• Priscilla Hart, une jeune Américaine de 24 ans, bénévole dans une ONG en Inde, a été tuée de 16 coups de couteau la veille de son retour dans son pays. Ses parents font le voyage vers Zalilgarh pour essayer de comprendre ce qu'il s'est passé et ce que fut la vie de leur fille là-bas.

    Shashi Tharoor situe son roman en 1989 au moment des violences inter-religieuses provoquées par des fondamentalistes hindous qui réclamaient la destruction d'une mosquée d'Ayodhya, la Babri Masjid, prétendant qu'elle avait été construite sur le lieu de naissance du dieu Ram. Priscilla Hart apparaît comme une victime collatérale d'une des nombreuses émeutes qui ont éclaté dans le nord de l'Inde à cette époque. (La Babri Masjid a finalement été détruite en 1992 par une foule fanatisée, ce qui a entraîné des émeutes qui ont fait des milliers de morts).

    La narration se présente sous forme d'extraits d'entretiens, de lettres, de journaux intimes.
    L'auteur mène deux récits de front : l'histoire de Priscilla pendant son séjour en Inde, son travail pour une ONG qui tente de promouvoir le contrôle des naissances et surtout sa liaison clandestine avec un fonctionnaire local.

    En parallèle il y a la découverte par les parents de Priscilla des réalités de l'Inde contemporaine. Divers protagonistes viennent leur expliquer le contexte de la mort de leur fille : les affrontements inter-religieux depuis les massacres de la Partition, les moments où la tolérance a semblé l'emporter, ceux où la haine domine.

    J'ai trouvé que ces récits avaient un caractère un peu artificiel. Il s'agit manifestement de faire un cours au lecteur supposé ignorant de tous ces faits. J'aime bien m'instruire en lisant un roman mais j'apprécie aussi que cela soit fait habilement. Ou alors autant lire un ouvrage documentaire. Ici la lecture m'a semblé parfois fastidieuse et j'ai sauté des lignes. Peut-être que ce serait plus intéressant pour quelqu'un qui découvrirait ces aspects de l'histoire de l'Inde avec ce roman ?

    Je me demande qui est la femme en photo sur la couverture. Madhuri Dixit ? Est-ce que quelqu'un pourrait confirmer ou infirmer ?

     

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  • L'histoire se déroule à Pont-Aven en 1886. Clémence de Rosmadec, jeune fille de bonne famille, vient passer l'été chez sa grand-mère, dans la maison familiale de la Josselière. Clémence est peintre et compte bien profiter de son séjour pour perfectionner son art -peut-être au contact de M. Gauguin, encore peu connu mais dont elle admire le travail.

    Mais voilà que dès les premier jours Clémence découvre le cadavre d'une jeune femme, modèle peu farouche qui posait nue -et plus si affinités- pour les peintres des environs. C'est Gildas, ami d'enfance de Clémence, qui est désigné comme le parfait suspect pour ce crime. Mais notre héroïne ne croit pas à la culpabilité du jeune marin et va tout mettre en oeuvre pour l'innocenter.

    Avec ce roman Yves Josso a manifestement voulu instruire le lecteur sur les peintres de Pont-Aven, la querelle des académiques et des impressionnistes; les us et moeurs de la Bretagne et même la musique classique puisque la mère de Clémence se trouve être une concertiste internationale. Tout ceci fait un peu beaucoup d'autant plus que les personnages ont trop souvent tendance à s'écouter parler et à réciter leur leçon : le style est parfois lourdement didactique, les informations, sans doute intéressantes, arrivent de façon peu naturelle. Cette maladresse n'est guère rattrapée par l'intrigue criminelle mollasse. Cela se laisse lire finalement mais il est peu probable que je lise le deuxième épisode de cette série que l'on m'a prêté avec le premier.
     

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  • En 1942 Hélène Berr avait 21 ans, elle était issue d'une famille de la bourgeoisie intellectuelle parisienne, elle était étudiante en Anglais à la Sorbonne et elle était Juive. En avril 1942 elle commence son journal et le tient jusqu'en novembre. En août 1943, après une interruption de neuf mois, elle reprend la plume jusqu'au 8 mars 1944, date à laquelle elle est arrêtée avec son père et sa mère. Déportée à Auschwitz, transférée à Bergen-Belsen par une "marche de la mort", elle y meurt en avril 1945.

    Le journal montre bien comment l'étau qui se referme petit à petit sur Hélène et sa famille affecte son caractère. En 1942 il y a encore de l'insouciance, du plaisir à se promener dans les rues de Paris. Hélène rencontre un jeune homme, Jean Morawiecki, et en tombe amoureuse. A partir du lundi 8 juin il lui faut porter l'étoile jaune (elle dit l'insigne) et elle s'interroge sur le comportement à avoir :

    "A ce moment-là, j'étais décidée à ne pas le porter. Je considérais cela comme une infamie et une preuve d'obéissance aux lois allemandes.
    Ce soir, tout a changé à nouveau : je trouve que c'est une lâcheté de ne pas le faire, vis-à-vis de ceux qui le feront.
    Seulement, si je le porte, je veux toujours être très élégante et très digne, pour que les gens voient ce que c'est. Je veux faire la chose la plus courageuse. Ce soir, je crois que c'est de le porter."

    Dans la rue on la regarde parfois de travers mais il y a aussi des manifestations de sympathie. Elle dit que c'est difficile puis donne l'impression de surmonter cette épreuve et n'en parle plus. Des fois elle porte l'étoile, des fois elle ne la porte pas. Le 26 novembre 1942, Jean quitte Paris pour gagner la France libre, Hélène arrête d'écrire.

    Quand elle se remet à son journal en 1943 l'ambiance a complètement changé. Autour d'elle des amis, des connaissances, de plus en plus nombreux, sont déportés. Hélène s'occupe, à l'UGIF, d'enfants dont les parents ont été arrêtés. Il n'y a plus d'insouciance. Elle traverse des moments d'abattement, elle a le sentiment que les autres (les non-Juifs) ne peuvent pas comprendre ce qu'elle ressent. Encore une fois, elle veut être courageuse.

    La famille évoque la possibilité de quitter Paris, de se cacher, mais redoute la séparation tout en sachant que la déportation entraînerait une séparation. Il y a aussi une répugnance à quitter des lieux familiers, le refus de laisser penser que l'on a fuit. Ils se résolvent cependant à ne plus coucher chez eux. Ils sont arrêtés au matin de la première nuit où ils ont rompu avec cette décision.

    C'est une lecture très émouvante qui, comme tous les récits individuels que j'ai lus sur le sujet, permet de mieux mettre le doigt sur la richesse des intelligences humaines et sur le gâchis effroyable qu'a été ce génocide. Je suis touchée aussi par le portrait en couverture. Elle avait un visage doux aux joues encore rondes de l'enfance et cette photo la fait paraître encore plus proche malgré toutes les années qui se sont écoulées depuis
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