• chroniques_de_jerusalem.jpg

     

    En août 2008, Guy Delisle et sa compagne Nadège arrivent à Jérusalem où Nadège va travailler pour Médecins Sans Frontières. Ils sont accompagnés de leurs deux jeunes enfants. La famille va résider un an sur place dans le village arabe de Beit Hanina à Jérusalem-est. Pendant que Nadège travaille, Guy s'occupe des enfants et retrouve les joies et les difficultés de la mère au foyer, travaille occasionnellement à dessiner ou à animer des stages pour des étudiants en arts plastiques et visite les alentours.

     

    Guy Delisle c'est Candide à Jérusalem. L'auteur porte un regard à la fois naïf et plein d'humour sur les absurdités de la vie à Jérusalem. Ainsi le système des transports : "Il y a les autobus israëliens qui desservent toute la ville sauf les quartiers arabes et les minibus arabes qui desservent les quartiers arabes". Pas simple quand on habite un quartier arabe et qu'on veut se rendre dans la vieille ville de Jérusalem.

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    J'avais déjà apprécié les chroniques de Guy Delisle auparavant et je retrouve ici tout ce qui avait fait mon plaisir : information claire sur la situation locale et autodérision.

    L'avis de Keisha, celui d'Antigone.

     

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  • Arabian-thrillerA

    Un prince saoudien assassiné dans sa résidence de Ryad. Une équipe de barbouzes iraniens massacrée en plein Paris. Une artiste algérienne menacée pour ses oeuvres jugées blasphématoires contre l'islam. Un même personnage relie toutes ces affaires : Michaël de Maistre, alias Renaud le Diable, mercenaire au service d'une compagnie militaire privée, la Central Warriors. Electron libre il projette de se servir des moyens que son employeur met à sa disposition pour assouvir une vengeance personnelle en renversant la dynastie des Saoud.

     

    Quand le président de la république française demande à Serge Sarfaty (le héros du Testament syriaque) d'aller prêter secours à la police saoudienne dans l'enquête sur la mort du prince, il n'est pas du tout enchanté car il exècre ce régime totalitaire. Bientôt les circonstances ne lui laissent plus vraiment le choix.

     

    La lecture d'Arabian thriller m'a un peu déçue. Pourquoi ?

    - Après avoir lu deux excellents ouvrages de Barouk Salamé mes attentes étaient grandes.

    - L'intrigue est lente à démarrer. Il y a de longs passages où les personnages attendent et moi aussi. Puis à la fin l'action se précipite et pour le coup ça se termine de façon un peu abrupte.

     

    Ca reste quand même très lisible avec plein de choses intéressantes. Lesquelles ?

    - Des informations pointues sur l'histoire de l'Arabie et de la Mecque, les origines de la Kaaba, l'arrivée au pouvoir de la dynastie des Saoud.

    - L'occasion de réfléchir aux façons d'agir des services secrets et des armées privées, au rôle des grandes puissances dans la situation du proche-orient.

     

    L'avis de Jean-Marc.

     

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  • le-testament-syriaque-cover

    A Tombouctou le journaliste Paul Mesure a mis la main sur un très vieux livre écrit en syriaque datant apparemment des origines de l'islam. De retour à Paris Paul prend des contacts dans l'espoir de négocier son codex à bon prix. Mais voilà que des personnes qui le côtoient sont assassinées sauvagement. Que cache donc ce manuscrit ? L'enquête de police est confiée à Serge Sarfaty (dont l'enfance est racontée dans Une guerre de génies, de héros et de lâches), le "commissaire-philosophe", historien des religions spécialisé dans l'islam.

     

    Ah que voilà un excellent ouvrage ! J'ai tout apprécié dans Le testament syriaque : une enquête policière complexe avec du suspens et des coups de théâtre où interviennent les services secrets américains, pakistanais et français et des activistes islamiques; des personnages fouillés qui ont une vraie épaisseur, même les personnages secondaires; et enfin des explications sur les origines de l'islam. Barouk Salamé présente la théorie selon laquelle la religion de Mahomet aurait été au départ une secte chrétienne. Le roman est suivi d'une postface dans laquelle l'auteur revient sur cette thèse en citant les sources nombreuses qui la valident. Une lecture que je conseille. Quant à moi je me mets aussitôt à l'aventure suivante de Serge Sarfaty.

     

    L'avis de Jean-Marc.

     

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  • candy

     

    L'histoire se déroule à Lahore, des dernières années de la seconde guerre mondiale à l'indépendance (1947). La narratrice, Lenny, est une petite fille parsie. Les parsis sont des zoroastriens, adorateurs du feu, originaires d'Iran et qui ont émigré en Inde au début du Moyen-âge, au moment de l'islamisation de leur pays d'origine. Lenny est toute jeune. Elle a huit ans au moment de l'indépendance. Bapsi Sidhwa est née en 1938 et ce roman est (au moins en partie) autobiographique.

     

    Atteinte de la poliomyélite quand elle était bébé, Lenny est restée légèrement handicapée et de santé fragile aussi ne va-t-elle pas à l'école. Le résultat est une grande liberté. Elle est confiée à la garde de son ayah (sa nounou) avec qui elle passe ses journées, entre les quartiers des domestiques et le jardin de la Reine. Ayah est une belle jeune femme de 18 ans aux nombreux prétendants dont Masseur et Mister Candy, le vendeur de glaces. Lenny est le témoin de leurs stratégies de séduction.

     

    Lenny grandit dans une société mélangée. Les amis d'Ayah sont musulmans, hindous ou sikhs. A la maison ses parents reçoivent des anglo-indiens et des couples mixtes. Petit à petit, alors que l'indépendance approche, tout cela va voler en éclats. L'annonce de la Partition, les tractations pour fixer le tracé de la frontière entre Inde et Pakistan entraînent tensions et désaccords entre les amis d'hier :

    "C'est soudain. Un jour, tout le monde est soi-même -et le lendemain, ils sont hindous, musulmans, sikhs, chrétiens".

    La violence n'est pas loin. La situation va servir aussi à certains à régler des conflits personnels. C'est là que se noue le drame du livre.

     

    J'ai beaucoup aimé ce roman. Les événements sont vus à travers le regard d'une enfant qui ne comprend pas tout ce qui se passe et qui imagine des explications erronées, ce qui est amusant. Mais la petite Lenny peut aussi être très clairvoyante. Ces événements extraordinaires se croisent avec ce qui fait la base de la vie de Lenny : les soins médicaux, les visites à la famille proche : Cousin, Marraine... Bapsi Sidhwa s'est très bien mise (ou remise) dans la peau de sa jeune narratrice.

     

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    Mister Candy a été adapté au cinéma sous le titre Earth, 1947, un film de Deepa Mehta avec Aamir Khan dans le rôle de mister Candy. La réalisatrice se concentre sur les violences inter-religieuses de la Partition. Le résultat est poignant. Le film montre bien les statuts des différentes communautés, l'opposition entre musulmans et hindous tandis que chrétiens et parsis sont relativement préservés.

     

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  • guerre

     

    "La révolution est semée par des génies, arrosée par le sang des héros et moissonnée par des lâches"

     

    Une guerre de génies, de héros et de lâches raconte l'histoire de la guerre dans la guerre d'Algérie, la lutte entre le FLN et le MNA de Messali Hadj, à travers le regard d'un enfant, Serjoun Ben Bajou, Juif algérien et petit surdoué. Le MNA (Mouvement Nationaliste Algérien) est le premier parti indépendantiste algérien. Le FLN (Front de Libération Nationale) est apparu plus tard, issu du MNA. La guerre d'Algérie s'est doublée d'une guerre civile. Le MNA a été éradiqué, le FLN est resté seul au pouvoir.

     

    Né en 1950, le narrateur est encore tout jeune lorsque, en 1957, sa grand-mère qui l'élève doit quitter Alger avec lui et se réfugier à Djelfa, une bourgade du sud. La grand-mère est messaliste et sa sécurité est menacée alors que le FLN étend son influence. Les parents de Serjoun, par contre, sont des cadres du FLN.

    A Djelfa Serjoun découvre les violences de la guerre.

     

    L'autre épisode important du récit se déroule à Oran, en juin 1962, dans les jours qui précèdent l'indépendance. Cette ville qui fut un bastion de l'OAS a été lâchée par les autorités françaises. Les militaires ont reçu l'ordre de rester cantonnés dans leurs casernes, des Français sont massacrés, d'autres disparaissent. J'ai vu récemment sur France 3 le documentaire "Algérie 1962, l'été où ma famille a disparu" d'Hélène Cohen, qui traite aussi de ces événements. Il y avait là également une famille de Juifs partisans de l'indépendance. Selon les sources 2000 à 3000 civils européens ont ainsi disparu à cette époque.

     

    Une guerre de génies, de héros et de lâches est pour moi un coup de coeur qui figurera dans mon palmarès de l'année. Barouk Salamé (c'est un pseudonyme, l'auteur préfère rester discret) est un vrai érudit, de ceux qui rendent les questions compliquées faciles à comprendre. J'ai été happée dès la première page par un ouvrage agréable à lire et qui dit les choses. Et tout est limpide. Chacun des protagonistes est renvoyé à ses responsabilités et particulièrement de Gaulle : "En se dégageant avec précipitation de l'Algérie, en écartant des négociations toutes les forces politiques autres que le FLN, en abandonnant les clefs du pays à une armée extérieure, équipée en tanks et mitraillettes lourdes par les Russes et les Chinois, de Gaulle a vraiment joué un sale tour aux Algériens".

     

    Barouk Salamé est aussi l'auteur de deux romans policiers (écrits avant Une guerre...) qui se déroulent à notre époque et dont le héros n'est autre que Serjoun adulte, devenu Serge Sarfaty en France. J'aurais grand plaisir à retrouver ce personnage. Les deux sont déjà dans ma PAL et j'ai prévu de les lire très prochainement.

     

    L'avis de Jean-Marc.

     

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