Une philosophie pour éclairer notre vie

Après avoir lu Le problème Spinoza j'ai eu envie d'en savoir plus sur ce penseur. J'avais aussi besoin de faire la différence entre ce qui, dans le roman, était historique et ce qui était inventé. En ce qui concerne la biographie de Spinoza Frédéric Lenoir raconte la même chose que Irvin Yalom qui a juste ajouté le personnage de Franco. Ici cependant Spinoza apparaît beaucoup moins solitaire. Entouré d'un vaste réseau d'amis et de disciples, le personnage acquiert plus d'épaisseur. La présentation des idées du philosophe est aussi plus approfondie. L'auteur part des textes et les explique, les reformule. Les textes sont compliqués, je n'ai pas toujours tout compris. Leur commentaire est beaucoup plus à ma portée avec des exemples concrets pour illustrer le propos.

Spinoza a accompli une lecture critique de la Bible qui lui permet de montrer qu'elle n'a pas été écrite par Moïse. Il pense que les écritures sacrées ne sont pas à prendre au pied de la lettre, que la superstition est le meilleur moyen de gouverner la masse et prend le plus souvent le visage de la religion. Il fait peu de cas de l'identité juive : pour lui les Juifs doivent s'assimiler, ce qui mettra fin aux discriminations.

Spinoza croit-il en Dieu ? C'est une question qui prête à discussion entre spécialistes. Frédéric Lenoir pense que oui, que Spinoza est déiste, que pour lui Dieu n'a pas créé le monde (le cosmos) qui existe de toute éternité et qu'il ne lui est pas extérieur. Si les êtres humains ont créé un Dieu à leur image c'est pour se rassurer selon une vision finaliste (tout est fait dans la nature pour le bien de l'homme) et utilitariste (je donne quelque chose à Dieu pour qu'il m'apporte sa protection) de la religion qui n'est dans ce cas qu'une superstition. D'autres pensent par contre que Spinoza était athée mais qu'il ne l'a pas écrit clairement parce que c'était trop dangereux à l'époque. C'est le cas du philosophe Robert Misrahi. Frédéric Lenoir joint en fin d'ouvrage un échange de courriers avec ce dernier dans lequel ils discutent de ce désaccord.

En matière de politique Spinoza pense que la meilleure organisation publique est celle qui laisse à chacun la liberté de croire de penser et de s'exprimer. Pour l'auteur il est un précurseur des Lumières et le père de notre modernité politique qui a pensé le pacte social, la démocratie, la laïcité, l'égalité de tous les citoyens devant la loi, la liberté de croyance et d'expression.

Comment Spinoza peut-il éclairer notre vie ? Spinoza ne considère pas le corps et l'esprit comme deux substances différentes mais comme une seule et même chose. Notre corps et notre esprit sont affectés positivement ou négativement par d'autres corps et idées. La sagesse c'est d'arriver à comprendre ce qui nous fait du bien ou du mal pour favoriser les bonnes rencontres (qui nous font grandir) et éviter les mauvaises (qui nous diminuent). En même temps Spinoza ne croit pas au libre arbitre. Si nous nous croyons libres c'est que nous n'avons pas conscience des causes qui motivent nos actions. Etre libre c'est être pleinement soi-même, c'est agir selon sa propre nature et non pas sous l'influence de causes extérieures. Etre soi-même c'est répondre aux déterminations de sa nature.

En ce qui me concerne je ne suis pas sûre que la découverte de la philosophie de Spinoza va éclairer ma vie d'un jour nouveau mais j'ai apprécié d'approfondir ma connaissance de ce personnage intéressant.