• William Ryan, Film noir à Odessa, 10-18


    William Ryan, Film noir à Odessa, 10-18Alors qu'on frappe à sa porte en pleine nuit, l'inspecteur Alexeï Korolev croit sa dernière heure arrivée. Il faut dire qu'on est à Moscou en 1937 et que ceux qui sont ainsi réveillés à cette époque ont tendance à ne plus réapparaître. Fausse alerte heureusement, Korolev a en effet été remarqué positivement lors d'une précédente affaire (épisode 1 de la série, que je n'ai pas lu) et on l'envoie maintenant en Ukraine enquêter sur le meurtre d'une citoyenne modèle qui travaillait sur le tournage d'un film et qui se trouve avoir été la maîtresse de Iéjov, chef du NKVD (la police politique) et organisateur de la vague de répression en cours (Grande Terreur de 1937-38).

     

    Sur place Korolev découvre une affaire dans laquelle interviennent une confrérie de Voleurs moscovites et des traîtres à la patrie qui complotent avec l'Allemagne nazie. Notre héros doit jouer avec finesse pour faire éclater la vérité sans déplaire aux tout puissants qui gouvernent le pays.

    J'apprécie le personnage de Korolev, honnête homme attachant qui veut faire son travail au mieux, communiste plutôt convaincu des bienfaits de la révolution mais ayant gardé un fond de sens critique (il est resté chrétien), parfois dupe aussi -comme beaucoup à l'époque : « Korolev envisagea l'hypothèse d'un gangster de Hollywood envoyé pour assassiner Lenskaïa et dérober le projet Kinograd. Il se dit que c'était peu probable. En même temps, quand on découvrait que tous ces anciens révolutionnaires bolchéviques et ces dignitaires du Parti étaient en fait des espions français, britanniques ou autres... Désormais, plus rien ne pouvait être exclu, apparemment. »

     

    C'était intéressant de lire ce roman après Terres de sang parce que je connaissais mieux la situation de l'Ukraine. Une région dont 3,3 millions d'habitants sont morts lors de la famine organisée par Staline en 1932-33, dont des milliers d'autres ont été déportés au goulag et qui se retrouve encore au premier rang à l'occasion de la répression de 1937-38. On peut comprendre qu'on y trouve des gens prêts à trahir l'URSS : « Il n'y a pas un homme, une femme ou un enfant qui ignore que la Révolution les a trahis. Je n'ai pas besoin de chercher des gens opposés à la Révolution. Par ici, tout le monde l'est. Parlez de la faim aux villageois, ils vous raconteront des histoires à vous glacer le sang (…) les gens ont mangé du cuir, de l'herbe, l'écorce des arbres et pire que ça, bien pire. »

     

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  • Commentaires

    1
    Jeudi 8 Août 2013 à 12:00
    Celui là je le note car c'est une bonne façon d'explorer la période en passant par un polar, je te recommande les deux polars de Ignacio del Valle sur la guerre très réussis
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