• L'interprète des maladies c'est Mr. Kapasi, interprète pour un médecin dont un grand nombre de patients sont Gujaratis et qui ne parle pas cette langue. Le week-end Mr. Kapasi, qui parle aussi l'Anglais, est guide pour des touristes étrangers. Il emmène ainsi la famille Das, des Indiens expatriés, et Mrs. Das lui fait des confidences sur son mariage malheureux, pensant qu'il a l'habitude d'entendre les maux des autres.

    A l'image de la famille Das, les personnages de ce recueil de nouvelles sont le plus souvent des Indiens (des Bengalis) expatriés en Angleterre ou aux Etats-Unis. Je suis très partagées en ce qui concerne la nouvelle comme genre littéraire. A la fois son format court m'attire mais en même temps je le trouve souvent aussi frustrant. Là, j'ai apprécié la plupart des histoires.

    Le troisième et dernier continent est une de celles que j'ai préférées. A la fin le narrateur se souvient de ses premiers pas aux Etats-Unis où il arriva le jour où les hommes ont marché sur la lune et où il prit pension chez une très vieille dame. Il se souvient des premiers temps de son mariage, quand sa femme et lui étaient encore des étrangers l'un pour l'autre et du moment où ils commencèrent à se rapprocher.
    "Alors que les astronautes, héros à jamais, n'ont passé que quelques heures sur la Lune, cela fera bientôt trente ans que je vis dans ce Nouveau Monde. Je sais que cela n'a rien d'extraordinaire ; bien d'autres avant moi, et après, sont allés chercher fortune loin de chez eux. Et pourtant il y a des moments où je suis frappé d'étonnement en pensant à tous les miles que j'ai parcourus, tous les repas que j'ai mangés, tous les gens que j'ai connus, toutes les pièces où j'ai dormi. Si ordinaire que tout cela paraisse, il y a des moments où cela dépasse mon imagination".

    Il y a une nostalgie de moments que le temps a adoucis en gommant les anxiétés dues à l'incertitude du lendemain et en ne laissant que les souvenirs les plus doux. Et en même temps que j'écris cela je repense avec plaisir à des repas que j'ai mangés, à des gens que j'ai connus, à des pièces où j'ai dormi.
     

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  • A La Nuit de Jérusalem, taverne du quartier de Southwark à Londres, en cette année 1380, les morts violentes se succèdent. Il semble que tout cela ait un lien avec le vol d'un trésor 20 ans plus tôt. Frère Athelstan, le secrétaire du coroner de Londres sir John Cranston, mène l'enquête.

    J'ai été prise d'une soudaine envie de lire un livre dont l'action se déroule au Moyen-âge. J'avais laissé de côté ce dernier épisode d'une série qui ne me convainc qu'à moitié et j'ai rattrapé mon retard. Mon opinion n'a pas changé. C'est facile à lire mais pas vraiment palpitant. Voilà toujours mon envie de Moyen-âge étanchée pour le moment.
     

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  • A l'âge de 17 ans Vikram Seth quitta son Inde natale pour aller poursuivre ses études en Grande-Bretagne. Il fut accueilli à Londres par son grand-oncle Shanti (le frère de son grand-père maternel) et la femme de celui-ci, Henny, une Juive allemande. Ils n'avaient pas d'enfant et s'attachèrent à lui comme à un fils. Des années plus tard, à la mort de Henny, Shanti traversa une période de dépression. Sur la suggestion de sa mère qui pensait que cela pourrait distraire l'oncle, Vikram Seth commença à l'interroger sur sa vie dans l'optique d'en faire un livre. La découverte au grenier d'une caisse de la correspondance de sa tante permit d'ajouter l'histoire de Henny à cette biographie.

    Shanti Seth fit ses études de dentiste à Berlin dans les années 30. Il était logé en pension chez les Caro, la famille de Henny. Il se lia à leur cercle d'amis. En 1936 il doit quitter l'Allemagne, ne pouvant y exercer en tant qu'étranger. Il s'installe alors en Grande-Bretagne. Quand la guerre éclate il s'engage dans l'armée britannique. Il perd son bras droit en 1944 à la bataille de Monte-Cassino.

    Pendant ce temps, ayant perdu son emploi parce qu'elle est Juive, Henny a eu la chance de pouvoir quitter l'Allemagne pour la Grande-Bretagne en 1939. Elle entretient une relation épistolaire avec Shanti, ils se revoient après la guerre et se marient finalement en 1951. Beaucoup d'éléments de son histoire manqueraient si Vikram Seth n'avait pas retrouvé toute une partie de la correspondance qu'elle eut après la guerre avec des amis restés en Allemagne (des chrétiens ou des membres de couples mixtes, les Juifs sont partis ou morts). Elle cherche à savoir ce que sont devenues sa mère et sa soeur. Puis, quand elle apprend qu'elles ont été victimes du génocide, elle veut savoir qui parmi leurs amis est resté proche d'elles, qui les a aidées, qui s'en est détourné. A travers ses courriers et leurs réponses j'ai découvert aussi les dures conditions de vie en Allemagne, et plus particulièrement à Berlin, jusqu'au début des années 50.

    De l'histoire des deux personnages c'est celle de Henny qui m'a le plus intéressée quoique Vikram Seth ait un don pour accrocher le lecteur. Au moment où Shanti soutient son doctorat il y a un développement sur la dentisterie positivement passionnant. Je n'aurais pas cru ça possible.
    Un autre grand intérêt de ce livre c'est qu'en présentant son oncle et sa tante l'auteur se dévoile aussi. Moi qui avais beaucoup aimé Un garçon convenable j'ai appris que les membres de la famille Seth avaient servi de modèles aux personnages du roman. Ainsi Mrs Rupa Mehra est inspirée par la grand-mère de l'auteur, veuve prématurément d'un employé des chemin de fer. Quant au père de Vikram Seth c'était un cadre de Bata-Inde, mâchant du pan et portant des chaussures voyantes...

    Vikram Seth lui-même m'épate. Il écrit très bien (cela je le savais déjà) et manie divers genres (roman, poésie, récit de voyage, livret d'opéra), il parle quatre langues (Hindi, Anglais, Allemand, Chinois) et en plus il apparaît comme fort sympathique. Je suis conquise. Ma PAL vient de s'augmenter d'un autre de ses romans et cela tombe très bien.

    En vrac, je cite pour terminer deux passages, un amusant et l'autre émouvant.

    L'auteur étudie à Stanford. "Peu après avoir commencé le cycle de cours obligatoires en macro- et micro-économie, je découvris que je ne pourrais pas me maintenir à niveau sans gaspiller un temps considérable à étudier."

    L'auteur évoque la mort de son oncle et de sa tante. "Je me rendis compte qu'à un certain point de notre existence, quand elle est longue, notre entourage se réduit à la petite troupe de ceux que nous avons connus. J'entretiens une sorte de conversation avec quelque-uns de mes amis décédés, mais souvent, je n'obtiens aucune réponse, et je suis envahi de chagrin. Je persiste, cependant, afin qu'ils ne soient pas oubliés, et surtout pour ne pas me retrouver complètement privé d'eux."


     

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  • Me revoilà, près d'un mois plus tard...
    Septembre a été pour moi l'époque de la reprise du travail et mon rythme de lecture s'en est ressenti, d'autant plus que j'avais choisi un ouvrage qui ne se lit pas tout seul. J'ai apprécié cette aventure du Chinois Shan au Tibet mais sans doute pas autant que si j'avais été plus disponible. La lecture décousue a fait que j'avais parfois du mal à reprendre le fil du récit.

    Voici maintenant de quoi il s'agit : notre héros est chargé de rapporter dans la vallée de Yapchi l'oeil de pierre d'une divinité qui avait été volé par des troupes chinoises au début du 20° siècle, durant le règne du 13° dalaï-lama (celui que rencontre Sherlock Holmes dans Le mandala de Sherlock Holmes). Dans la-dite vallée un consortium américain prospecte à la recherche de pétrole. Ils sont proches du but et le mode de vie traditionnel des paysans du coin va s'en trouver détruit. Au milieu de tout cela le pauvre Shan est un peu dépassé, porté par les circonstances (ou les dieux ?) plutôt qu'agissant.

    Dans cet épisode comme dans les deux précédents Eliot Pattison montre bien avec quelle brutalité la Chine opère au Tibet. Il y a d'abord les violences officielles : les monastères détruits, les moines dont on a coupé les pouces au sécateur pour les empêcher de dire leur rosaire, les enfants enlevés à leurs parents pour être élevés dans la doctrine communiste... Il y a aussi les violences liées à l'isolement : loin de Pékin le Tibet est considéré par nombre de Chinois qui y officient comme une nouvelle frontière où qui sait jouer des coudes peut s'enrichir ou monter en grade rapidement.
     

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