• Eric H. Cline, 1177 avant J.-C., Le jour où la civilisation s'est effondrée, La découverte"L'économie de la Grèce est en plein désastre. Des révoltes intérieures secouent la Libye, la Syrie et l'Egypte, alors que des combattants venus de l'étranger mettent de l'huile sur le feu. La Turquie craint de se retrouver impliquée, comme Israël. La Jordanie ploie sous les réfugiés. L'Iran se montre belliqueux et menaçant, tandis que l'Irak est en crise. Est-on en 2013 après Jésus-Christ ? Bien sûr. Mais on aurait pu dire la même chose de 1177 av. J.-C., il y a plus de trois mille ans, quand les civilisations méditerranéennes de l'âge du bronze s'effondrèrent les unes après les autres, changeant à jamais le cours et le futur du monde occidental."

     

     

    Eric H. Cline présente de façon vivante et accessible ce "moment clé de l'histoire". Entre le 15° et le 13° siècles av JC, la Méditerranée orientale est une région prospère. Le commerce est actif entre les différents Etats qui la bordent et jusqu'en Mésopotamie. Les princes nouent des alliances et échangent des courriers, des ambassades, des objets précieux dont les archéologues ont retrouvé les traces. On nous parle d'un style particulier qui "combine des éléments issus des cultures mycénienne, cananéenne et égyptienne, donnant ainsi naissance à des objets hybrides très particuliers, caractéristiques de cet âge cosmopolite".

     

     

    Tout cela prend fin au début du 12° siècle, autour de 1177 av JC. L'archéologie montre des traces de cités détruites par la guerre -on trouve des pointes de flèches dans les décombres- ou par des tremblements de terre -on retrouve des squelettes écrasés sous des murs effondrés. L'âge du bronze cède la place à l'âge du fer. Pourquoi les civilisations ne se sont-elles pas remises de ces destructions ? Les chercheurs ne sont pas d'accord à ce sujet. L'auteur présente les différentes hypothèses et leur évolution à travers le temps.

     

     

    Ce que j'ai apprécié dans cette lecture :

    - le parallèle amusant avec notre époque,

    - de découvrir cette lointaine antiquité que je connais fort peu,

    - la présentation de l'historiographie de cette période. Eric H. Cline montre comment la connaissance historique se construit à partir des interprétations divergentes des sources, comment une intuition peut permettre d'explorer de nouvelles pistes.

     

     


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  • Philip Kerr, Les ombres de Katyn, Le livre de pocheNous sommes en mars 1943 et l'armée allemande vient d'être vaincue à Stalingrad. Dans la forêt de Katyn, près de Smolensk, un loup a déterré des ossements humains. Les autorités nazies acquièrent la conviction qu'à cet endroit, en 1940, l'URSS a assassiné environ 4000 officiers polonais. C'est une aubaine pour Goebbels, ministre de la propagande du Reich. Si l'on pouvait médiatiser l'affaire, cela porterait un coup aux alliés. Eventuellement, cela pourrait aussi détourner l'attention des crimes commis par l'Allemagne.

     

     

    Bernie Gunther, du bureau d'enquête sur les crimes de guerre -oui, les nazis avaient créé un tel bureau- est envoyé à Smolensk pour y encadrer l'exhumation des cadavres et y accueillir la commission d'enquête médicale internationale convoquée sur place. Il s'agit de médecins légistes suisses, français, belges, danois, hongrois... -la plupart sont pro-nazis- qui ont accepté de venir donner leur opinion sur ce qui s'est tramé à Katyn.

     

     

    A Smolensk, Bernie est amené à mener l'enquête sur le meurtre de deux télégraphistes allemands, il fréquente un officier qui fait partie d'un complot visant à éliminer Hitler et il rencontre l'amour. Cela fait beaucoup pour un seul homme, surtout notre héros. Si dans ses précédentes aventures je l'avais trouvé désabusé, il me semble ici carrément déprimé -en même temps, il y a de quoi. Je le trouve plutôt sympathique, essayant de sauver sa peau tout en se conduisant en homme de bien, autant que faire se peut dans les circonstances qu'il traverse.

     

     

     

    J'apprécie aussi le versant historique de ce roman qui me parait bien documenté. L'Allemagne de Hitler et l'URSS de Staline sont renvoyées dos à dos. Si la description des fosses communes de Katyn donne le sentiment qu'ici ont officié des professionnels du crime de masse -ce qui est le cas- il est rappelé aussi qu'à trop s'éloigner du lieu de fouilles, on risquerait de tomber sur des charniers emplis de victimes juives des nazis.

     


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