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    Agata Tuszynska est une écrivaine polonaise née en 1957. Sa vie a été bouleversée par la révélation d'un secret familial : quand elle a eu 19 ans, sa mère lui a annoncé qu'elle était juive, rescapée du ghetto de Varsovie. Agata Tuszynska dit qu'il lui a fallu dix ans avant d'intégrer cette information. Une histoire familiale de la peur est une biographie familiale grâce à laquelle l'auteure fait connaissance avec ses parents victimes de la shoah, dans laquelle elle présente ceux qui ont survécu, qu'elle a connus depuis qu'elle était enfant, sans savoir qu'ils étaient Juifs. Elle raconte aussi sa famille polonaise -du côté de son père. Enfin ce travail permet à Agata Tuszynska de s'affranchir de la peur d'être juive, dans un pays encore très marqué par l'antisémitisme et de répondre à la question de son identité mixte, à la fois juive et polonaise. C'est dire si cet ouvrage complet à de quoi m'intéresser. Et je l'ai trouvé en effet passionnant.

     

    J'ai apprécié comme elle retrouve toutes les petites choses en apparence insignifiantes qui font les moments heureux de l'enfance, le souvenir des proches dont on s'aperçoit parfois trop tard qu'ils ont compté pour nous : "J'ai grandi et j'ai pris mon essor. Je l'ai oubliée pendant des années, je ne lui ai même pas envoyé de cartes, pas un signe de vie, je n'ai pas téléphoné, je ne l'ai pas invitée. Comme si elle n'existait pas. Comme si elle ne m'avait pas sauvée d'un troupeau d'oies, ne m'avait pas montré le cheval dans la prairie, n'avait pas mis le vase de nuit près de mon lit et n'avait pas chauffé mon lait."

    Je trouve que l'écriture sert particulièrement bien ce côté nostalgique.

     

    J'ai apprécié la recherche d'informations sur la famille juive disparue. Dans le village de Leczyca dont une partie de cette famille était originaire Agata Tuszynska fait la connaissance de Miroslaw Pisarkiewicz, remarquable historien local qui l'aide efficacement dans sa recherche mais elle est aussi confrontée à "l'antisémitisme primitif polonais". Je retrouve ici des choses découvertes dans Le crime et le silence d'Anna Bikont. Une histoire familiale de la peur me permet aussi de retrouver plusieurs aspects de l'histoire des Juifs de Pologne depuis la seconde guerre mondiale.

     

     

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    Toulouse, un congrès international de psychiatrie réunit les pontes de la profession notamment Jacques Berger, médecin à succès depuis qu'il a écrit à quatre mains avec son patient Chris Vaugeois, célèbre acteur, un best seller sur les troubles bipolaires. Mais voilà qu'avant même la première conférence Chris Vaugeois est retrouvé assassiné dans les toilettes pour dames, un mouchoir sur le visage, une plaie au côté et une poutre le long du corps.

     

    Peu après le meurtre, Anne Faure, jeune médecin psychiatre, est la destinataire d'un mystérieux cahier, rédigé en 1938 par un certain Jacob Bloch. Bloch y raconte comment, jeune étudiant dans le service du professeur Charcot à la Salpêtrière en 1885, il a sympathisé avec Sigmund Freud, venu à Paris pour assister aux leçons du maître sur l'hystérie. Bloch et Freud sont appelés à l'aide par Charcot pour élucider une série de meurtres. Les victimes ont été l'objet d'une mise en scène : plaie au côté et poutre le long du corps.

     

    Ce roman me laisse une impression mitigée. J'ai apprécié les aller-retour entre la fin du 19° siècle et le début du 21° et j'ai trouvé qu'il y avait un peu de suspens sans que cela soit hyper palpitant. Par contre je ne suis pas convaincue par la chute. Une constatation amusante : de nombreux protagonistes de cette histoire sont des médecins psychiatres et parmi eux un nombre non négligeable de malades. L'auteure, qui est elle-même médecin psychiatre, doit savoir de quoi elle parle, j'imagine.

     

    L'avis de Jean-Marc.

     

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  • Voici un des très rares mangas que j'ai lus. Comprendre le sens de lecture des vignettes me demande un court moment d'adaptation, ensuite c'est bon. Trois tomes sont parus en français.

     

    thermae-romae-mari-yamazaki-L-U4dKOm.jpegTome 1 : Rome, en l'an 128 de notre ère. Lucius Modestus est un architecte en panne d'inspiration. A une époque où on demande de la nouveauté, ses projets qui copient la Rome d'il y a cent ans sont rejetés. Parti aux thermes pour se changer les idées, il est aspiré par la bouche d'évacuation des eaux et se retrouve dans un bain japonais, de nos jours. Lucius croit d'abord qu'il a seulement changé de pièce puis il réalise qu'il se trouve en contact avec une civilisation bien plus avancée que la sienne, aussi incroyable que cela puisse lui paraître. Le voyage est de courte durée et Lucius retourne rapidement à Rome à son époque. Cependant ce qu'il a observé lors de cette aventure va lui permettre de créer enfin des projets novateurs et de relancer sa carrière.

     

     

     

    Chacun des cinq chapitres de cet ouvrage est un nouveau voyage de Lucius vers les bains japonais. A chaque fois il se retrouve au Japon à notre époque mais dans un endroit différent. Il fait ainsi connaissance avec les sources thermales en plein air, avec les baignoires privées plus ou moins sophistiquées... et il en ramène de nouvelles idées qu'il adapte à Rome.

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    J'ai beaucoup apprécié ce manga. Les réactions et les réflexions de Lucius face au monde contemporain et aux coutumes japonaises sont souvent très drôles. L'auteure se moque (gentiment) à la fois de son personnage et de ses compatriotes. L'autre intérêt est l'aspect documentaire. Il y a des informations sur les thermes romains et sur les bains japonais (ça m'a donné l'envie d'un voyage au Japon pour les tester). En plus chaque chapitre est suivi de deux pages de texte "Rome et les bains, mes deux amours" qui donnent quelques précisions supplémentaires sur le sujet.

     

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    Tome 2 : Lucius Modestus continue ses aller-retour entre la Rome antique de l'empereur Hadrien et le Japon contemporain. Après avoir enseigné à des barbares germains les règles de bonne conduite dans les thermes il est mandaté par Hadrien pour créer un établissement innovant qui plaise au peuple et s'inspire pour cela d'une sorte d'aqualand japonais. Hélas le succès de ces nouveaux thermes ne plait guère aux propriétaires de bains traditionnels qui voient leur clientèle diminuer.

     

     

     

     

     

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    Tome 3 : Précipité de nouveau au Japon Lucius Modestus ne se contente plus d'observer mais il échange avec les "visages plats", comme lorsqu'il conseille un jeune architecte qui doit réaliser des bains "à la romaine" avec baignoire en or et statues de déesse à gros nichons. Lucius comprend ce qu'endure son collègue car lui-même a reçu commande d'un affranchi de thermes clinquants. Ce n'est plus uniquement le Japon qui influence Rome. Je trouve que l'auteure fait bien évoluer son personnage et arrive à renouveler ses aventures. Les pages "Rome et les bains, mes deux amours" s'étoffent avec des anecdotes de la vie de l'auteure.

    Le quatrième tome est à paraître. Nul doute que je me le procurerai.

     

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     Piotr Bednarski est un poète polonais né en 1934. En 1939, lors de l'invasion par les Soviétiques de la région où ils habitent, la famille est déportée en Sibérie. Le père est interné au goulag, Piotr reste seul avec sa mère, une femme d'une très grande beauté et que tout le monde surnomme donc Beauté. L'auteur raconte les conditions de survie dans une bourgade de Sibérie où les seuls hommes -c'est la guerre- sont des enfants, des vieux, des invalides et des agents du NKVD (la police politique) qui surveillent tout le monde.

     

    "Comme toujours le malheur, le gel arriva sans prévenir. Il suffit d'une seule nuit pour qu'il ouvrît son portail d'argent et semât soigneusement partout ses graines mortifères. Une oreille sensible pouvait percevoir un chuchotis comme celui du blé qui glisse dans la goulotte d'un moulin. Ceci signifiait que la température était tombée en dessous de moins quarante degrés. La neige se fit bleue et la limite entre terre et ciel s'estompa. Le soleil, dépouillé de sa splendeur et privé de son éclat, végétait désormais dans une misère prolétarienne. Le froid vif buvait toute sa chaude et vivifiante liqueur -désormais seuls le feu de bois, l'amour et trois cent grammes quotidiens d'un pain mêlé de cellulose et d'arêtes de poisson devaient nous défendre contre la mort."

     

    Je trouve que cet extrait dit l'essentiel : la vie dure mais aussi l'importance de l'amour. Ce qui me frappe précisément c'est que, malgré les épreuves, l'amour est toujours présent dans la vie de Piotr. Beauté est une femme très positive qui lui enseigne l'amour de Dieu et des Hommes. Les histoires d'amour sont souvent tragiques car la vie ne tient qu'à un fil mais cet héritage que lui a transmis sa mère est ce qui permet à Piotr de grandir en être humain. Avec la poésie c'est aussi une façon de résister à la violence qui les entoure.

     

    L'avis de Gambadou.

     

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  • Jeanette Winterson, Pourquoi être heureux quand on peut être normal ?, L'olivierNée à Manchester en 1959, Jeanette Winterson a été adoptée toute petite par des parents pentecôtistes. Surtout sa mère était une femme gravement perturbée qui voyait le mal partout et a élevé Jeanette très durement. Le père n'approuvait pas mais laissait faire.

    "A l'époque du monde Winterson, nous avions une série d'aquarelles victoriennes accrochées aux murs. Mrs W. les avait héritées de sa mère et dans un esprit familial, voulait les exhiber. Mais étant farouchement opposée aux "images gravées" (cf. Exode, Lévitique, Deutéronome, etc.), elle a résolu ce problème insoluble en les accrochant face contre mur. N'étaient plus visibles que le papier kraft, le scotch, les punaises en fer, les taches d'humidité et la ficelle. C'était la vie selon Mrs Winterson".

     

    Jeanette grandit dans cette ambiance mortifère. A la bibliothèque municipale elle découvre la littérature britannique "La bibliothèque proposait tous les classiques de la littérature anglaise et un certain nombre de surprises telles que Gertrude Stein. Ne sachant quoi lire ni dans quel ordre, j'ai suivi l'alphabet. Dieu merci, elle s'appelait Austen".

    A la maison Jeanette n'a le droit de lire que des ouvrages religieux. Elle achète des livres à un bouquiniste et les cache sous son matelas. Lorsque sa mère s'en aperçoit elle les jette par la fenêtre puis les brûle dans le jardin. C'est enfin Jeanette elle-même qui est mise à la porte à 16 ans quand sa mère découvre sa liaison avec une camarade de lycée. "Pourquoi être heureux quand on peut être normal ?" lui demande-t-elle alors.

     

    Je ne connaissais pas Jeanette Winterson et j'ai beaucoup apprécié son autobiographie. Elle a écrit avant plusieurs romans et j'envisage d'essayer aussi cette partie de son oeuvre. J'ai trouvé que c'était une personne très courageuse. Malgré son sort difficile elle ne s'apitoie jamais sur elle-même, elle fait face et elle avance toujours. En plus de la découverte d'une femme admirable j'ai apprécié aussi la peinture des conditions de vie de la classe ouvrière britannique dans les années 1960-1970.

     

    L'avis d'Antigone.

     

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