• tome 1 : Les limons vides

     

    Les limons ce sont les bras d'une charrette qui permettent de l'attacher au cheval.

     

    L'histoire se déroule dans la première moitié du 19° siècle, dans le nord de la Norvège, le Nordland. A l'âge de cinq ans, Dina a été responsable d'un accident qui a coûté la vie à sa mère. Traumatisée, délaissée par son entourage, elle grandit en enfant sauvage qui n'a que faire des conventions sociales. Son mariage à l'âge de 16 ans est organisé et vécu comme une libération par son père et sa belle-mère.

     

    "Son corps était celui d'un animal bien développé. Mais la veille de son mariage elle grimpa dans le grand bouleau et y resta longtemps. Et elle avait des écorchures sur les deux genoux parce qu'elle était tombée en courant sur les rochers pour dénicher des oeufs de mouette."

     

    Je retrouve avec plaisir le même cadre que dans Cent ans sauf qu'ici le roman se déroule un peu plus tôt. Après son mariage avec Jacob, Dina s'installe à Reinsnes, un comptoir sur la côte. C'est un endroit où les bateaux peuvent faire escale, qui sert d'auberge et où on vend diverses denrées. C'est peu de dire que cette sauvageonne va perturber la vie bien réglée des habitants du comptoir, à commencer par celle de Jacob qui a plutôt l'âge d'être son père et qui n'avait pas envisagé que son mariage serait aussi fatiguant.

     

     

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  • Image Hosted by ImageShack.usEn se réveillant un matin, Hanna, trois ans, constate qu'elle est seule à la maison. Où sont passés maman et son petit frère ? En attendant que quelqu'un vienne à son secours, la petite fille dégourdie va mettre tout en oeuvre pour survivre dans le milieu hostile qu'est l'appartement familial pour une enfant de son âge.

     

    Pendant ce temps, à l'extérieur, la vie continue pour l'équipe du commissariat d'Hammarby à Stockholm. On a retrouvé une femme morte dans un parc et à côté un bébé en hypothermie dans sa poussette. Une jeune fille a été étranglée dans les toilettes d'un ferry entre la Suède et la Finlande. Surtout Carin Gerhardsen fait vivre leur vie à ses personnages et tout ce que j'avais considéré comme "sujets annexes" dans La maison en pain d'épices et qui m'avait pesé, prend ici tout son sens et cette fois j'apprécie. Je lirai certainement la suite.

     

    J'apprécie aussi la description de Stockholm qui m'apparaît, en dehors du cadre sordide des enquêtes, comme une ville agréable avec des parcs, des jardins ouvriers, des maisons en bois. Enfin le suspense est maintenu jusqu'à la fin sur le sort de la petite Hanna. Un livre que j'ai dévoré.

     

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  •  A Stockholm, une vieille dame qui rentre de l'hôpital trouve un homme mort dans sa cuisine, Hans Vannerberg, 44 ans. Il a été assassiné. C'est l'inspecteur Conny Sjöberg et son équipe qui mènent l'enquête. Il leur faut un certain temps avant de réaliser que trois autres meurtres de personnes de 44 ans, dans des conditions de plus en plus violentes, sont liés à celui de Hans Vannerberg : toutes les victimes étaient autrefois dans la même classe de maternelle.

     

    Voilà un livre dont le principal défaut est son style platement descriptif qui peine à me faire éprouver des sentiments. Et pourtant ce n'est pas faute d'essayer. Scènes d'amour familiales, amitié entre collègues, indifférence à la souffrance d'autrui, racisme quotidien, viol, les sujets annexes à l'enquête sont nombreux -et pas toujours présentés de façon très habile (on a même droit à un exposé sur la guerre au Liban) mais cela me laisse froide.

     

    Ceci dit j'ai quand même lu ce livre jusqu'à la fin et assez rapidement encore. Ce qui m'a tenue c'est le suspense et l'envie de connaître le coupable puisque la quatrième de couverture nous informe dès le départ que ce n'est pas celui qui apparaît comme évident.

     

     

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  •  Jackson, Mississippi, au début des années 1960. Les dames blanches de la bonne société ne travaillent pas et emploient des bonnes noires à leur service pour tenir le ménage et s'occuper des enfants. Elles passent leurs journées à jouer au bridge avec leurs amies ou à leurs bonnes oeuvres (collectes pour les enfants africains qui souffrent de la famine). A 23 ans Skeeter Phelan est un peu différente des autres. D'abord elle n'est pas encore mariée mais surtout elle va s'intéresser aux conditions d'existence et de travail des bonnes noires. Comment ressentent-elles le racisme dont font souvent preuve leurs patrons ? Quels sont leurs sentiments pour ces enfants qu'elles élèvent, ces familles qu'elles servent pendant des années sans être toujours remerciées comme elle le méritent ? Où est passée Constantine, la bonne qui a élevé Skeeter avec amour et qui avait disparu de la maison à son retour de l'université ?

     

    Que voilà un livre intéressant et plaisant. Intéressant parce qu'il décrit les relations entre Noirs et Blancs dans le Sud conservateur des Etats-Unis, en plein mouvement des droits civiques. On sent bien que les choses sont en train de changer -et, nom de dieu, il est temps qu'elles changent !- même si c'est plus lentement dans le Mississippi. Le propos de Kathryn Stockett est aussi de montrer l'ambivalence des sentiments dans une situation à la fois de ségrégation et de sujétion. Dans une postface où elle explique ses motivations elle reprend des propos de Howell Raines : "Il n'est pas de sujet plus risqué pour un écrivain du Sud que l'affection qui unit une personne noire et une blanche dans le monde inégalitaire de la ségrégation. Car la malhonnêteté sur laquelle est fondée une société rend toute émotion suspecte, rend impossible de savoir si ce qui s'est échangé entre deux personnes était un sentiment loyal, de la pitié ou du pragmatisme".

     

    Le roman fait alterner les voix de trois narratrices : Skeeter Phelan mais aussi Minny Jackson et Aibileen, deux bonnes, ce qui permet d'aborder le sujet du point de vue d'une Blanche et de Noires. C'est très plaisant à lire car souvent raconté de façon amusante.

     

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  • Joseph Conrad, Au coeur des ténèbres, GF-FlammarionMon cher et tendre m'a souvent conseillé la lecture d'Au coeur des ténèbres, ouvrage qui est important pour lui. Dans Kampuchéa, Patrick Deville cite aussi souvent Conrad. Cela a fini par me convaincre de m'y mettre.

     

    Marlow, le narrateur, est marin sur un cotre de croisière sur la Tamise. Un soir il raconte à ses compagnons une aventure survenue alors qu'il était en poste dans un pays d'Afrique francophone (le Congo belge, d'après les notes). Marlow s'est fait engager comme capitaine d'un vapeur à aube par la Compagnie privée qui exploite le pays. Marlow qui porte un regard critique sur la colonisation est néanmoins fasciné par un dénommé Kurtz, personnage dont tout le monde parle comme d'une légende, homme prétendument remarquable, qui collecte plus d'ivoire que tous les autres chefs de postes et qui semble se prendre pour un dieu.

     

    Voilà un livre fort bien écrit mais dont j'ai trouvé la lecture assez ennuyeuse et que en fait je n'ai pas compris, ceci expliquant peut-être cela. Comment Marlow peut-il s'enticher de Kurtz sans l'avoir jamais vu? Comment peut-il ne pas changer d'opinion une fois qu'il a fait sa connaissance ? J'ai le sentiment d'être passée à côté de quelque chose vu le grand cas que certains font de cette oeuvre.

     

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     Londres, 1896. Le cadavre d'une femme de la bonne société est retrouvé à son domicile. Elle a été battue et violée pendant que son mari était à une soirée. Victor Narraway, ancien chef de la Special branch -les services secrets-, aujourd'hui à la retraite, accepte d'enquêter à la demande du mari effondré. Rapidement cependant il apparaît que la victime connaissait son agresseur et l'avait fait entrer elle-même après avoir congédié ses domestiques. S'agirait-il d'un amant ?

     

    Dans le même temps Charlotte Pitt est intriguée par le comportement d'Angeles Castelbranco, la fille de l'ambassadeur du Portugal à Londres, qui semble terrorisée par les jeunes gens qui tentent de l'approcher et plus particulièrement par Neville Forsbrook, fils d'un riche banquier. Charlotte se demande si Angeles n'a pas été violée.

     

    Anne Perry s'attaque donc à un sujet difficile et je trouve qu'elle a parfois la main lourde pour convaincre le lecteur que le viol est un crime horrible. Non les femmes viollées ne l'ont pas "bien cherché", ne sont pas nécessairement des femmes légères aux moeurs douteuses. Si on ne l'a pas compris à la fin c'est qu'on a sauté des passages car elle n'hésite pas à se répéter. Cette tendance à tirer à la ligne est souvent le défaut d'Anne Perry. De même les triturations mentales des personnages font aussi dans la redondance.

     

    Néanmoins je fréquente les personnages de cette série depuis si longtemps qu'ils sont presque devenus des amis et que j'ai toujours plaisir à les retrouver et à suivre leur évolution. Les héros, Charlotte et Thomas Pitt, bien sûr mais aussi leurs enfants dont la jeune Jemima, âgée de 14 ans, qui découvre les joies et les douleurs de l'adolescence. Victor Narraway et lady Vespasia dont l'amitié évolue doucement vers des sentiments plus tendres.

     

    Il y a aussi l'arrière-plan historique, le fiasco de l'expédition de Jameson : "Jameson, à la tête d'une armée privée à la solde de la Compagnie britannique d'Afrique du sud, composée d'environ cinq cents hommes armés jusqu'aux dents, avait incité les travailleurs de la bande de Pitsani à marcher avec eux sur le Transvaal afin de renverser le gouvernement boer et annexer ce territoire riche en or et en diamants."

    Cet événement semble constituer les prémices de la guerre des Boers. Il est peu développé mais cela me donne envie d'en apprendre plus sur le sujet.

     

    Pour terminer, un mot sur l'intrigue policière dont le dénouement ne me satisfait pas totalement. Une fois que les méchants, qui étaient les seuls à pouvoir témoigner de leurs intrigues, ont disparu, je ne vois pas bien comment l'innocent injustement accusé va pouvoir se disculper.

    Je me rends compte que je suis dure mais qui aime bien châtie bien et j'aime bien Anne Perry. Cette lecture ne change pas mon opinion.

     

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  • 100 ans

    Sara Susanne Krog, arrière-grand-mère de Herbjørg Wassmo est née en 1842. Herbjørg Wassmo elle-même est née en 1942. Une ressemblance physique transmise de mère en fille est le prétexte à nous raconter l'histoire romancée des femmes de cette famille sur quatre générations. L'arrière-grand-mère, Sara Susanne, la grand-mère, Elida, la mère, Hjørdis et Herbjørg elle-même. Une famille de commerçants qui vit au nord de la Norvège, dans les îles Lofoten. Un pays rude où il neige parfois jusqu'en juillet, où l'on se déplace à ski ou en barque que les enfants, filles et garçons, apprennent à manier dès leur plus jeune âge.

     

     

     

     

     

    lofoten.jpgCe sont surtout les histoires de Sara Susanne et d'Elida qui sont développées. La mère et la fille ont en commun de ne pas vouloir se contenter de ce qui fait leur quotidien : les discussions sur la récolte des pommes de terre et la pêche au hareng, les naissances qui se succèdent sans répit (familles de 9 à 12 enfants). Leurs aspirations ne sont pas toujours bien comprises par leur entourage mais elles vont de l'avant malgré tout. Sara Susanne découvre et fait découvrir à sa famille le pouvoir de la lecture, Elida accompagne son mari malade à Kristiana, la capitale. Dans le sud c'est presque un autre monde, les gens du nord sont mal accueillis. Ainsi on peut lire dans l'annonce d'une maison à louer (en 1924) : "On n'accepte cependant ni Juifs ni ressortissants du Nord". Mais je remarque que dans le nord ce sont les Lapons qui sont souvent considérés comme des sous-hommes.

     

    Ce qui est dit des vies de Hjørdis et Herbjørg est beaucoup moins développé. Le personnage central en est le père de l'auteur, celui que la petite Herbjørg refuse de nommer, qui est "il" ou "lui". Rien n'est dit précisément, ce sont plutôt des allusions mais je comprends bien que quelque chose de terrible essaie de sortir là.

     

    Cette lecture est pour moi une belle découverte. J'ai été dès le début happée par le récit et à la fin je quitte à regret ses personnages attachants. Je ne connaissais pas du tout Herbjørg Wassmo mais je pense que je n'en ai pas fini avec cette auteure.

     

    Les avis de Lilly et de Dominique.

     

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    Encore trois nouvelles mettant en scène Eraste Fandorine. Cet ouvrage est sorti en poche il y a déjà un an mais il avait échappé à mon attention. Du coup je le trouve d'occasion (bon prix, bon état) sur le site d'une intéressante entreprise.

     

    Dans Conversation de salon, Eraste Fandorine résoud à distance le mystère de la disparition d'une jeune fille dans une demeure isolée.

     

    De la vie des copeaux l'amène à enquêter sur la mort par empoisonnement du patron de la compagnie von Mack, de son secrétaire et de l'homme de ménage de la société. On suspecte la concurrence d'avoir voulu éliminer un rival dangereux, les deux autres étant des victimes collatérales. A moins que l'héritier n'aie voulu s'assoir plus rapidement dans le fauteuil du patron ?

     

    Avec La prisonnière de la tour Boris Akounine multiplie les clins d'oeil au lecteur. Un riche propriétaire de Saint Malo, Michel des Essarts, descendant du capitaine de corsaires rencontré dans Le faucon et l'hirondelle, fait appel à Sherlock Holmes et à Eraste Fandorine pour déjouer les menaces d'Arsène Lupin à son encontre. L'aventure est racontée pour partie par Watson et par Massa. Les points de vue divergents des deux narrateurs, chacun tenant pour l'un des enquêteurs, rendent le récit hilarant. La nouvelle est dédiée à Maurice Leblanc.

     

    Encore une fois j'apprécie et je m'amuse beaucoup.

     

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  • chapelet

    Trois nouvelles mettant en scène Eraste Petrovitch Fandorine, héros que j'aime beaucoup. Ouvrage sorti le 21 mars en poche, acheté le 22 et lu le 23. Il n'y avait pas une minute à perdre. C'est le compte-rendu qui est un peu plus long à produire car je suis pas mal occupée par un tas de tâches annexes à la lecture en ce moment.

     

    Dans Shigumo, Eraste Fandorine, alors vice-consul de Russie au Japon, cherche qui a assassiné un compatriote et ex-collègue, devenu moine bouddhiste. Au monastère on pense qu'il a été victime du spectre Shigumo. Mais Fandorine ne croit pas aux esprits. Bien que cette nouvelle soit très courte, Boris Akounine arrive à me balader. Et me réjouit, comme toujours : "Tout bien réfléchi, il en vint à la conclusion que, pour sa rencontre avec le monstre japonais, mieux valait se vêtir d'un costume local. Dans la garde-robe de l'assesseur de collège, figuraient deux accoutrements japonais : un kimono blanc (cadeau d'un prince de sang royal pour le remercier de ses conseils dans une affaire épineuse) et une tenue noire près du corps telle qu'en portent les shinobis, maîtres du clan des espions professionnels. Ce costume complété par un masque noir rendait presque invisible dans la nuit.

    Après une courte hésitation, Eraste Petrovitch opta pour le kimono blanc."

     

    Le chapelet de jade se déroule à Moscou où un antiquaire spécialisé dans les chinoiseries a été littéralement découpé en morceaux. Fandorine enquête dans la communauté chinoise de la ville, secondé de son fidèle Massa.

     

    La vallée du rêve emmène le lecteur aux Etats-Unis où une communauté d'utopistes russes, disciples de Fourier et de Tchernychevski, a créé son phalanstère. Malheureusement une bande de malfrats, les Foulards noirs, vient troubler cette existence paisible et le richissime Maurice Star, protecteur de la communauté, fait appel à Fandorine pour tirer cela au clair. Dans le lointain Wyoming notre héros croise aussi un groupe de mormons dissidents et la fille d'un gros éleveur de bestiaux, jeune femme audacieuse, bien différente de celles qu'il a l'habitude de fréquenter.

     

    Pas de mauvaise surprise avec Boris Akounine, c'est toujours un régal pour moi. Personnage perspicace mais dont l'auteur se moque gentiment à l'occasion, humour fin : une lecture qui fait plaisir.

     

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    Le cinéaste russe Oleg Erdmann est obsédé par l'idée de faire un film sur Catherine 2, la Grande Catherine (1762-1796), personnage aux multiples facettes. Elle fut une souveraine éclairée qui modernisa son pays. Mais aussi elle a eu de très nombreux amants ce qui a donné naissance à une légende noire qui la présente comme une nymphomane capable de crimes horribles par jalousie. Oleg Erdmann veut, lui, présenter la femme derrière la souveraine. Catherine a-t-elle été aimée ? A-t-elle aimé ?

     

    Le roman se déroule autour de la fin de l'URSS. Dans les années 1980, Oleg doit affronter la censure soviétique. Il faut ruser pour présenter la tsarine autrement que comme une despote. La monarchie a forcément tort. Dans les années 1990, la censure est celle de l'argent. Il s'agit de montrer un maximum de scènes de sexe pour faire de l'audience et Oleg est amené à réutiliser les mêmes ruses pour faire passer ce qui lui tient à coeur.

     

    Makine nous raconte deux histoire en parallèle. Il y a celle d'Oleg, tourmenté par son film et son identité de Russe d'origine allemande qui l'empêchent de mener une existence sereine. Et il y a des éléments de biographie de Catherine 2. Au fond de tout ça la question qui est posée est celle de l'essence de l'être humain et de ce qui permet d'atteindre le bonheur. Mon impression sur ce livre est mitigée. Les épisodes de la vie de Catherine sont présentés de façon un peu répétitive ce qui rend la lecture lassante mais en même temps il y a aussi de bonnes trouvailles, notamment sur la recherche de l'amour, qui sont comme des éclaircies pour moi et qui me font rappeler qu'il faut que je relise les premiers romans de Makine qui m'avaient tant plu.

     

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