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    Dan Waddell, La moisson des innocents, Rouergue noirDeux garçons de 9 et 10 ans ont battu à mort un vieil homme apprécié et respecté de sa communauté. Vingt ans plus tard, leur peine purgée, leur vie reconstruite sous de nouvelles identités, ils sont assassinés de façon particulièrement violente. Chargé de l'enquête, l'inspecteur Grant Foster retourne dans la région de Newcastle, là où commença l'affaire et où lui-même débuta sa carrière.

     

    Je retrouve avec plaisir les personnages de Dan Waddell dans un roman très noir. Le titre français me parait particulièrement bien choisi (pour le titre original je ne sais pas, il n'est pas indiqué). Des enfants assassins c'est déjà dur. Quand tout le monde (la famille de la victime on peut le comprendre -mais aussi la police et la presse) les considère comme des animaux malfaisants qui n'ont eu que ce qu'ils méritaient, je trouve ça violent aussi. Mais le dénouement nous plonge dans une noirceur encore plus profonde.

     

    Dans cet épisode le généalogiste Nigel Barnes n'intervient pas comme auxiliaire de la police mais comme protagoniste d'une enquête annexe à l'affaire principale qui l'amène à rechercher des informations sur ses propres origines. Il a donc un rôle beaucoup moins central et cède le pas à Grant Foster.
    J'ai apprécié cette lecture.


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  • Bonne année 2015

    Bonne et heureuse année 2015 à tous. Je vous souhaite de bonnes lectures, de bons moments en famille ou avec vos amis, des voyages enrichissants, sur place ou plus loin.

     

    Et voici mes lectures préférées en 2014 :

    Jonathan Coe, Testament à l'anglaise

    Jonathan Safran Foer, Faut-il manger les animaux ?

    Année après année je vois mon best-of raccourcir. J'ai l'impression que plus je lis, plus je deviens difficile.

     

    Pour Noël j'ai aussi reçu des livres :

    Bonne année 2015

    J'ai déjà commencé le Dan Waddell mais j'ai aussi hâte de lire les autres.

     


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    Pierre Lemaitre, Au revoir là-haut, Albin MichelCa commence fort :

    "Ceux qui pensaient que cette guerre finirait bientôt étaient tous morts de puis longtemps. De la guerre, justement. Aussi, en octobre, Albert reçut-il avec pas mal de scepticisme les rumeurs annonçant un armistice. Il ne leur prêta pas plus de crédit qu'à la propagande du début qui soutenait, par exemple, que les balles boches étaient tellement molles qu'elles s'écrasaient comme des poires blettes sur les uniformes, faisant hurler de rire les régiments français. En quatre ans, Albert en avait vu un paquet, des types morts de rire en recevant une balle allemande."

     

    Pierre Lemaitre, Au revoir là-haut, Albin MichelMais elle se termine quand même cette guerre et il faut envisager de reprendre le cours d'une vie normale. Comment faire quand on est traumatisé, qu'on sursaute au moindre bruit et qu'on peine à retrouver un emploi ? D'autant plus qu'Alfred est maintenant lié à Edouard qui a été très grièvement mutilé en lui sauvant la vie. La question de la réinsertion des anciens combattants est un des thèmes de l'ouvrage.

     

    "Pour le commerce, la guerre présente beaucoup d'avantages, même après."

    C'est ce dont s'avisent différents escrocs de plus ou moins grande envergure. Plus grande quand il s'agit de profiter de ses relations pour obtenir le marché du transfert des corps des soldats morts depuis les champs de bataille jusqu'aux nécropoles de guerre et détourner l'argent public. En postface Pierre Lemaitre indique qu'il s'est inspiré pour ces malversations du "scandale des exhumations" qui éclata en 1922. Dans son roman on rencontre aussi une escroquerie plus artisanale de vente de monuments aux morts fictifs.                                                                                 A Crozon (29) 

     

    Pierre Lemaitre, Au revoir là-haut, Albin Michel

    A Paris dans le 15° arrondissement

     

    Voilà une lecture que j'ai appréciée. C'est bien écrit et sur un sujet fait pour m'intéresser. Je suis en effet une collectionneuse de monuments aux morts que je prends en photos au hasard de mes rencontres à travers la France. J'en mets quelques uns en illustration de mon article. Je découvre cet aspect de la mise en place des lieux de mémoire de la Grande Guerre.

     

    Pierre Lemaitre, Au revoir là-haut, Albin Michel

    A Noirterre dans les deux-Sèvres


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    Olivier Rolin, Le météorologue, Seuil-PaulsenAlexeï Féodossiévitch Vangengheim fut en 1929 le premier directeur du service hydro-météorologique d'URSS. En 1934 il est arrêté comme saboteur et condamné à l'internement au goulag. Il est détenu aux îles Solovki. Pendant sa détention il écrit régulièrement à sa femme et envoie à sa fille des dessins, devinettes ou petites leçons illustrées. C'est la découverte de cette correspondance qui a incité Olivier Rolin à enquêter sur Alexeï Féodossiévitch Vangengheim.

     

    Je découvre donc un personnage qui est un bon soviétique à tel point qu'il reste persuadé tout du long que son incarcération est une erreur. Il écrit à plusieurs reprises à Staline, convaincu que quand ce dernier aura connaissance de son cas il lui rendra justice. Ce comportement navre un peu l'auteur :

    "Il n'est pas admirable et c'est peut-être ça qui est intéressant, c'est un type moyen, un communiste qui ne se pose pas de question, ou plutôt qui est obligé de commencer à s'en poser à présent, mais il a fallu qu'on lui fasse une violence extraordinaire, pour qu'il en vienne là, timidement. C'est un innocent moyen. Dreyfus aussi était décevant, paraît-il, d'une autre façon. "Parce qu'il a été condamné injustement, disait de lui Bernard Lazare (cité par Péguy), on lui demande tout, il faudrait qu'il ait toutes les vertus. Il est innocent, c'est déjà beaucoup."

     

    Olivier Rolin, Le météorologue, Seuil-PaulsenVangengheim, lui, affecté au jardinage, organise les pierres sur ses plates-bandes pour dessiner des slogans à la gloire du communisme. Il s'occupe aussi à réaliser des mosaïques dont un petit portrait de Staline qu'il envoie à sa femme.

     

    Le deuxième personnage que je découvre c'est Olivier Rolin. Je n'avais encore jamais rien lu de lui. Je comprends qu'il a cru à l'utopie communiste et qu'il en est revenu. Il est donc très sévère pour les crimes de Staline.

    "L'histoire du météorologue, celle de tous les innocents exécutés au fond d'une fosse, sont une part de notre histoire dans la mesure où ce qui est massacré avec eux c'est une espérance que nous (nos parents, ceux qui nous ont précédés) avons partagée, une utopie dont nous avons cru, un moment au moins qu'elle "était en passe de devenir réalité". Et l'ignominie est si grande qu'elle est massacrée sans retour."

     

    J'apprécie vraiment qu'il dise clairement ce qu'a été concrètement la Grande Terreur. L'ignominie ce sont des gens nus, entravés, abattus d'une balle dans la nuque dans une fosse commune. Les nazis ne se sont pas comportés différemment. Mais eux ils n'avaient pas promis à l'humanité un avenir radieux. J'ai aimé cet ouvrage qui est à la fois un livre d'histoire et une réflexion sur les retombées de cette histoire.

     

    "On se prend à se demander ce qui se serait passé si la folie de Staline, décapitant toutes les élites du pays, scientifiques, techniques, intellectuelles, artistiques, militaires, décimant la paysannerie et jusqu'à ce prolétariat au nom de quoi tout se faisait, dont l'URSS était supposée être la patrie, n'avait pas substitué, comme ressort de la vie soviétique, la terreur à l'enthousiasme. L'introuvable "socialisme" que les "héros" s'imaginaient construire, et ceux aussi, comme Alexeï Féodossiévitch Vangengheim, qui n'étaient pas des héros, seulement d'honnêtes citoyens soviétiques, aimant leur travail, pensant servir le peuple en le faisant avec compétence, peut-être aurait-il existé ? Peut-être se serait-il avéré un système infiniment préférable au capitalisme ? Peut-être le monde entier, à part quelques pays arriérés, serait-il devenu socialiste ?"

     

    L'auteur s'est notamment appuyé sur Goulag de Anne Appelbaum et Voyage au pays des ze-ka de Julius Margolin.

    L'avis de Papillon.


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    Marc Dugain, L'emprise, GallimardUn ingénieur dans le nucléaire, délégué syndical dans la grande entreprise française Arlena, disparaît au moment où sa femme et son fils sont abattus. Il semble qu'il posait beaucoup de questions sur un nouveau contrat avec la Chine. C'est l'agente des services secrets Lorraine K qui est chargée d'enquêter sur cette disparition. Elle enquête aussi sur un sous-marin nucléaire qui aurait coulé un voilier de course, causant la mort du skippeur. Le patron de Lorraine c'est Corti. Corti est en relation avec Philippe Launay, favori, d'après les sondages, à la prochaine présidentielle. Launay n'a aucune conviction à laquelle il tienne, il veut simplement gagner le pouvoir. Mais il y a aussi Lubiak, du même parti que Launay et qui est lui aussi prêt à beaucoup pour obtenir l'investiture. Launay ou Lubiak, une campagne ça coûte cher.

     

    Hommes politiques corrompus, espions, famille assassinée, entreprise nucléaire maniant de gros contrats : je m'attendais à un thriller. Déception, c'est... c'est quoi ? Difficile à dire, je vais tâcher de m'expliquer.

    D'abord le positif : Marc Dugain écrit bien, il a le sens de la formule ciselée mais (c'est le négatif qui commence) tout du long de ma lecture ça me donne l'impression d'être une surface lisse qui ne recouvre rien. Il y a bien une critique de la vie politique française contemporaine, de la mondialisation, mais qui me paraît très convenue. Mais il me semble que si un écrivain pense que c'est pas bien que nos dirigeants s'accoquinent avec les grandes entreprises pour gagner plus d'argent ou plus de pouvoir en méprisant le citoyen, il ne doit pas se contenter de dire "c'est pas bien". Il faut le gueuler que c'est un scandale ! Sinon ce n'est pas la peine d'écrire un livre à ce sujet ! Voilà, L'emprise (ça veut dire quoi, d'ailleurs, ce titre ?) manque singulièrement de tripes. Et c'est typiquement le roman dont, dans deux mois, je ne me souviendrai même plus que je l'ai lu.

     

    L'avis de Keisha.


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    Ken Follett, Lespiliers de la terre, Le livre de pocheQuand la vieille cathédrale de Kingsbridge brûle en 1135, Tom le bâtisseur y voit la chance de sa vie : il va pouvoir réaliser son rêve de bâtir une cathédrale. Le prieur Philip, chef du prieuré de Kingsbridge accepte de l'engager, même si l'argent manque. Pour financer la construction Philip va devoir manoeuvrer contre de puissants opposants. L'évêque Waleran Bigot est un arriviste qui a pour ambition de s'élever aux plus hautes fonctions ecclésiastiques. La famille Hamleigh convoite le comté de Shiring. Le fils, William Hamleigh, est un jeune homme qui prend son plaisir en terrorisant, en brutalisant, en violant et en tuant. Pour une raison ou une autre la construction de la cathédrale contrecarre les projets de ces personnages peu regardants sur les moyens et qui vont tout faire pour la faire échouer.

     

    En ce milieu du 12° siècle la situation politique troublée facilite les agissements de ceux qui ne s'embarrassent pas de scrupules. Une guerre civile a éclaté après la mort sans héritier mâle direct du roi Henry. Maud, fille légitime d'Henry s'est alliée à Gloucester, son demi-frère, bâtard du roi. Ils s'opposent à leur cousin Stephen. Selon que les combats avantagent l'un ou l'autre camp certaines alliances peuvent se révéler plus ou moins avantageuses et favoriser ou non la construction de la cathédrale. Ceux qui perdent presque à tous les coups ce sont les civils, surtout les plus pauvres, victimes des pillages et de la faim.

     

    J'ai souvent vu le nom de Ken Follett dans la presse ces derniers temps à l'occasion de la parution de son dernier ouvrage. C'était le moment de découvrir cet auteur dont on m'avait déjà dit qu'il devrait me plaire vu mon goût pour l'histoire. Et en effet je n'ai pas été déçue. Si ça n'est pas super bien écrit le livre est difficile à lâcher une fois commencé. Un véritable page turner ! Dès le début on a compris que ce sont les gentils qui vont gagner mais avant d'en arriver là, que de rebondissements ! C'est un vrai roman d'aventures. Les aspects historiques sont manifestement bien documentés. Il y a une "suite", Un monde sans fin, qui se déroule 200 ans plus tard et que j'ai prévu de lire prochainement.

     

    Ken Follett, Lespiliers de la terre, Le livre de poche

     

     

     

     

    En cherchant une image pour illustrer mon article j'ai découvert qu'une mini-série avait été tirée du roman. J'ai commencé à la regarder aussitôt après avoir fini ma lecture. Là je peux dire que j'ai été déçue. Je me doutais bien que pour faire entrer 1000 pages dans huit épisodes de 50 mn il allait falloir simplifier et raccourcir mais je découvre un scénario où de nombreux événements ont été dramatisés : des morts naturelles ou accidentelles transformées en meurtres, une mère autoritaire devenue incestueuse, les héros échappant à la mort de justesse. Je trouve que cela donne un résultat caricatural.


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    Anthony Trollope, Le docteur Thorne, PointsLe docteur Thorne, médecin de campagne dans l'Angleterre du milieu du 19° siècle, a élevé comme sa propre fille Mary, la fille illégitime de son frère décédé. Frank Gresham, le fils du squire -le seigneur- local, ami d'enfance de Mary, l'aime et souhaite l'épouser. Mais le squire, pour donner à sa femme, de plus haute naissance que lui, un cadre de vie correspondant à son rang, a du s'endetter et toute la famille considère maintenant que Frank doit épouser une fortune pour redorer son blason. Or Mary est sans fortune. La mère de Frank, lady Arabella, va s'efforcer par tous les moyens de séparer les amoureux et de pousser son fils dans les bras d'une riche héritière. Si lady Arabella est très imbue de ses origines et de son sang pur on comprend que, pour cette femme, devant l'argent tout s'efface. Qu'importe la naissance pourvu qu'on ait la fortune.

     

    Sir Roger Scatcherd, un ancien maçon, a fait fortune dans la construction de ponts et de chemins de fer et a été anobli par la reine. Il est aujourd'hui propriétaire d'une partie des anciennes terres des Gresham et le squire a hypothéqué en son nom le reste de ses propriétés. Le docteur Thorne est le seul à savoir que Mary est la fille de la soeur de sir Roger.

     

    Après Miss Mackenzie je retrouve avec grand plaisir Anthony Trollope. J'apprécie sa critique de la société de son temps, de l'importance attachée à la naissance et de la valeur supérieure que conférerait à certains individus leur sang pur. Le docteur Thorne qui juge les gens à leurs actes et non à leurs origines est le représentant de cet esprit critique.

    J'apprécie aussi l'analyse psychologique des personnages qui sont généralement traités avec sympathie. Même quand ils se conduisent mal l'auteur montre qu'ils peuvent avoir des excuses.

    J'apprécie enfin la façon dont Anthony Trollope prend le lecteur à témoin avec beaucoup d'humour. La lecture est souvent très drôle.


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    Germaine Acremant, Ces dames aux chapeaux verts, HachetteDe passage chez ma belle-mère je tombe sur ce roman, lu et sans doute relu dans mon enfance, c'est à dire il y a environ 40 ans. Le copyright est de 1922 et l'édition que j'ai entre les mains de 1964. Est-ce que c'est encore lisible en 2014 ? Mais oui, tout à fait. Germaine Acremant a une bonne plume, le style est enlevé et je ne m'ennuie pas un instant. Si le regard porté sur la société est bien de son époque il y a aussi ici ou là une prise de position qui me paraît plus originale.

     

    De quoi s'agit-il ?
    Après le suicide de leur père ruiné par des placements hasardeux, Arlette, une jeune fille de 18 ans, et son frère Jean se retrouvent bien démunis (au passage, la perte de la fortune familiale semble les affecter plus que la mort du paternel). Heureusement, leur notaire a des solutions à proposer, comme l'explique Jean à Arlette :

     

    "- Moi, il m'envoie aux colonies. (...) Je serai très raisonnablement payé. Avec de l'initiative et du courage, on estime que je peux gagner une petite fortune...

    -Tu acceptes donc de partir ?

    -Dame ! Je n'ai pas le choix... Quand un homme a été élevé comme je l'ai été, il ne peut pas s'abaisser à prendre une place inférieure dans une administration... Il doit songer à ses relations... Et puis j'ai un besoin d'indépendance que Paris ne permet qu'aux gens riches... Evidemment je connaîtrai des heures pénibles là-bas... Il y aura des efforts à donner... il y aura des privations à endurer... il y aura de très longues soirées, dans une solitude navrante, devant des horizons mortels... Mais j'aurai pour me soutenir, la perspective du retour...

    -Tu as raison... D'ailleurs, ces longues soirées, nous ferons tout pour les égayer... Et nous y parviendrons...

    -Nous ?

    -Bien sûr ! tu ne t'imagines pas que je vais rester ici toute seule. Je t'accompagnerai... (...)

    -Hélas ! ma petite chérie, c'est impossible !

    -Pourquoi ?

    -Parce que la place d'une jeune fille n'est pas au milieu des nègres..."

    (Pauvre Jean, il va devoir travailler, tout seul chez les nègres...)

     

    Mais que va devenir Arlette ?

    Elle sera recueillie par ses cousines Davernis de Saint Omer, quatre vieilles filles âgées de 35 à 55 ans et surnommées "Ces dames aux chapeaux verts". Pauvre Arlette, parisienne dans l'âme recluse en province entre quatre bigotes. On se demande si son sort n'est pas pire que celui de son frère. Quand elle découvre qu'une de ses cousines a eu autrefois un amoureux que sa mère a refusé qu'elle épouse, elle décide de relancer l'affaire.

     

    Germaine Acremant adopte le point de vue de son héroïne et sans doute de sa lectrice que j'imagine parisienne, moderne, de bonne famille, visitant des expositions, conduisant une automobile ou jouant au tennis en attendant de faire un beau mariage. La vie de province, les vieilles filles et les professeurs de collège sont des repoussoirs, plus ou moins gentiment ridiculisés. L'action se déroule dans une France hors de l'histoire. Pas une allusion à la Grande Guerre qui a pris fin quatre ans avant la rédaction du roman et qui pourrait expliquer l'abondance de femmes sans hommes. Aucun parallèle entre la situation d'Arlette, qui ne peut espérer se "libérer" que par le mariage, et celle de ses cousines. Si elles sont vieilles filles, ça doit être de leur faute. C'est dire si je n'attendais pas un véritable plaidoyer pour la vieille fille sur lequel je tombe soudain :

     

    "Vieilles filles ! Nous sommes des vieilles filles ! On nous désigne ainsi quand nous passons. On fait presque de ce nom une injure qu'on nous jette à la face. (...) Nous ne sommes pas élégantes, nous sommes laides, nous demeurons isolées. Comment nous jugerait-on si nous vivions autrement ? Nous voyez-vous, en toilettes tapageuses, courant les fêtes ? Vieilles filles ? c'est certain que nous le sommes, vieilles filles ! mais pourquoi le sommes-nous, est-ce qu'on s'en inquiète ? (...) Il y a les femmes d'un seul amour, qui ont attendu d'un homme, qui ne leur a pas été donné, l'aveu qu'une autre a reçu... Il y a les femmes de devoir, qui ont consacré leur jeunesse à des parents malades (...) Il y a des femmes pauvres, dont le seul crime était de n'avoir pas de dot... Il y a... il y en a des quantités d'autres,... mais surtout il y a le troupeau lamentable des femmes qui n'ont jamais été jolies. Peu importe qu'elles aient eu la bonté, l'éducation, l'intelligence, tout ce que la volonté personnelle peut acquérir et développer."

     

    Même si, tout du long du roman, c'est le ton moqueur qui l'emporte voilà un effort de réflexion critique qui est bienvenu et qui montre que Germaine Acremant était capable de me surprendre. Celles qui ont apprécié ce roman autrefois doivent pouvoir encore y trouver de l'intérêt.

     

    L'avis d'Elynor.

     


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    Tracy Chevalier, La dernière fugitive, Quai Voltaire

     

    Honor Bright est une Quaker, une Amie. Elle vit avec ses parents à Bridport en Angleterre. En 1850, quand sa soeur Grace part pour les Etats-Unis épouser son promis installé dans l'Ohio, Honor l'accompagne. Malheureusement Grace décède peu après leur arrivée en Amérique et Honor se retrouve isolée dans un pays si différent du sien.

     

     

    Ce roman me permet de découvrir la communauté quaker. A la lecture de la dédicace je comprends que Tracy Chevalier a fréquenté des Quakers et qu'elle a vécu dans les lieux où elle situe l'action de son roman. Les Quakers mènent une vie réglée et tempérée. Pas d'alcool, pas de tabac, pas de distractions inconvenantes ou d'oisiveté. Quand elle n'est pas occupée par les tâches ménagères, Honor confectionne des quilts. Il s'agit de courtepointes matelassées en patchwork (à la mode anglaise) ou en appliqué (à la mode américaine). En visite chez des voisines ou pendant ses moments de pause, Honor est toujours occupée. Elle découpe, elle faufile, elle assemble. Il y a plein de détails sur la fabrication et les différents motifs qui m'ont presque donné envie de me mettre au quilt. Le style d'écriture qui m'a paru un peu ennuyeux au début rend en fait fort bien l'ambiance de cette vie simple, généralement sans événements marquants.

    Tracy Chevalier, La dernière fugitive, Quai Voltaire

    Un quilt en patchwork avec le motif "étoile de Béthléem"

    Bon mais c'est un roman quand même et il faut donc bien des événements marquants. Il s'agira de la découverte par Honor et de sa participation au chemin de fer clandestin, le réseau d'aide aux esclaves en fuite. L'Ohio se situe à la frontière du Canada, pays refuge pour les fugitifs et les Quakers sont des abolitionnistes donc disposés à apporter leur soutien à ceux qui cherchent la liberté. Il y a une intéressante réflexion sur l'origine du coton utilisé pour les quilts et une volonté de s'approvisionner en produits du "commerce équitable" :

     

     

    Tracy Chevalier, La dernière fugitive, Quai Voltaire

     

    "Il y a eu un débat sur l'origine de ce coton : on s'est demandé s'il avait été cultivé et récolté par des esclaves. Judith Haymaker nous a assuré qu'Adam Cox l'avait acheté pour elle à un marchand de Cleveland qui travaille avec des plantations du Sud ne recourant pas aux esclaves. J'ai entendu parler d'un magasin à Cincinnati, tenu par un Ami, où toutes les marchandises sont garanties de provenance inattaquable sur ce plan-là."

     

    C'est donc finalement une lecture que j'ai trouvé plaisante. Une rapide recherche complémentaire sur les Quakers me confirme qu'il s'agit d'une intéressante communauté.

     

    Un quilt en appliqué


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    Dan Waddell, Depuis le temps de vos pères, Babel noirUne femme est retrouvée assassinée dans son jardin de Londres, sa fille de 14 ans a disparu. L'ADN d'un cheveu d'homme retrouvé sur le cadavre montre qu'il appartient à un parent de la victime. La police a alors recours aux services du généalogiste Nigel Barnes pour dresser l'arbre généalogique de la famille et arrêter une liste de suspects potentiels.

     

    Comme dans Code 1879 on retrouve dans ce deuxième épisode de la série les racines du crime dans un lointain passé familial troublé. Ici leur enquête historique et policière emmène nos héros jusqu'à Salt Lake City chez les Mormons. Il faut dire que cette secte s'y prête particulièrement puisque, dans un souci de sauver l'humanité, elle a entrepris de baptiser un maximum de personnes déjà décédées. Dans ce but les Saints des derniers jours copient des registres d'état civil dans le monde entier, les numérisent et les stockent dans leur capitale de l'Utah où ils sont accessibles au public. Un rêve pour un généalogiste passionné comme Nigel Barnes. Il est question d'une branche dissidente des Mormons, des intégristes, qui pratiquent toujours la polygamie, et pire encore.

     

    Je lis avec grand plaisir ce deuxième épisode. Le récit est bien mené, il y a du suspense, une pointe d'humour et j'ai peine à lâcher ma lecture. Il y a une happy end qui fait plaisir même si la facilité avec laquelle certaines situations évoluent paraît un peu facile après la série de crimes atroces qui précède.

     

    L'avis de Maggie.


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