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    L'hiver 1784 est particulièrement rude. Paris est sous la neige, la Seine gelée et le peuple souffre de diverses pénuries. Fin février le dégel s'amorce. C'est alors qu'on découvre le cadavre d'une femme enfoui dans une pyramide de glace érigée en l'honneur du roi Louis 16. Or cette femme ressemble à s'y méprendre à la reine.

     

    Nicolas le Floch, commissaire au Châtelet, mène l'enquête. Les diverses ramifications de cette affaire délicate semblent toutes le mener vers le duc de Chartres, cousin du roi complotant contre ce dernier -c'est le futur Philippe Egalité.

     

     

    Je n'ai pas apprécié comme les précédentes cette douzième enquête du commissaire le Floch. J'ai le sentiment que l'auteur se répète et tire à la ligne. Les questions que se pose Nicolas sur sa relation avec Aimée d'Arranet ou les soubresauts de son amitié avec son adjoint Bourdeau, les repas chez M. de Noblecourt, les renvois nombreux à des épisodes précédents de la série, tout cela m'apparaît comme procédés alors que jusqu'à présent cela ne me gênait pas. J'en viens à bout sans trop de souffrance non plus parce qu'avec le temps je me suis attachée aux personnages mais je suis un peu déçue et j'ai envie de dire à Jean-François Parot :"Avançons, avançons !"

     

    Je tombe sur une critique du Papou de L'enquête russe où il dit ressentir la même lassitude. Il a juste été plus prompt à la détente que moi.


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    La chute des géants est le premier épisode d'une trilogie intitulée Le siècle et qui, comme son nom l'indique, couvre toute l'histoire du 20° siècle. Le premier tome va de 1911 à 1924. Il traite principalement de la première guerre mondiale et des révolutions russes. On suit les événements à travers une galerie de personnages de différentes nationalités et de différentes origines sociales ce qui permet à l'auteur d'aborder de façon vivante de nombreux thèmes.

     

     

    En Grande-Bretagne, Billie et Ethel Williams sont les enfants d'un mineur devenu responsable syndical. De leur père ils ont hérité l'envie de se battre contre les injustices sociales. Ethel est aussi engagée dans la lutte pour le droit de vote pour les femmes.

    Le comte Fitzherbert et sa soeur Maud sont les représentants de la haute société. Lui est très attaché aux traditions qui l'ont placé au dessus du petit peuple et mène dans sa propriété un train de vie tout à fait semblable à ce que j'ai vu dans la série Downton Abbey.

     

    En Allemagne, Walter von Ulrich est un jeune diplomate qui tente de préserver la paix.

    En Amérique, Gus Dewar travaille auprès du président Wilson. Lui aussi est un partisan de la paix. En 1916 il tente de négocier un cessez-le-feu mais la guerre a coûté tellement cher que les adversaires ne peuvent plus envisager de ne pas la mener jusqu'à la victoire.

     

    En Russie, les frères Grigori et Lev Pechkov ont vu tout jeunes leur père pendu par le seigneur local pour avoir fait pâturer ses bêtes sur un terrain en friche. Pour améliorer son sort dans un régime corrompu où les puissants ont tous les droits que choisir, l'émigration ou la révolution ?

     

    Il n'y a pas de héros français alors qu'une partie du roman est consacrée aux combats sur le front français. On se bat donc entre Britanniques et Allemands, dans la Somme. La bataille de Verdun, les mutineries de 1917 sont évoquées en arrière plan.

     

     

    Encore un pavé de 1000 pages mais qui se lit facilement grâce aux personnages qui sont généralement sympathiques, à leurs aventures croisées et à leurs histoires d'amour. J'apprends des choses sur l'entrée en guerre des Etats-Unis, sur les tentatives de négocier la paix avant 1918, sur les révolutions russes. J'apprécie mais je ne retrouve pas cependant le souffle qui habitait Les piliers de la terre. Je dirai que c'est gentil. Je lirai certainement la suite.


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    Patrick Deville, Viva, SeuilPatrick Deville déambule au Mexique sur les traces de Trotsky et de Malcolm Lowry, auteur d'Au-dessous du volcan et qui y vécurent tous les deux dans les années 30. Leur point commun à part le lieu et l'époque ?

     

    "Chez ces deux-là, c'est approcher le mystère de la vie des saints, chercher ce qui les pousse vers les éternels combats perdus d'avance, l'absolu de la Révolution ou l'absolu de la Littérature, où jamais ils ne trouveront la paix, l'apaisement du labeur accompli. C'est ce vide qu'on sent et que l'homme, en son insupportable finitude, n'est pas ce qu'il devrait être, l'insatisfaction, le refus de la condition qui nous échoit, l'immense orgueil aussi d'aller voler une étincelle à leur tour, même s'ils savent bien qu'ils finiront dans les chaînes scellées à la roche et continuerons aussi à nous montrer, éternellement, qu'ils ont tenté l'impossible et que l'impossible peut être tenté. Ce qu'ils nous crient et que nous feignons souvent de ne pas entendre : c'est qu'à l'impossible chacun de nous est tenu."

    (Ca place la barre haut...)

     

     

    Au cours de ses pérégrinations l'auteur évoque les nombreux révolutionnaires, poètes et écrivains qui trouvèrent refuge au Mexique au 20° siècle. Les figures locales aussi. Auprès de Trotsky il y a bien sur Frida Kahlo et Diego Rivera. Vingt ans plus tôt Fabian Lloyd alias Arthur Cravan, poète et boxeur. Beaucoup de gens dont je connaissais à peine les noms ou même dont je n'avais jamais entendu parler.

     

     

    C'est un ouvrage cultivé pour lecteur cultivé et j'ai bien conscience que pour une bonne part il m'est passé largement au-dessus. Cependant j'aime beaucoup la façon d'écrire de Patrick Deville où je trouve des accents poétiques, son art d'organiser les coïncidences et les rencontres improbables, son don pour raconter des histoires. J'avoue que j'ai toujours eu un faible pour les intellectuels. Si en plus ce sont des aventuriers, alors...

     

     

    Je découvre comment Staline a poursuivi Trotsky et sa famille de sa haine à travers la planète. Quelle crapule ! Ca me donne envie d'en savoir plus sur Trotsky. Je me dis que je vais lire L'homme qui aimait les chiens de Leonardo Padura.


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    Maxim Leo, Histoire d'un Allemand de l'est, BabelMaxim Leo est un journaliste allemand qui a vécu à Berlin-est jusqu'à la chute du mur. Il avait alors près de 20 ans. Dix ans plus tard son grand-père maternel, Gerhard Leo, est victime d'une attaque, il perd l'usage de la parole. Alors qu'il rend visite à l'hôpital à cet homme qui fut un apparatchik du régime est-allemand, Maxim est amené à s'interroger sur les relations de sa famille avec la RDA.

     

     

    Les deux grands-pères de Maxim, Gerhard qui s'engagea à 19 ans dans la résistance française et Werner, ancien soldat de la wehrmacht, ont soutenu la fondation de la RDA. Les parents de l'auteur, Anne et Wolf, portent un regard plus critique sur leur patrie. Ce couple d'intellectuels n'hésite pas à discuter de ses doutes concernant le régime, Wolf de façon souvent virulente. Maxim quant à lui a su très tôt qu'il passerait un jour à l'Ouest et ne s'est pas senti de lien avec cet Etat-prison dans lequel il grandissait. Pas avant sa disparition, en tout cas :

     

    "Ceux de l'Ouest commençaient déjà à me taper sur les nerfs. Ils parlaient de la RDA comme s'il s'agissait d'une zone touchée par une épidémie de choléra. On disait que nous étions corrompus par la dictature, que notre caractère était faible et notre formation insuffisante. Je prenais ça pour moi, ce qui me déstabilisait encore plus, moi qui voulais n'avoir jamais rien eu à faire avec la RDA. Mais il s'installa tout d'un coup, ce sentiment que je n'avais jamais éprouvé auparavant : ce "nous" qui avait eu tant de mal à me venir aux lèvres. Je crois que je ne me suis jamais senti aussi proche de la RDA qu'après son naufrage."

     

     

    J'ai apprécié cet ouvrage que j'ai trouvé intéressant. D'abord pour la découverte des personnage qu'il présente, personnages qui ont été des acteurs de l'histoire du 20° siècle. Dagobert Lubinski, mort à Auschwitz, qui avait créé un parti communiste dissident, KPO, en 1928. Wilhelm Leo, avocat qui plaida contre Goebbels puis dut s'exiler en France. Gerhard le résistant et Werner le sympathisant des régimes autoritaires.

    Ensuite pour le récit des derniers jours de la RDA. La fébrilité, l'excitation, l'attente qui ont agité les Berlinois dans les semaines qui ont précédé la chute du mur sont bien rendues. Je retrouve un peu de l'ambiance du film Good-bye Lénine.

    Enfin parce que Maxim Leo brosse un portrait nuancé de ce qu'a pu être la vie d'une famille d'intellectuels dans l'ex-RDA et ses liens avec ce pays. Au moment de la chute du mur c'est Anne, la mère de l'auteur, adhérente du parti communiste depuis son adolescence, qui fait le plus facilement son deuil de la RDA tandis que Wolf est déstabilisé par l'arrivée de cette liberté qu'il attendait tant et vit aujourd'hui encore, d'une certaine façon, à l'Est.

     

     

    Tout cela est écrit de façon très vivante, l'auteur raconte de nombreuses anecdotes de son enfance, la lecture est facile.

     


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