• Sylvie Latrille et Daniel Plazer, Le théâtre Ferranti, La cause du poulaillerHistoire d'un théâtre ambulant.

    La première troupe de théâtre itinérante connue en France date de 1570. Elles sont nombreuses au 17° siècle, ainsi l'Illustre théâtre de Molière. Au milieu du 19° siècle, on voit apparaître des théâtres ambulants, dits aussi théâtres démontables ou théâtres forains : la troupe déplace avec elle une baraque en bois et toile qu'elle dresse pour un temps sur les lieux de représentation. Ces théâtres ont disparu à la fin des années 1960..

    Daniel Plazer et Sylvie Latrille sont des descendants de la famille Ferranti, une famille d'artistes ambulants originaire d'Italie.

     

     

    Daniel Plazer est né en 1959 et le théâtre tenu par ses grands-parents puis par ses parents a fermé en 1969. Il a donc vécu en enfant de la balle pendant ses dix premières années et est monté sur scène dès l'âge de six mois. Dans la première partie de l'ouvrage, il raconte l'histoire de la famille Ferranti en s'appuyant sur la mémoire familiale et sur ses propres souvenirs. Ce récit est illustré de nombreuses photos. Le résultat est fascinant. Je découvre un monde oublié, que j'ignorais totalement, et pourtant pas si ancien.

     

     

    Le théâtre Ferranti se déplace sur les routes du grand sud-ouest, principalement entre Gironde et Lot-et-Garonne. Le convoi, composé d'une quinzaine de voitures, roulottes et chariots, se déplace de village en village et s'installe pour des durées de deux à trois mois. On monte la baraque en une semaine puis on donne des représentations qui attirent tous les habitants du secteur. Le théâtre peut accueillir jusqu'à 400 spectateurs.

    De son côté, Sylvie Latrille a recherché dans les archives la généalogie Ferranti et replace l'histoire de sa famille dans le cadre plus large du théâtre ambulant. Une partie de ce qu'elle raconte fait un peu répétition avce la description de Daniel Plazer.

     

     

    Le dernier théâtre ambulant, théâtre Créteur-Cavalier, a fermé ses portes en 1974. "L'usure d'un répertoire peu apprécié par le monde culturel en renouveau, l'indifférence des pouvoirs publics, l'évolution des normes de sécurité, l'augmentation des coûts de fonctionnement, l'arrivée concomitante de la télévision dans les foyers, le goudronnage des places publiques rendant de plus en plus difficile l'installation d'une structure aussi importante" sont des raisons qui expliquent la disparition de ces théâtres. C'est le grand mérite de cet ouvrage passionnant et facile à lire de les faire revivre et d'en préserver la mémoire. J'apprends aussi qu'il existe à Artenay, au nord d'Orléans, un musée du théâtre forain. Je le visiterais volontiers si j'ai l'occasion de passer dans le coin.

     

    Sylvie Latrille et Daniel Plazer, Le théâtre Ferranti, La cause du poulailler

     


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  • Antonia Hodgson, La trahison de la reine, 10-18Londres, 1728. Thomas Hawkins est un jeune gentilhomme qui a quitté sa famille pour vivre une vie de bamboche dans la capitale. Il s'est mis en ménage avec Kitty Sparks qui tient une librairie où elle vend sous le manteau de la littérature libertine. Tous les deux filent le parfait amour quand Thomas est accusé d'avoir assassiné un voisin, homme désagréable membre de la Société pour la réforme des moeurs. Notre héros, qui est aussi le narrateur, a été en parallèle recruté par la reine Caroline -femme du roi George II- pour lui servir d'espion.

     

     

    Voici un ouvrage que j'ai lu sans déplaisir majeur mais qui ne m'a pas vraiment convaincue. Il m'a semblé que les personnages n'étaient pas très profonds et le héros plutôt inconséquent. Quant au cadre historique, lui aussi me semble trop peu fouillé. C'est une série. Il y a eu un tome avant (que je n'ai pas lu) et on comprend qu'il y en aura d'autres après. Mais sans moi, sans doute.

     


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  • Russell Shorto, Amsterdam, VintageA history of the world's most liberal city

    Russell Shorto est un écrivain et journaliste américain qui a vécu cinq ans à Amsterdam. Quant à moi, en avril, j'ai eu la chance d'y passer quatre jours de vacances et, comme lui, j'ai été conquise à la fois par le charme de cette ville et par l'ambiance d'ouverture et de tolérance qu'on y ressent en s'y promenant et j'ai voulu en savoir plus sur son histoire. J'ai acheté ce livre dans une librairie locale. La lecture d'un ouvrage en anglais m'a demandé un peu de temps et de concentration mais l'auteur raconte l'histoire de "la ville la plus libérale du monde" à travers une galerie de portraits de personnages célèbres ou non ce qui le rend vivant et accessible avec un niveau moyen de langue.

     

     

    Russell Shorto nous présente d'abord les deux sens qui se rattachent à la notion de libéralisme : libéralisme économique et libéralisme social c'est à dire tolérance des divers modes de vie.

    Depuis le Moyen-âge, les Néerlandais se sont battus contre la mer pour gagner des terres. Cela a nécessité de savoir coopérer les uns avec les autres pour s'organiser, à la différence des autres régions d'Europe où les décisions descendaient de la noblesse vers les paysans. De plus, ces terres nouvellement conquises n'avaient donc pas de seigneur ainsi, vers 1500, dans la province de Hollande, seulement 5 % de la terre appartenait à des nobles contre 45 % à des paysans. Cette situation particulière aurait créé une société assez forte pour valoriser l'individu. Voilà pour le libéralisme social.

     

    Russell Shorto, Amsterdam, Vintage

     

    Après des guerres sanglantes contre l'Espagne (on fait la connaissance du terrible duc d'Albe. A Naarden en 1572, ses hommes ont "tranché la gorge des habitants et des soldats sans qu'un seul homme en réchappe puis ils ont mis le feu à la ville") à la fin du 16° et au début du 17° siècles, les Pays-Bas obtiennent leur indépendance.

    C'est à la même époque que se développe la puissante VOC : la Compagnie des Indes Orientales. Dans son sillage est créée à Amsterdam la première bourse du monde et bientôt la ville devient "le Amazon.com du 17° siècle, l'endroit où tout est à la disposition de tout le monde". Et voilà pour le libéralisme économique. Les deux libéralismes sont liés, bien sûr, à la fois dans leurs causes et dans leur fonctionnement.

     

     

    Portaits du 17° siècle : Rembrandt et Spinoza mais aussi Claes Pieterszoons, alias le dr Nicolaes Tulp, celui de la fameuse leçon d'anatomie par Rembrandt, qui a choisi de se faire nommer Tulipe (Tulp) au moment de la bulle spéculative sur cette fleur.

     

    Russell Shorto, Amsterdam, Vintage

    La leçon d'anatomie du docteur Tulp

     

    Jan van der Heyden inventa la lance à incendie et perfectionna la pompe à incendie. Il est aussi l'inventeur du lampadaire. Ses modèles fabriqués à la chaîne se sont diffusés dans toute l'Europe jusqu'à ce qu'ils soient supplantés par des équipements électriques à la fin du 19° siècle.

    A la différence de l'aristocratie du reste de l'Europe, cette bourgeoisie vit dans des maisons relativement modestes avec peu de domestiques et donne naissance au concept de foyer.

    1672, "année désastreuse, met fin au miracle économique néerlandais du 17° siècle.

     

     

    Russell Shorto, Amsterdam, Vintage

    La maison de Rembrandt

     

    Portraits des 19° et 20° siècles : Eduard Douwes Dekker (1829-1887), fonctionnaire colonial en Indonésie qui, sous le pseudonyme de Multatuli ("J'ai beaucoup souffert" en latin) écrivit le célèbre roman Max Havelaar dans lequel il dénonce la violence de l'exploitation des indigènes.

    Aletta Jacobs (1854-1929) , première femme néerlandaise diplômée de l'université, première femme médecin et promotrice de la contraception qu'elle voyait comme un moyen de libérer les femmes.

    Elle inspira le dr. Bernard Premsela (1889-1944) qui devint un des premiers sexologues du monde avant la seconde guerre mondiale et mourut à Auschwitz. L'occupation nazie et le sort des Juifs amstellodamois sont traités aussi à travers les personnes d'Anne Frank et de Frieda Menco, une survivante que l'auteur a rencontrée.

    Le fils de Bernard, Benno Premsela (1920-1997) était un designer et un des premiers homosexuels à faire son coming out à la télévision en 1964. La première organisation de défense des droits des homosexuels a vu le jour à Amsterdam en 1946.

     

    Russell Shorto, Amsterdam, Vintage

     

    Roel van Duijn (né en 1943) devint en 1960 un des initiateurs du mouvement Provo, mouvement de contre-culture dont l'héritage le plus fameux est la place accordée aux bicyclettes à Amsterdam.

     

     

    Russell Shorto, Amsterdam, Vintage

    Des vélos partout mais aussi des petits jardins organisés sur les trottoirs.

     

    J'ai découvert plein de choses en lisant ce fort instructif ouvrage et je me dis qu'il faudra retourner à Amsterdam.

     

    Russell Shorto, Amsterdam, Vintage

     

     

     

     

     

     

     

     


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  • Liv Strömquist, L'origine du monde, RackhamCette bande dessinée analyse les causes et les conséquences de la honte qui s'attache au sexe féminin.

    "La différence entre la culpabilité et la honte est que l'on se sent coupable à cause de ce qu'on fait et que l'on éprouve de la honte à cause de ce qu'on est."

    L'auteure présente d'abord "ces hommes qui se sont un peu trop intéressés à ce qu'on appelle les "organes féminins" : religieux comme saint Augustin (354-430) qui pense que le sexe c'est sale et que c'est surtout la femme qui en est responsable ou médecins qui rendent le clitoris coupable de tous les maux féminins et proposent de le brûler à l'acide, comme John Harvey Kellogg (1852-1943) ou de le couper, comme Isaac Baker Brown (1811-1873). On revient de loin ? Au passage il est question aussi des opérations destructrices pratiquées encore actuellement sur les enfants intersexes.

     

     

    Liv Strömquist décrypte ensuite la représentation qui est faite du sexe féminin qui se limite majoritairement à un vagin et passe sous silence la vulve. Ce sexe n'est donc qu'un trou qu'il faudrait remplir. Cette image est opposée aux représentations pré-chrétiennes de divinités exhibant leur vulve.

     

    Liv Strömquist, L'origine du monde, Rackham

    Il y a aussi un chapitre sur l'orgasme et le clitoris. La découverte, au 19° siècle, que l'orgasme féminin n'était pas nécessaire à la conception a entrainé "le début d'une nouvelle ère extrêmement déprimante pour la sexualité féminine". Ce n'est qu'à la fin du 20° siècle qu'Helen O'Connell découvre comment est fait un clitoris.

    Et enfin, on termine par le tabou des règles.

     

     

    C'est un ouvrage instructif et bien documenté, les sources sont citées en fin. C'est aussi un ouvrage qui adopte un point de vue résolument féministe. Je ne saurais que le recommander, particulièrement aux personnes dotées d'un vagin ou d'une vulve. Les dessins en noir et blanc incluent des documents iconographiques et parfois une touche de couleur (du rouge quand il est question des règles).

     

    Liv Strömquist, L'origine du monde, Rackham

     


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