue du fait de son mausolée mais c'est la tante le personnage important à cette époque (début du 17° siècle). Elle fut la 20° épouse de Jahangir (qui avait aussi de nombreuses concubines) mais ils tombèrent amoureux l'un de l'autre et il ne fréquenta plus que rarement ses autres femmes après son mariage avec Mehrunnisa. Elle ne voulut pas se contenter d'un rôle de potiche dans le zenana et elle obtint de gouverner avec son mari, jouant un rôle de plus en plus important jusqu'à détenir la totalité du pouvoir à la fin du règne de l'empereur qui était gravement malade.


    Indu Sundaresan montre comment Mehrunnisa s'est imposée grâce à sa volonté et à son amour pour son mari. Elle a dû pour cela lutter en permanence contre les jalousies et les haines des nombreuses factions de la cour : les femmes précédentes qui redoutent de perdre la faveur de l'empereur, les ministres et favoris contrariés de voir de pouvoir leur échapper et de devoir obéir à une femme.


    J'ai retrouvé tous les personnages historiques dont j'avais déjà fait la connaissance dans Le songe du Taj Mahal et je n'ai pu que constater que Indu Sundaresan était beaucoup plus douée pour raconter les histoires. L'intérêt historique est aussi plus important puisque ce sont les personnages historiques qui forment le coeur du récit. Indu Sundaresan a aussi écrit La 20° épouse qui raconte l'histoire de Mehrunnisa avant son mariage avec Jahangir et que j'envisage de lire prochainement.

     

     

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    Petit déjeuner chez Tiffany raconte l’histoire de l’amitié entre le narrateur, un aspirant écrivain et Holly, une call-girl, sa voisine.

      

    Ce court roman est suivi de trois nouvelles qui racontent aussi des histoires d’amitié. Entre des prostituées dans La maison de fleurs (il y a surtout une histoire d’amour), entre deux forçats dans La guitare de diamants et entre un petit garçon de sept ans et une vieille femme dans Un souvenir de Noël. Dans un contexte de dénuement, toute l’année les deux amis mettent sou à sou de l’argent de côté pour pouvoir acheter les ingrédients nécessaires à la confection de trente cakes de Noël. Ces cakes sont ensuite offerts ou envoyés à des amis proches ou lointains comme le président Roosevelt. Rétrospectivement le Noël de ses sept ans apparaît au narrateur (qui fut le petit garçon) comme représentatif de ceux qui l’ont précédé et un souvenir précieux car il est le dernier qu’il aie pu passer avec son amie.

      

    C’est cette dernière nouvelle que j’ai préférée. L’ensemble est plutôt bien écrit et gentil. Truman Capote décrit bien les gestes dont se nourrit l’amitié, le plaisir d’être ensemble et de façon plus touchante, j’ai trouvé, dans Un souvenir de Noël.

     

     

     

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    Au début du 17° siècle Augustin Hiriart, jeune orfèvre, doit quitter la France pour des raisons abracadabrantes. Après plusieurs années de voyage, notre héros arrive enfin en Inde où il entre au service de l’empereur moghol Jahangir. Jahangir est le père de Shah Jahan qui épousa Mumtaz Mahal pour qui il fit construire le Taj Mahal.

     

     

    Voici un livre bien médiocre. D’abord le Taj Mahal qui avait attiré mon œil sur la couverture n’apparaît (et encore à l’état de projet) qu’à la toute fin du livre. Ensuite et surtout on a là une histoire fort mal racontée. Les rebondissements succèdent aux coups de théâtre, souvent peu crédibles. Des innocents sont jetés en prison. Des amoureux sont séparés pendant des années. De perfides individus trempent dans des intrigues de palais. La peste frappe la ville où résident nos personnages. Et pourtant, malgré toutes ces péripéties, le récit n’a pas éveillé en moi les sentiments intenses qu’il aurait du : ça n’est pas palpitant, je ne me suis pas attachée aux personnages. Le héros lui-même apparaît comme sans épaisseur, plus souvent agi qu’agissant. Alors que reste-t-il et pourquoi ai-je lu le livre jusqu’au bout ? Le contexte historique car l’ouvrage est documenté (mais les informations sont dispensées de façon un peu didactique).

     

     

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    Revoici Flavia di Stefano et Jonathan Argyll à la poursuite des voleurs d’œuvres d’art. Mais Bottando ayant été appelé à de plus hautes responsabilités c’est Flavia qui doit maintenant assumer la direction du service de police spécialisé dans ce domaine.

     

     

     

    Une petite icône, apparemment sans valeur, a été dérobée au monastère San Giovanni de Rome. Autour du tableau évoluent un certain nombre de personnages plus ou moins impliqués dans le vol. Un restaurateur d’œuvres d’art aux méthodes controversées, un richissime collectionneur grec et son fils chef de gang, une habile voleuse à la retraite et même le supérieur du couvent désireux de renflouer ses caisses.

      

    L’intrigue et l’enquête sont plutôt bien ficelées mais je n’ai pas trop apprécié la morale de l’auteur. Ainsi la voleuse qui a passé sa carrière à écumer les collections publiques et privées d’Italie présente son action comme une simple redistribution. Ceux qu’elle a volés pouvaient se passer de leur bien. Certes mais voler aux riches pour revendre aux riches ça n’est pas pour moi de la redistribution. J’ai été aussi choquée par la façon dont l’homme d’affaires grec règle à la fin les problèmes posés par son fils. Il me semble, contrairement à l’auteur, que c’est une étrange façon d’assumer ses responsabilités.

     

     

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    A la fin du 19° siècle Yervant Arslanian, le grand-père de l’auteur, a quitté l’Arménie à l’âge de treize ans pour aller étudier et s’établir en Italie. Il est devenu médecin, a épousé une Italienne. Il garde le contact avec son frère Sempad, pharmacien dans leur ville natale et rêve parfois qu’il fait construire une maison au pays. Mais en 1915 les autorités turques organisent le massacre des Arméniens. Sempad et les hommes de la famille sont assassinés, sa femme, ses sœurs et ses filles sont déportées.

     

     

     

    A partir du témoignage des survivants, à partir de ce que lui ont « dit » les morts, Antonia Arslan a rédigé l’histoire de sa famille persécutée en Arménie, l’histoire de ceux qui se sacrifièrent pour les autres, l’histoire de ceux qui les aidèrent, l’histoire du sauvetage de ceux qui en réchappèrent. Le récit est à la fois documentaire (il explique clairement l’organisation du génocide) mais aussi merveilleux. Les protagonistes reçoivent en effet des signes sous forme de rêves qui les avertissent des temps sombres à venir ou de visions qui les préviennent. Des anges pleurent sur le destin du peuple arménien. L’auteur raconte les atrocités dont sa famille a été victime mais sans s’y complaire. Elle insiste plus sur la solidarité, le courage, l’espoir. Malgré le sujet elle arrive ainsi à garder une forme de légèreté à ce récit émouvant.

     

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