• Irvin Yalom, Le problème Spinoza, Le livre de poche

     

    Irvin Yalom, Le problème Spinoza, Le livre de pocheEn 1941 l'ERR -Einsatztab (corps expéditionnaire) du Reichsleiter Rosenberg- qui a pour mission le vol des objets d'art et des livres appartenant aux Juifs, met la main sur la bibliothèque de Baruch Spinoza, conservée dans un petit musée de Rijnsburg. Irvin Yalom a imaginé qu'Alfred Rosenberg avait un intérêt personnel pour Spinoza ce qui lui a donné l'idée de ce roman où il croise les histoires des deux personnages.

     

     

    Bento (son prénom portugais) Spinoza (1632-1677) est né à Amsterdam d'une famille juive d'origine portugaise. En 1656 il est chassé de la communauté par un herem, une excommunication, pour ses idées jugées scandaleuses. Spinoza considère en effet comme superstitions tous les rites religieux et souhaite la disparition des religions. En attendant il est pour la séparation de la politique et de la religion. Il ne croit pas qu'il y ait une vie après la mort et identifie Dieu à la Nature. C'est dire si sa pensée est largement en avance sur son temps. Pour Spinoza chacune de nos pensées, de nos actions, de nos sentiments a des causes compréhensibles, rien n'arrive par hasard. L'avenir est déterminé parce que l'on a vécu, par notre personnalité physique et psychologique. L'auteur, psychanalyste de profession, le voit même comme un précurseur de la psychanalyse.

     

    Irvin Yalom, Le problème Spinoza, Le livre de poche

    A Amsterdam

     

    Alfred Rosenberg (1893-1946) est un Allemand d'Estonie. A 16 ans il a lu l'auteur antisémite Houston Stewart Chamberlain et a été conquis par ses idées. En 1919 il s'installe à Munich où il participe à la naissance du parti nazi dont il devient un des idéologues. Imbu de lui-même, convaincu d'être d'une intelligence supérieure et entouré d'imbécile qui ne peuvent comprendre sa pensée magistrale, Rosenberg ne suscite guère la sympathie, même chez les nazis. Il est un grand admirateur d'Hitler qui le méprise en retour et jamais il n'atteint le rôle de premier rang qu'il pensait mériter. Il a quand même été rédacteur en chef du Völkischer Beobachter, l'organe du parti, chargé de diriger la confiscation de l'ensemble des ouvrages des bibliothèques juives et franc-maçonnes des territoires occupés par les nazis et ministre du Reich aux territoires occupés de l'est. Il a écrit Le mythe du 20° siècle, best-seller classé n°2 après Mein Kampf mais illisible tellement sa prose est alambiquée. Après la chute du régime nazi il est considéré par les Alliés comme un de ses grands criminels, jugé à Nüremberg, condamné à mort et exécuté.

     

     

    Irvin Yalom s'essaie à une psychanalyse post-mortem de ses deux personnages. A côté de Spinoza il place Franco Benitez, habile à poser à son ami les questions qui le poussent à l'introspection. Franco, personnage imaginaire, est un converso, Juif du Portugal convertit de force au catholicisme, retourné au judaïsme après s'être réfugié aux Pays-Bas. Parmi ceux qui ont vécu ces péripéties, certains ont perdu la foi et ne s'attachent au judaïsme que dans le but rassurant d'appartenir à une communauté. Amsterdam, qui abrite de nombreux Juifs d'origine portugaise, est le lieu de débats parfois violents sur la religion et notamment le comportement à adopter à l'égard des Juifs qui se sont convertis pour sauver leur vie.

    Quant à la psychanalyse d'Alfred Rosenberg, je crois que c'est Irvin Yalom lui-même qui s'en charge, caché derrière le personnage du docteur Friedrich Pfister.

     

     

    L'ouvrage est construit en alternant un chapitre de la vie de Spinoza et un de celle de Rosenberg. Ce découpage qui fonctionne très bien pour les thrillers en faisant monter la pression n'est pas une très bonne idée ici, à mon avis. Vu qu'il n'y a pas vraiment d'action cela coupe au contraire l'élan et donne au récit un rythme poussif. Les dialogue entre Spinoza ou Rosenberg et leurs faire-valoir m'apparaissent souvent artificiels. Peut-être que la forme de l'essai aurait été plus appropriée que celle du roman. Cependant j'ai apprécié le cadre historique. Cela m'a donné envie d'en apprendre plus sur Spinoza et m'a rappelé que depuis longtemps je me dis qu'il faut que je lise une biographie d'Hitler ou une histoire du nazisme.

     

     

    L'avis de Gambadou.


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