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    Léon Leyson, L'enfant de Schindler, PocketLeib Lejzon est né en 1929 à Narewka, un village du nord-est de la Pologne. En 1938 la famille part s'installer à Cracovie où le père a trouvé du travail dans une usine. Quand les nazis envahissent la Pologne et commencent à en persécuter la population juive, la famille Lejzon est confinée dans le ghetto de Cracovie. Les parents et trois de leurs cinq enfants (dont Leib, devenu Léon Leyson aux Etats-Unis après la guerre) doivent leur vie à Oskar Schindler, cet industriel allemand, opportuniste, membre du parti nazi mais que son amour de la vie a poussé à prendre des risques pour sauver ses ouvriers juifs. Léon Leyson a été le plus jeune garçon sauvé par Schindler.

     

     

    On nous dit en première de couverture que cet ouvrage est "aussi intense que le journal d'Anne Frank". La comparaison me paraît un peu exagérée car il me semble me souvenir (ma lecture du Journal est ancienne, cependant) qu'Anne Frank avait un réel talent littéraire, ce qui n'est pas le cas de Léon Leyson. Le style est assez platement descriptif et l'ouvrage pas super bien traduit, pour autant que je peux en juger, et de ce fait j'ai trouvé la lecture parfois un peu fastidieuse.

     

     

    Cependant il y a des aspects historiques qui sont intéressants : la description de la vie rurale avant la shoah, quand chrétiens et juifs vivaient plus ou moins en bonne entente; les conditions de survie dans le ghetto de Cracovie puis dans le camp de travail forcé de Plaszow. J'ai apprécié aussi ce que l'auteur dit de son adaptation à une nouvelle vie aux Etats-Unis où il s'est installé avec ses parents en 1949.

     

     

    De façon surprenante pour moi c'est dans l'épilogue qui résume cette nouvelle vie que j'ai enfin ressenti de l'émotion, notamment à propos des traumatismes des parents : "Un jour, à Plaszow, un garde avait frappé maman sur le côté du visage avec une planche de bois. Le coup a définitivement abîmé son tympan. Elle disait entendre dans cette oreille handicapée les voix de ses deux enfants assassinés qui l'appelaient sans cesse."

    Peut-être parce que, quand on est au coeur du danger il n'y a pas de place pour la réflexion et les sentiments, il faut seulement s'occuper de survivre. Une fois que le péril est passé, on peut s'arrêter et penser.

    Un ouvrage destiné par l'éditeur à un jeune public et, oui, cela me paraît adapté.

     

     

    Léon Leyson, L'enfant de Schindler, PocketLa lecture de L'enfant de Schindler est une occasion pour revoir La liste de Schindler, film de Steven Spielberg avec Liam Neeson dans le rôle d'Oskar Schindler. C'est un film efficace et d'une certaine beauté plastique avec le choix du noir et blanc et les touches de couleur : les flammes des bougies au début et à la fin, la petite fille au manteau rouge. On y constate la corruption d'un bon nombre de nazis, comme évoqué dans Bleu de Prusse. Cela m'a donné envie d'en savoir plus sur Oskar Schindler. Le film est tiré d'un roman du même nom.

    Le petit Leib n'apparaît pas dans le film. Par contre Léon Leyson est un des témoins qui est interviewé dans un documentaire sur les Juifs de Schindler présenté en bonus de mon DVD. J'ai retrouvé dans son témoignage plusieurs choses que j'avais lues dans le livre.

     

     
     
    Mon article est aussi l'occasion de rendre hommage à ida Grinspan, décédée en début de semaine. J'avais eu la chance de la rencontrer en 2010.

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    JMG le Clézio, Bitna, sous le ciel de Séoul, StockA Séoul Bitna, une étudiante pauvre, est employée comme conteuse par Salomé, une femme riche atteinte d'une maladie dégénérative qui la tue petit à petit. Pour Salomé, Bitna imagine des histoires qui mêlent aspects autobiographique et merveilleux, qui racontent le monde extérieur et permettent à la malade d'oublier un instant son état.

     

     

     

     

    Une collègue m'a prêté ce roman de Le Clézio dont elle m'a dit qu'il était un de ses écrivains favoris et que je n'avais jamais lu. Je ne dirais pas que j'ai été emballée par cette lecture mais j'ai apprécié l'écriture et l'ambiance que l'auteur a réussi à créer. Manifestement celui-ci connaît et aime la Corée du Sud et Séoul. Sur les traces de Bitna, il entraîne le lecteur à travers la ville, dans les quartier mal famés du centre, dans les tours ou dans les lointaines banlieues populaires. Je découvre la vie des petites gens et le traumatisme qu'est encore la rupture avec la Corée du Nord : des lieux, des personnes qu'on ne reverra jamais et dont on ne sait même pas ce qu'ils sont devenus. L'usage de termes coréens, sans traduction, participe au fait que cela sonne juste.

     

    JMG le Clézio, Bitna, sous le ciel de Séoul, Stock

    La gare d'Oryu-Dong, Séoul

     


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    Barbara Pym, Les ingratitudes de l'amour, 10-18Dulcie, 31 ans, vient d'être plaquée par son fiancé. Pour se changer les idées, elle accepte de participer à un colloque professionnel -elle est documentaliste pour un éditeur. Là, elle fait la connaissance de Viola, documentaliste également, et d'Aylwin, universitaire et directeur de revue. Viola est une femme peu sympathique, à mon avis, mais Dulcie se lie d'amitié avec elle et accepte même de l'héberger chez elle quand Viola est mise à la porte par son propriétaire. Aylwin est un fort bel homme qui fascine Dulcie. Elle va utiliser ses ressources professionnelles pour se documenter sur lui et sa famille et pousse son obsession jusqu'à assister à un culte dans l'église où son frère est pasteur et à prendre une chambre dans l'hôtel dirigé par sa mère. Elle entraîne à sa suite Viola, laquelle est officiellement amoureuse d'Aylwin.

     

     

    Voilà un roman dont la lecture ne m'a guère emballée -je l'ai même trouvée un peu ennuyeuse- alors que j'en avais lu des critiques positives. Il ne s'y passe pas grand chose et l'humour de l'autrice m'a tout juste fait sourire. Quant au fond, je m'interroge sur cette obsession de Dulcie pour Aylwin que je ne suis pas loin de trouver un peu malsaine. Signe des temps, sans doute : aujourd'hui on pourrait parler de harcèlement; à l'époque -le roman date de 1961- une célibataire de l'âge de Dulcie était considérée comme une vieille fille et son comportement nous est présenté comme une sortie de son train-train quotidien.

     

    L'avis de Keisha (beaucoup plus positif que le mien, donc)


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