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    Joyce Carol Oates, Les chutes, PointsSon mari s'est jeté dans les chutes du Niagara pendant leur lune de miel, Ariah se retrouve veuve le lendemain de son mariage. C'est dans les jours qui suivent le suicide qu'Ariah fait la connaissance de Dirk Burnaby, jeune avocat de Niagara Falls promis à une brillante carrière. Le mariage de ces deux là surprend tous leurs proches. Ce n'est pas seulement d'un point de vue social qu'Ariah a gagné au change : avec Dirk elle découvre l'amour. C'est cependant peu de dire qu'elle est perturbée par ce qui lui est arrivé. Elle est convaincue qu'elle est maudite, que Dirk la quittera aussi. Dans ses relations avec son mari puis avec ses enfants elle va se comporter de façon à faire de la malédiction une réalité.

     

     

    L'histoire de cette famille est aussi l'occasion pour l'autrice d'aborder des aspects de l'histoire de la ville de Niagara Falls entre les années 1950 et 1970. Il est question plus particulièrement du Love canal qui n'était pas un canal et n'avait rien à voir avec l'amour. A la fin du 19° siècle un entrepreneur local, William Love, envisage de faire creuser un canal. Le projet avorte et l'ébauche de canal, rachetée par une entreprise chimique, va servir de dépotoir pour se débarrasser de déchets nocifs. Une fois le tout refermé on construit une école et un quartier pour ouvriers dessus. Face aux graves problèmes de santé les autorités nient pendant longtemps tout lien de cause à effet. Le scandale sanitaire va provoquer la première class action de l'histoire des Etats-Unis.

     

     

    J'ai trouvé ce roman inégal. Il y a des passages intéressants et d'autres où cela se traine et où j'ai trouvé le temps long. J'ai apprécié l'étude psychologique des personnages que j'ai trouvée bien menée. J'ai aimé que les enfants Burnaby arrivent finalement à s'en sortir pas trop mal malgré d'importants traumatismes.


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    Fleur Daugey, Animaux homos, Albin MichelHistoire naturelle de la sexualité

    "Si les animaux se comportent d'une façon que nous jugeons bonne, nous la qualifions de "naturelle". S'ils font quelque chose qui nous déplaît, nous appelons ce comportement "bestial". James Weinrich, Is homosexuality biologicaly natural ?, 1982

     

    Fleur Daugey est une journaliste scientifique, éthologue de formation. Dans cet ouvrage elle "nous fait découvrir les multiples facettes, parfois bien surprenantes, de la sexualité animale, qui n'est pas que tournée vers la reproduction, et en dégage la signification au regard de l'évolution des espèces." (quatrième de couverture)

    L'homosexualité, c'est pas naturel ? Fleur Daugey prouve le contraire. Son propos est clairement militant. Il s'agit de contrer des mouvements homophobes tels que la Manif pour tous. Car l'homosexualité est dans la nature. Elle a été documentée scientifiquement chez près de 500 espèces de l'ensemble du règne animal.

     

     

    J'ai ainsi appris que des femelles perruches se mettaient en couple pour couver leurs oeufs après le départ des mâles qui les ont fécondées. Elles adoptent alors des comportements réservés aux mâles dans les couples hétérosexuels. "Pour séduire une autre femelle, les macaques rhésus femelles se lancent dans des parties de cache-cache endiablées qu'elles ne proposent jamais aux mâles". Ces taquineries débouchent sur un accouplement. Des relations homosexuelles ont été observées chez plusieurs espèces de dauphins. Les mâles dauphins roses de l'Amazone insèrent leur pénis dans la fente génitale, l'anus ou l'évent d'un autre mâle. Il y a de nombreux autres exemples, également chez les insectes et même les poissons !

     

     

    L'ouvrage commence par un point historiographique. Depuis l'Antiquité grecque des auteurs ont constaté des comportements homosexuels chez des animaux et ont tenté de rendre compatibles leurs observations et leurs préjugés. Il s'agirait d'erreurs, de comportements de domination ou induits par la captivité. Des expressions telles que "comportement sexuel inapproprié" ou "anormal" perdurent dans la littérature scientifique jusqu'à la fin du 20° siècle, empêchant, estime l'autrice, une véritable réflexion sur leur sens biologique. Ce n'est qu'au début du 21° siècle que la question commence d'être étudiée de façon plus objective.

     

     

    D'après la théorie de l'évolution des espèces de Darwin, le but ultime de la vie serait la reproduction. Comment intégrer dans cette théorie les comportements homosexuels des animaux ? Certains scientifiques (Bruce Bagemihl) pensent aujourd'hui que les être vivants disposent d'un trop plein d'énergie auquel il faut trouver un exutoire. La sexualité serait un moyen d'utiliser cette énergie et l'homosexualité une des multiples formes issues de l'extravagance biologique. Cette théorie, que j'ignorais totalement, est celle qui m'a le plus frappée. Il y a d'autres explications proposées, moins audacieuses.

     

    C'est un ouvrage que j'ai trouvé intéressant et plutôt accessible.


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