• traversee

    Dans Au pays, un groupe de paysans décidait, pour diverses raisons, de quitter la Suède pour les Etats-Unis. La traversée raconte leur long voyage à bord de la Charlotta. Tous n'arriveront pas au but. La maladie frappe les passagers aux conditions de vie précaires. Les morts sont jetés à la mer avec trois pelletées de terre de Suède dont le capitaine, homme prévoyant, à emporté un boisseau à bord.

     

    Désoeuvrés pendant des semaines, ce qui ne leur était jamais arrivé à la ferme, les émigrants ont tout le temps de reconsidérer leur choix et d'envisager tout ce qu'il implique. C'est en croisant un navire suédois en sens inverse qu'ils prennent conscience qu'eux-mêmes ne verront plus jamais le "pays". Chacun transporte avec lui ses rêves. Karl-Oskar espère atteindre ces grandes plaines où le blé pousse dru sur des champs qui s'étendent à perte de vue. Danjel, le nouveau prophète, est convaincu que l'esprit saint descendra sur lui et ses disciples et qu'ils comprendront la langue de leur nouveau pays aussitôt qu'ils y auront posé le pied.

     

    Vilhelm Moberg traite avec beaucoup d'affection ses personnages, gens simples dont la psychologie est finement étudiée. C'est avec impatience qu'ils accostent enfin à Manhattan et moi aussi je suis impatiente de découvrir quel sera leur contact avec la réalité américaine. Je repose le tome 2 pour ouvrir le 3.

     

    2 commentaires
  • emigrants.jpg

    La saga des émigrants est l'histoire, en 5 tomes, de paysans suédois qui, au milieu du 19° siècle, quittent leur pays pour les Etats-Unis. Dans la deuxième moitié du 19° siècle, un million de Suédois, soit 25% de la population du pays, ont ainsi émigré vers les Etats-Unis. Vilhelm Moberg (1898-1973) nous raconte l'histoire d'un petit groupe d'entre eux. La saga des émigrants a été élu (par qui ?) meilleur roman suédois du 20° siècle, nous dit le traducteur en préface.

     

    Dans Au pays nous faisons la connaissance des candidats à l'émigration. Qui sont-ils et qu'est-ce qui les pousse à se lancer dans cette grande aventure ?  Il y a Karl-Oskar et sa femme Kristina. Ces jeunes gens de 27 et 25 ans sont déjà parents de quatre enfants. Leur petite ferme au sol rocailleux doit aussi faire vivre les parents de Karl-Oskar. Celui-ci est travailleur mais plusieurs mauvaises années se succèdent, il doit emprunter, ses enfants ont faim. Robert, le jeune frère de Karl-Oskar, est placé comme valet chez un fermier des environs qui le traite durement et le bat quand le travail n'avance pas assez vite. Robert a par ailleurs le goût de la liberté et ne supporte pas d'obéir à son maître.

     

    Danjel est un nouveau prophète qui souhaite revenir à la simplicité des premiers chrétiens. Qu'il accueille chez lui vagabonds et prostituée est déjà scandaleux mais quand il se met à célébrer la cène en famille et à distribuer la communion, cela ne passe plus. Le pasteur porte plainte, Danjel est menacé de prison. Je découvre une société où l'emprise de l'Eglise est encore très pesante. Le pasteur tient l'état civil, cathéchise à domicile les salariés agricoles et filles de ferme, fait chaque année l'appel de ses paroissiens pour vérifier qu'aucun d'entre eux n'a quitté la commune sans prévenir.

     

    Je trouve cette histoire passionnante. Le récit avance doucement, au rythme de la vie à la campagne, on a le temps de faire connaissance avec les personnages et de s'y attacher. Leurs malheurs sont émouvants -j'ai versé une larme à l'occasion. Je me sens proche d'eux mais en même temps il y a une petite distance qui laisse place à un peu d'humour. J'ai cherché récemment en vain une histoire de la Suède. Ce roman me renseigne déjà un peu sur le sujet. J'attaque aussitôt le tome 2.

     

    4 commentaires
  • mari

    Anne Silvester est une courageuse jeune femme séduite et abandonnée par le fils d'un lord qui voit plus d'intérêt à épouser une riche veuve. Ce point de départ n'est qu'un prétexte pour W. Wilkie Collins (1824-1889) pour critiquer avec une ironie violente ce qui l'horripile dans la société britannique de son époque : le goût pour le sport et l'absence de droits des femmes mariées.

     

    Le goût pour le sport : les Britanniques sont accusés d'admirer plus l'effort et les résultats sportifs qu'intellectuels :

    "Cet Anglais dégénéré assimilait les livres et ne pouvait assimiler la bière. Il avait le don des langues et pas celui de l'aviron. Il s'adonnait à ce vice exotique qu'est la pratique d'un instrument de musique et n'avait jamais pu acquérir cette vertu anglaise de reconnaître un bon cheval au premier coup d'oeil. (...) Il est possible et même certain qu'il se trouve de tels individus parmi les races inférieures du Continent. Remercions le ciel, mes bons amis, que l'Angleterre ne fut et ne sera jamais un endroit pour eux !"

    Or, nous dit Wilkie Collins, non seulement la pratique excessive du sport est dangereuse pour la santé mais elle fait des individus violents, plus facilement enclins à commettre un crime. Ce thème du rejet du sport est celui qui occupe le plus de place dans le roman à un point que parfois je trouve ça un peu long et pourtant je ne suis pas moi-même une adepte du sport.

     

    L'absence de droits des femmes mariées :

    "Il était des outrages que son mari avait le droit de lui infliger au nom même du mariage, et dont la seule idée lui glaçait les sangs. Sir Patrick était-il en mesure de l'en protéger ? Absurdité ! Le droit et la société dotaient son mari de ses prérogatives conjugales. Le droit et la société n'avaient qu'une réponse à lui donner, si d'aventure elle demandait leur soutien : vous êtes sa femme."

    On est là dans une critique très originale pour l'époque, il me semble, et que je trouve très forte. En introduction du roman il y a une rapide biographie de Collins qui permet d'expliquer sa position. En 1855 il fait la connaissance d'une jeune femme séquestrée avec son bébé par un mari à demi fou. Il la délivre et devient son amant. Ceci dit, si dans Mari et femme les méchants sont punis d'une façon ou d'une autre, je suis assez réservée quant à la  voie qu'emprunte la victoire d'Anne Silvester. Elle aurait pu faire une fin plus réjouissante. Au total c'est un roman intéressant pour ses points de vue inhabituels.

     

    votre commentaire



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires