• Johan Theorin, Froid mortel, Albin MichelJan Hauger, un instituteur d'une trentaine d'années, s'est fait embaucher à la maternelle la Clairière de Valla, près de Stockholm. Il s'agit d'une école particulière puisqu'elle est "jumelée" avec l'hôpital psychiatrique voisin de Ste Barbe (surnommé Ste Barge par les gens du coin). Les enfants scolarisés là ont un parent interné à Ste Barbe et les deux établissements sont reliés par un souterrain qui permet des visites encadrées des enfants à leurs parents. Jan semble très intéressé par la possibilité d'entrer dans Ste Barbe. Que cherche-t-il ? Qui circule la nuit entre les deux établissements ? Personnel ou patients ?

     

    Dans ce roman l'auteur nous sort du cadre de l'île d'Öland qui était celui de ses trois précédents. L'inquiétude augmente en même temps que la possibilité d'une rencontre entre un malade dangereux -on sait dès le départ qu'ici est enfermé Ivan Rössel que les médias ont surnommé "le tueur d'enfants"- et un des petits scolarisés à côté. En même temps Johan Theorin fait passer l'idée que le pire n'est pas forcément sûr car chacun peut aussi choisir une autre voie que celle qui apparait comme inévitable. Le suspense est maintenu jusqu'à la fin, une fois commencé, difficile de s'arrêter.

     

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  • Fabrice Nicolino, Bidoche, L'industrie de la viande menace le monde, BabelL'industrie de la viande c'est tout le complexe agroalimentaire qui s'est développé autour de l'élevage industriel -porcs et poulets en batterie, par exemple. Fabrice Nicolino présente toutes les conséquences négatives de cette façon de produire de la viande.

    Conséquences pour les animaux concernés qui ont une vie courte et pénible avant d'être abattus.

    Conséquences écologiques : on détruit la forêt amazonienne pour planter du soja (OGM) qui est la base de l'alimentation de ces bêtes. "La France fait partie des principaux responsables de cette tragédie. Elle est en effet le premier consommateur européen de soja, principalement originaire du Brésil (22% du soja exporté du Brésil arrive en France)".

    Par ailleurs un kilo de boeuf "coûterait" 15 500 litres d'eau à l'humanité. Il s'agit de l'eau qui a servi à faire pousser les végétaux qui ont nourri l'animal ajoutée à celle qu'il boit et à celle qui est nécessaire à son entretien.

    Conséquences pour la santé humaine : dopés aux hormones et aux antibiotiques, veaux, vaches et cochons nous amènent à consommer toute une pharmacie. Des personnes allergiques aux antibiotiques peuvent faire une réaction en mangeant une côte de porc ! Alors, "les antibiotiques, c'est pas automatique" ? Quand on mange de la viande, si, semble-t-il.

    Puis ces élevages où des milliers d'animaux sont concentrés sont l'endroit idéal pour que se développent des épidémies, transmissibles à l'homme, pourquoi pas, comme la grippe aviaire.

     

    En France cette situation s'est mise en place dans les années 1970 grâce au travail main dans la main des pouvoirs publics et des entreprises de l'agroalimentaire. Aujourd'hui des responsables politiques (ministres, députés -des noms sont cités) continuent de couvrir des situations qui m'apparaissent scandaleuses. Il semble qu'il y a des cas où on est tellement embourbé qu'il est difficile de changer de direction. Je pense à la Bretagne, région en partie sinistrée écologiquement mais aussi économiquement par l'élevage intensif. Cet aspect de la complicité (ou de l'aveuglement ?) des politiques est un de ceux qui m'a le plus choquée. Une lecture instructive donc mais qui n'engage guère à l'optimisme.

     

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  • Chloé Cruchaudet, Mauvais genre, DelcourtLouise et Paul se marient juste avant la première guerre mondiale mais sont vite séparés quand le conflit éclate et que Paul est mobilisé. Paul est traumatisé par la violence des combats et la mort de ses camarades. Il déserte et rejoint Louise à Paris. Là, pour pouvoir sortir sans se faire arrêter, il se travestit en femme et vit maintenant sous l'identité de Suzanne. Petit à petit Paul prend goût à sa nouvelle situation intergenre tandis que Louise apprécie beaucoup moins la transformation de son mari.

     

     

     

     

    Chloé Cruchaudet, Mauvais genre, DelcourtVoilà une intéressante bande dessinée qui traite des traumatismes de la guerre et de l'identité de genre. C'est inspiré d'une histoire vraie. Les dessins sont en noir et gris avec à l'occasion une touche de rouge. Les dix planches traitant de la vie de Paul dans les tranchées sont sur fond noir. Un chouette cadeau de Noël que Loupita m'a fait là. J'ai apprécié.

     
    Chloé Cruchaudet, Mauvais genre, Delcourt
     

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  • Andreï Makine, Le testament français, FolioLe narrateur et sa soeur passent leurs vacances chez leur grand-mère, Charlotte, une Française, qui vit dans une petite ville de Sibérie, en bordure de la steppe. Elle leur raconte ses souvenirs de jeunesse, à la fin de 19° siècle et au début du 20°, leur parle des événements de l'époque -la visite du tsar Nicolas II, les inondations de 1910 à Paris- et leur lit des poèmes. Le français est pour le narrateur sa "langue grand-maternelle" et il reporte son amour pour Charlotte sur la langue et le pays d'origine de celle-ci.

    Dans ce roman en partie autobiographique, Makine nous raconte sa relation à la France et à la culture française. Cette France c'est d'abord un pays uniquement fantasmé parce que lui-même n'y met les pieds qu'à l'âge adulte et que sa grand-mère l'a quittée depuis longtemps. A l'adolescence sa double culture lui sert d'abord à se distinguer des autres et à s'en protéger puis elle le gêne et il tente de la rejeter avant d'arriver à l'intégrer et de finalement s'installer en France.

     

    Je relis Le testament français après une première lecture qui remonte à plus de dix ans et qui m'avait fait forte impression. A la relecture ce n'est plus l'éblouissement que j'avais ressenti alors mais je retrouve bien tout ce qui m'avait tant plu : l'écriture superbe, la nostalgie de cette France rêvée, la relation privilégiée du narrateur et de sa grand-mère.

     

    "Neuilly-sur-Seine était composée d'une douzaine de maisons en rondins. De vraies isbas avec des toits recouverts de minces lattes argentées par les intempéries d'hiver, avec des fenêtres dans des cadres en bois joliment ciselés, des haies sur lesquelles séchait le linge. Les jeunes femmes portaient sur une palanche des seaux pleins qui laissaient tomber quelques gouttes sur la poussière de la grand-rue. Les hommes chargeaient de lourds sacs de blé sur une télègue. Un troupeau, dans une lenteur paresseuse, coulait vers l'étable. Nous entendions le son sourd des clochettes, le chant enroué d'un coq. La senteur agréable d'un feu de bois -l'odeur du dîner tout proche- planait dans l'air.
    Car notre grand-mère nous avait bien dit, un jour, en parlant de sa ville natale :
    -Oh ! Neuilly, à l'époque, était un simple village...
    Elle l'avait dit en français, mais nous, nous ne connaissions que les villages russes.
    "

     

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  • Bonne année 2014 !

    Bonne année à toutes et à tous !

    Des lectures, des échanges, de l'amitié et plein de bonheur !

     

    Et voici mes titres préférés en 2013 :

    Caron Aymeric, No steak, Fayard

    Deville Patrick, Kampuchéa, Points

    Gaskell Elizabeth, Les amoureux de Sylvia, Points

    Wassmo Herbjørg, Cent ans, 10-18

     

     

     

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  • Peter May, L'homme de Lewis, BabelAprès avoir divorcé et quitté la police, Fin Macleod revient sur l'île de Lewis où il a grandit. Il plante sa tente près de la maison en ruine de ses parents et entreprend de la retaper. Dans le même temps on découvre le cadavre d'un jeune homme, momifié dans la tourbe. L'autopsie et les analyses ADN montrent que l'assassinat remonte aux années 1950 et que le mort était parent avec Tormod Macdonald, le père de Marsaili, premier (et unique) amour de Fin. Mais le vieil homme souffre d'Alzheimer et ne parait guère en état de répondre aux questions de la police. Fin décide donc de mener l'enquête sur son passé.

     

    J'ai beaucoup apprécié ce très bon roman, encore plus que le premier épisode, je crois. D'abord c'est bien écrit et il y a de belles descriptions de ces îles inhospitalières et battues par les vents du nord de l'Ecosse. Ca donnerait presque envie d'y aller. Ensuite il y a une tentative plutôt réussie, il me semble, de restituer ce qui se passe dans la tête d'une personne âgée qui perd la mémoire puisqu'une partie des chapitres sont écrits du point de vue du vieux Tormod. Celui-ci ne reconnait plus qu'irrégulièrement ses proches mais se souvient avec précision de son enfance. Le résultat est très émouvant. Enfin, l'enquête de Fin sur le passé caché de Tormod fait remonter à la surface une époque pas si lointaine où des orphelins étaient maltraités par l'institution, où des gamins sans famille étaient placés chez de pauvres agriculteurs pour y trimer comme domestiques et sans tendresse.

     

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