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    Jean d'Aillon, Rome, 1202, J'ai luDans Marseille, 1198, on faisait la connaissance d'Anna Maria et Bartolomeo, enfants naturels du cardinal Ubaldi, envoyés à Marseille par le pape pour une mission secrète. Quand celle-ci échoue, les enfants Ubaldi choisissent de rester en France. Anna Maria épouse Robert de Locksley et Bartolomeo devient l'écuyer de Guilhem d'Ussel. Mais voilà qu'Innocent 3 prétend leur faire don de la ville de Ninfa, héritage de leur père. S'agit-il de leur rendre leurs droits ou de les attirer en Italie pour se venger de ce que le souverain pontife considère comme une trahison ? Guilhem doute.

     

     

    En 1202 Rome apparaît comme une ville en proie à des luttes de pouvoir violentes entre le pape et la commune bourgeoise administrée par un sénat. Les habitants des villes voisines du Latium en ont fait les frais comme ceux de Viterbe dont de nombreux captifs pourrissent dans les geôles du Capitole. Il faut aussi compter avec les grandes familles nobles de Rome qui nouent des alliances en fonction des circonstances. Nos héros vont devoir mener leur barque au milieu de ces intérêts contradictoires mais il vont aussi savoir s'en servir à leur avantage.

     

     

    J'ai beaucoup aimé cette aventure de Guilhem d'Ussel, une des meilleures que j'ai lu, je dirais. J'ai apprécié l'action et les rebondissements ainsi que la découverte de la situation à Rome au début du 13° siècle. Ça m'a donné envie de visiter cette ville emplie de vestiges de l'Antiquité (à l'époque encore plus qu'aujourd'hui, j'imagine) et dans lesquels les gens du Moyen-âge se sont installés. Le Colisée a ainsi été transformé en château fort.

     

    L'avis d'A little bit.


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    Tanguy Viel, Article 353 du code pénal, Editions de MinuitLors d'une partie de pèche, Martial Kermeur, licencié de l'arsenal local (comme beaucoup d'autres en ville), a passé par dessus bord Antoine Lazenec, un promoteur immobilier escroc. Le voici devant le juge d'instruction pour homicide. Le roman est son récit, quasiment un monologue, dans lequel il explique ce qui l'a mené là. Il est pas mal question de la relation du narrateur à son fils, de ce que c'est que d'élever un enfant et le voir grandir.

     

     

    Voici un ouvrage qui ne m'a guère convaincue. Il m'a semblé que le traitement des thèmes abordé était plutôt convenu et n'apportait rien de remarquable. Vite lu, vite oublié, me suis-je dis. L'écriture est souvent faite de longues phrases, parfois un peu bancales, mais c'est exprès manifestement, comme pour montrer que le personnage met en ordre sa pensée au fur et à mesure qu'il s'exprime. Cela ne m'emballe pas trop non plus. Ce que j'ai le plus apprécié c'est la description de paysages bretons de bord de mer. Bien que l'action se déroule dans le Finistère cela évoque très nettement pour moi des images de vacances dans le Morbihan.

     

    L'avis de Keisha, celui de Krol.


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    Stefan Hertmans, Guerre et térébenthine, GallimardAvec cet ouvrage l'auteur rend un bien bel hommage à son grand-père qui fut le héros de son enfance. Urbain Martien (prononcer Martine, c'est la version flamande de Martin) a écrit au soir de sa vie ses mémoires et notamment son engagement comme soldat lors de la première guerre mondiale. Il les lègue à son petit-fils qui tarde longtemps à s'y plonger, convaincu qu'il y a là matière à un livre. L'approche du centenaire de 1914-1918 a poussé Stefan Hertmans à agir. De longs passages des carnets du grand-père sur la guerre (ou la totalité ?) forment le coeur de cet ouvrage, complétés par les souvenirs de l'auteur ou de proches.

     

     

    Nous découvrons une enfance dans une famille pauvre de Gand. Le travail à 14 ans dans une fonderie, pénible et dangereux mais enfance plutôt heureuse néanmoins grâce à l'amour des parents pour leurs enfants et l'un pour l'autre. Le père, trop tôt disparu, est peintre d'églises, il restaure des fresques et Urbain qui l'admire souhaite aussi se mettre à la peinture.

     

     

    Pour sortir de sa condition, cependant, il s'inscrit à une formation militaire ce qui lui vaut d'être sous-officier quand la guerre éclate. Son récit le montre en combattant courageux et soucieux de la vie de ses hommes. Mais les officiers, eux, sont wallons et francophones et n'ont, bien souvent, que mépris pour la piétaille flamande. Les combats sont d'une grande violence. La description des tranchées de Flandre me fait penser à ce que j'ai lu dans Le soleil de Breda. On est revenu trois siècles en arrière. C'est intéressant d'avoir cette vision extra-française du conflit. Je vois quand même que ces souvenirs sont retravaillés. Urbain écrit plus de 50 ans après les faits et les événements sont souvent présentés de façon très romanesque. Pour moi cela contribue aussi au charme de la lecture.

     

     

    L'histoire d'Urbain Martien c'est aussi un terrible chagrin d'amour que nous découvrons petit à petit dans la troisième partie qui raconte sa vie après la guerre. La foi catholique, qui imprègne toute son existence, la peinture, vont lui permettre de survivre.

    J'ai beaucoup apprécié cet ouvrage. Je l'ai débuté dans une période de forte charge de travail et j'ai eu un peu de mal à entrer dans le livre du fait d'une lecture trop hachée. Mais une fois que j'ai pu dégager du temps pour m'y consacrer, j'ai été convaincue. C'est bien écrit et émouvant.


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    Romain Slocombe, L'affaire Léon Sadorski, Robert LaffontParis, 1942. Léon Sadorski, inspecteur de police à la troisième section des renseignements généraux, prend très à coeur son travail qui consiste à contrôler et arrêter les Juifs. A l'occasion il accepte des pots de vin ou profite des perquisitions pour faire main basse sur les sommes d'argent qu'il peut trouver. Un personnage pas très sympathique.

     

     

     

     

    Hélas, j'ai été plutôt déçue par cette lecture qui m'a un peu ennuyée. Il y a bien peu d'action dans ce roman policier et l'enquête est noyée dans beaucoup trop d'informations annexes car cet ouvrage, premier épisode d'une série, est en fait une introduction qui met en place personnages et situation. La fin ouverte me laisse penser que, peut-être, enfin, les choses vont avancer dans le tome deux. Mais le premier ne m'a pas donné envie de continuer.

     

     

     

     

    L'auteur, par contre, s'est très bien documenté sur la période et les différents services de police et de répression de l'époque : Abwehr, Gestapo, Gestapo française de la rue Lauriston (la Carlingue). Son personnage est inspiré d'un vrai, les documents ou lettres de délation qui passent entre ses mains sont copiées d'archives. Dommage que souvent l'apport d'informations se fasse comme si on nous récitait une leçon.
    Ce que j'ai le plus apprécié c'est la description de l'ambiance parisienne : dans les rues de la capitale, la vie continue comme si de rien n'était. J'ai trouvé intéressant aussi un passage qui se déroule lors de la débâcle, au moment de la défaite de 1940. L'effondrement de l'Etat et la panique dans les colonnes de réfugiés sont bien décrits.

     


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    Sarah Helm, Si c'est une femme, Calmann-LévyVie et mort à Ravensbrück.

    Le camp de concentration de Ravensbrück, situé au nord de Berlin, a fonctionné de mai 1939 à fin avril 1945. C'est le seul camp de concentration nazi destiné aux femmes. La première année il y a moins de 6000 prisonnières, la plupart allemandes (communistes, témoins de Jéhovah, droit commun, prostituées, Tsiganes, Juives) puis ce chiffre monte en puissance et, au faîte de son activité, Ravensbrück compte 45 000 femmes. 130 000 y seraient passées en six ans d'existence. L'autrice estime à 40 ou 50 000 le nombre de celles qui y seraient mortes.

     

     

    Sarah Helm, journaliste britannique, a réalisé un travail magistral pour produire cet intéressant ouvrage de 800 pages. Elle est partie d'entretiens avec des survivantes et les remerciements à la fin montrent à quel point ça n'a pas toujours été facile pour les retrouver, particulièrement en Europe de l'est et en ex-URSS. Ces rencontres ont été complétées par des témoignages écrits (comme ceux de Germaine Tillion ou Margarete Buber-Neumann) et des documents d'archives. L'étude suit un plan chronologique et tous les aspects de la vie du camp sont abordés : blocks d'hébergement, nourriture insuffisante, travail forcé dans les camps satellites ou au profit d'entreprises comme Siemens qui a installé une annexe dans le camp, "expériences médicales" pratiquées sur des cobayes humains surnommées les Lapins, brutalités des gardiennes et des prisonnières qui encadrent leurs co-détenues, solidarité entre femmes de même nationalité.

     

     

    J'ai apprécié qu'un des objectifs de l'autrice soit d'individualiser ces femmes que les nazis avaient tenté de déshumaniser. Les récits de vie permettent cela, d'autant plus qu'elle ne prend pas seulement ses personnages au moment où elles sont dans le camp mais qu'elle remonte, chaque fois que possible, aux circonstances antérieures qui les ont menées là. Elle évoque aussi celles qui sont généralement passées sous silence : les "asociales" comme les prostituées. Après guerre ces femmes n'ont pas été aidées, elles n'ont pas touché d'indemnités, elles n'ont pas été invitées à témoigner aux procès. Bien souvent on ne sait donc pas qui elles sont et les témoignages écrits de déportées-résistantes ne mentionnent pas leurs noms. On a opposé triangle rouges (politiques) et triangles noirs (asociales) alors que, fait remarquer Sarah Helm, on peut être à la fois prostituée et résistante, des bordels ayant souvent caché des personnes recherchées (aviateurs).

     

     

    A partir de 1944, le camp devient surpeuplé. Plus de place dans les blocks, on monte de grandes tentes dans lesquelles il pleut. Alors les conditions de survie deviennent tellement difficiles que ce qui me vient à l'esprit pour en donner un aperçu c'est l'image des cercles de l'Enfer de Dante. La lecture n'est pas toujours agréable. De façon paradoxale les détenues qui sont entrées tardivement dans le camp ont moins bien résisté que les plus anciennes. Celles-ci avaient eu le temps de faire leur trou, de nouer des contacts et des solidarités qui les ont aidées à tenir. Dans le grand capharnaüm qu'est devenu le camp les dernières arrivées n'ont plus aucun cadre auquel se raccrocher et meurent rapidement.

     

     

    Seul camp de concentration de femmes, le camp de Ravensbrück est aussi, semble-t-il, le seul où des détenues aient été assassinées de façon systématique. A côté de Ravensbrück se situe le camp d'Uckermark ou camp des jeunes car il a d'abord servi à interner des jeunes délinquantes. Ce camp devient en 1945 un lieu d'extermination. On y tue par la faim, par le froid, par balles et on y installe une chambre à gaz. Il y a alors la volonté d'effacer traces et témoins des crimes commis là avant l'arrivée des vainqueurs. Avant la fin, une partie des détenues (17 000) sont sauvées par les Croix Rouges suédoise et suisse qui négocient leur exfiltration avec Himmler. Il semblerait que ce dernier a accepté ces négociations car il espérait se placer en interlocuteur valable (et successeur d'Hitler) auprès des Alliés.

     

     

    En couverture, la photo d'Evguénia Klemm, jeune, avant la guerre. Professeure à Odessa, arrivée à Ravensbrück en février 1943 avec un groupe de jeunes médecins et infirmières de l'armée rouge elle a fait de ces jeunes femmes effrayées un groupe soudé et solidaire. Elle les a galvanisées par son énergie et ses propos : vous êtes de l'armée rouge, vous êtes des prisonnières de guerre, vous avez des droits. Elle les a aidées à tenir.

    A leur retour en URSS, les détenues soviétiques ont été inquiétées. En 1946, 1949 et 1950 il y a eu des procès d'anciens prisonniers pour collaboration avec les fascistes. Klemm y échappe mais, en septembre 1953, on lui interdit d'enseigner. Elle se suicide.

     

     

    Un livre pas toujours facile à lire, je l'ai déjà dit mais très bien documenté et rédigé dans une optique résolument féministe avec la volonté d'évoquer celles qui ont été passées sous silence et de questionner le moindre intérêt des historiens pour ce camp jusqu'à présent (la guerre froide est aussi responsable, il se situait en ex-RDA). Parmi les femmes présentées j'ai découvert de nombreuses figures d'héroïnes.


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