• Jules Verne, Deux ans de vacances, Le livre de poche

     

    Jules Verne, Deux ans de vacances, Le livre de pocheEn mars 1860 un schooner avec à son bord 15 garçons de 8 à 14 ans, tous élèves de la pension Chairman à Auckland, Nouvelle Zélande, se perd dans le Pacifique sud puis fait naufrage sur une île déserte. Les enfants vont devoir s'organiser pour survivre. Heureusement quasiment tout est récupérable dans l'épave du bateau qui s'est échoué sur une plage. Il y a des provisions, des armes et des munitions, des outils, tout ce qui est nécessaire à la vie le temps de s'organiser. Il y a même le chien de Gordon et le petit accordéon de Garnett. Moi qui joue de cet instrument depuis trois ans j'ai été contente de le voir participer à l'aventure mais j'ai constaté que Jules Verne, lui, ne l'appréciait guère : "Quelquefois aussi, l'accordéon de Garnett laissait échapper une de ces harmonies écoeurantes que le malencontreux mélomane "soufflait" avec une conviction regrettable".

     

     

    Une fois le logement assuré les jeunes naufragés vont vivre essentiellement de la chasse et de la pêche. C'est viande à tous les repas avec un peu de cueillette et de conserves de légumes sauvées du naufrage mais point trop n'en faut. L'approvisionnement est surtout fourni par Doniphan, Webb et Wilcox, chasseurs forcenés qui ne peuvent s'empêcher de tirer sur tout animal, même non comestible. Et il y a de quoi faire : manchots, phoques, tortues de mer, vigognes, jaguars, couguars, chacals, même un hippopotame (si, si) et toutes sortes de volatiles. Par souci d'économiser les munitions, Gordon, comptable et chef de la petite communauté, essaie de freiner les ardeurs de ses camarades qui estiment que prendre du gibier au piège n'est pas sport. Le résultat de ces chasses merveilleuses est cuisiné par Moko, le mousse noir de 12 ans qui tient le rôle de domestique.

     

     

    Car chacun est bien à sa place dans la société qui s'est reconstituée sur l'île Chairman à l'image de celle que les naufragés ont quittée. Il ne s'agirait pas de se laisser aller à la paresse ou de se croire en vacances malgré le titre du roman. Les enfants se sont donné un chef qui a même le pouvoir de distribuer des châtiments corporels. Et quand il s'agit d'en changer au bout d'un an, on vote : "Comme la colonie comptait quatorze membres -Moko, en sa qualité de noir, ne pouvant prétendre et ne prétendant point à exercer le mandat d'électeur- sept voix, plus une, portées sur le même nom, fixeraient le choix du nouveau chef".

    De même, quand les circonstances font débarquer une femme sur l'île, elle devient mère de substitution -alors qu'aucun des enfants n'a montré jusqu'alors que ses parents pouvaient lui manquer- : "On ne peut trop le redire, l'excellente créature avait reporté sur les plus jeunes enfants de la colonie tout ce que son coeur contenait de tendresses maternelles, et jamais elle ne leur marchandait ses caresses. "Je suis comme cela, mes papooses ! Répétait-elle, c'est dans ma nature que je tricote, tripote et fricote !" Et en vérité, est-ce que toute la femme n'est pas là !"

    Si les coups de fouet ou de badine semblent gêner Jules Verne il valorise l'éducation britannique qui responsabilise les garçons et leur permet d'être plus rapidement autonomes. La morale c'est qu'avec "de l'ordre, du zèle, du courage, il n'est pas de situations, si périlleuses soient-elles, dont on ne puisse se tirer".

     

     

    Jules Verne a fait ma joie quand j'étais enfant et cela fait longtemps que j'avais envie de relire ce roman. Malgré tous les préjugés trimballés par l'auteur je dois dire que j'ai apprécié cette lecture et que je ne me suis pas ennuyée un instant. C'est que les découvertes se succèdent, toutes plus merveilleuses les unes que les autres. Quand ce n'est pas la faune c'est la flore ou la géographie de cette île de cocagne. Les jeunes héros sont imaginatifs et pleins de ressource. Il y a donc tout ce qu'il faut pour plaire à des enfants rêveurs, petits ou grands.

     

     

    D'autres lectures dont les personnages sont isolés ou confinés :

    - Philip K. Dick, La vérité avant dernière

    - Marlen Haushofer, Le mur invisible

    - Jean Hegland, Dans la forêt

    - Arto Paasilinna, Prisonniers du paradis

    - Philippa Pearce, Le jardin secret

    - Vassili Peskov, Ermites dans la taïga

     

    Et vous, est-ce que la situation actuelle vous donne des envies particulières de lectures ?

     


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  • Commentaires

    1
    Vendredi 17 Avril 2020 à 18:40

    Je l'ai dans ma PAL; Je compte le lire... Dès que j'ai du temps. cette année, j'ai relu voyage au centre de la terre et le tour du monde en 80 jours. J'apprécie vraiment :-)

      • Samedi 18 Avril 2020 à 10:44

        Ah, Voyage au centre de la terre, j'avais beaucoup aimé aussi.

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