• Orhan Pamuk, Le musée de l'innocence, Gallimard

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     Kemal est amoureux de Füsun mais doit se fiancer avec Sibel. Kemal et Füsun vivent une courte liaison à laquelle Füsun met fin suite aux fiançailles de Kemal et Sibel. Kemal est très malheureux et trouve du réconfort au contact d'objets que Füsun a touchés. Après que Sibel ait rompu ses fiançailles avec Kemal ce dernier retrouve Füsun mais elle est mariée avec Feridun. Pendant huit ans Kemal va alors fréquenter très régulièrement le jeune couple qui vit chez les parents de Füsun. Pendant ces huit ans il emporte, très régulièrement aussi, à l'occasion de ses visites, des objets qui lui rappellent Füsun et qu'il entrepose dans l'appartement qui abrita leurs rendez-vous, au temps de leur liaison.

     

    Le musée de l'innocence est l'histoire d'une obsession amoureuse. Kemal, le narrateur, ne peut pas et ne veut pas oublier Füsun. Pendant huit ans il se satisfait de la rencontrer en présence d'autres personnes, amis ou parents et toute sa vie est orientée vers ces rencontres, à un point qu'il en néglige sa famille et son travail. Kemal n'a aucune occasion d'intimité avec Füsun et est donc amener à imaginer ce que peuvent signifier des paroles, des gestes, des regards qu'il interprète comme des encouragements à son amour.

     

    C'est un ouvrage très nostalgique ("C'était le moment le plus heureux de ma vie, je ne le savais pas." -première phrase du roman) et l'écriture d'Orhan Pamuk sert particulièrement bien cette nostalgie. J'aime particulièrement le chapitre "Parfois" qui liste les petits moments de bonheur passés par Kemal dans la famille de Füsun :

     

    "Parfois, nous restions assis sans rien faire. Parfois, tout comme nous, Tarιk Bey s'ennuyait devant la télévision et lisait son journal du coin de l'oeil. Parfois, une voiture descendait bruyamment la côte en klaxonnant; à ce moment-là, nous nous taisions et tendions l'oreille jusqu'à ce qu'elle soit passée. Parfois, il pleuvait et nous écoutions le bruit des gouttes sur les vitres. Parfois, "Comme il fait chaud !" disions-nous. Parfois, Tante Nesibe oubliait sa cigarette dans le cendrier et en allumait une autre dans la cuisine. Parfois, je parvenais à contempler la main de Füsun quinze ou vingt secondes d'affilée sans que personne ne s'en aperçoive, et je m'éprenais encore plus d'elle (...)"

     

    En même temps j'avoue que l'inertie du narrateur pendant ces huit ans m'a un peu pesée et que j'ai parfois trouvé le temps long.

     

    Il y a aussi une peinture de la vie de la bourgeoisie occidentalisée d'Istanbul au milieu des années 70 que je trouve très intéressante. A ce moment Füsun souhaite devenir actrice de cinéma et espère que Kemal pourra financer ses débuts. Nos héros étudient alors les rouages de la censure, fréquentent les cinémas populaires en plein air. L'arrière-plan politique est celui d'une époque troublée où les affrontements meurtriers entre l'extrême droite et l'extrême gauche ne cessent qu'à l'occasion d'un coup d'état.

     

    A la fin Kemal décide d'ouvrir un musée pour tous les objets qu'il a accumulés pendant des années. Il engage Orhan Pamuk (personnage de son propre roman !) pour qu'il rédige son histoire qui devra servir de catalogue à son musée. Le musée de l'innocence se veut donc le catalogue du musée de l'amour de Kemal pour Füsun. Dans la réalité Orhan Pamuk vient d'ouvrir à Istanbul, en avril 2012, ce musée qu'il avait en projet depuis la rédaction du roman en 2006. J'ai découvert tout ceci dans un article du Monde du 28 avril 2012 et c'est ce qui m'a donné envie de lire ce livre. Je n'avais encore jamais rien lu de Pamuk. Cette lecture me donne envie de continuer ma découverte de l'auteur et de retourner à Istanbul. Pour visiter le musée de l'innocence, il faudrait apporter le livre.

     

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  • Commentaires

    1
    Lundi 3 Septembre 2012 à 12:00
    j'ai un peu de mal avec les romans de Pamuk y compris ceux qui sont très célèbres, par contre j'ai aimé ces essais et ses souvenir sur Istambul
    2
    Mardi 4 Septembre 2012 à 12:00
    De cet auteur, j'ai lu "Neige" qui m'avait beaucoup ennuyée... Du coup, j'ai un peu abandonné l'idée de découvrir plus avant Orhan Pamuk mais ce que tu dis de ce livre me donne envie de retenter l'expérience... sait-on jamais.
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    3
    Jeanne
    Lundi 10 Septembre 2012 à 12:00
    Oh moi j'ai beaucoup aimé Neige ! Au contraire par contre, D'autres couleurs m'est tombé des mains très vite... Après je me dis que c'est peut-être le style turc ; j'avais commencé Regarde donc l'Euphrate charrier le sang de Yasar Kemal, et même si c'est bien écrit ça paraît assez long des fois...
    4
    Mercredi 24 Octobre 2012 à 12:00
    En voilà une découverte dépaysante bien comme je les aime. Je suis actuellement dans un roman iranien et ça sort complètement des sentiers battus, comme ça a l'air d'être le cas avec celui-ci.
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