• Ariana Neumann, Ombres portées, Les escales

    Ariana Neumann, Ombres portées, Les escalesSouvenirs et vestiges de la guerre de mon père

    Née en 1970, Ariana Neumann est une journaliste d‘origine vénézuélienne installée en Grande-Bretagne. Son père, Hans Neumann (1921-2001), était un Juif de Tchécoslovaquie, d’une famille non croyante (lui et son frère Lotar ne sont pas circoncis). Il est un des rares membres de sa famille à survivre à la shoah. Il émigre au Venezuela après la guerre. A sa fille il n’a jamais parlé de son passé ni de sa famille, elle sait à peine qu’il est Juif. Quand son père meurt, Ariana Neumann hérite d’une boîte contenant divers documents, souvenirs de la jeunesse de Hans à Prague et de sa vie pendant la guerre. Quelques années plus tard, après avoir récupéré auprès d’une cousine un album photos de la famille Neumann, l’autrice se met en quête de l’histoire de sa famille paternelle. Elle fait traduire les lettres, s’adjoint le concours d’une historienne de la shoah, reconstitue son arbre généalogique et prend contact avec des cousins ignorés jusqu’alors. Elle raconte dans ce passionnant récit tout ce qu’elle a découvert.

     

     

    Je suis stupéfaite par la richesse du matériau historique sur lequel elle a mis la main et qui semblait n’attendre que sa venue pour être rassemblé. Il y a là de quoi rendre envieux bien des historiens, il me semble. Richard et Victor Neumann, les frères d’Otto, le grand-père paternel de l’autrice, avaient émigré aux Etats-Unis avant la guerre. Ariana Neumann entre en contact avec les petits-fils de Victor et l’un d’eux lui confie une collection de lettres envoyées depuis la Tchécoslovaquie après son invasion par l’Allemagne nazie, quand Otto et sa famille espéraient pouvoir quitter leur pays.

    Ariana Neumann échange des courriers avec le propriétaire actuel de la résidence de campagne de ses grands-parents paternels en banlieue de Prague et celui-ci lui envoie des documents familiaux trouvés dans le coffre-fort de la maison.

     

     

    J’ai trouvé intéressant d’avoir lu ce livre après Vivre avec une étoile car je retrouve les mêmes informations dans ce récit que dans le roman de Jiří Weil. Comme Roubiček la famille Neumann est victime d’interdictions de plus en plus nombreuses et menacée de déportation vers le ghetto de Terezín. Otto et sa femme Ella y sont envoyés. Convoqué à plusieurs reprises, Hans quant à lui retarde l’échéance en se faisant déclarer comme travailleur indispensable. Quand cela n’est plus possible il se cache d’abord à Prague puis gagne Berlin où, sous une fausse identité, il se fait engager comme technicien dans une usine qui travaille pour l’armée allemande. Ariana Neumann a retrouvé les preuves de ces péripéties dans la boîte que son père lui a léguée.

     

     

    Son enquête est aussi pour l’autrice l’occasion de découvrir qui était son père. Elle a connu l’homme déjà âgé, industriel prospère d’une ponctualité tatillonne, muet sur son passé et un peu intimidant de par sa rigueur. Elle découvre qu’il fut un adolescent facétieux et blagueur, maladroit et toujours en retard. Entre les deux le traumatisme dû à la peur constante d’être pris, la mort des parents à Auschwitz, le complexe du survivant et l’impossibilité d’avoir pu prouver à son père qu’il était capable de se comporter de façon responsable.

    J’ai beaucoup apprécié cette lecture.

     

    Bien que ce récit soit écrit en anglais il compte pour le Mois latino organisé par Ingannmic.

     

    Ariana Neumann, Ombres portées, Les escales


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  • Commentaires

    1
    keisha
    Samedi 3 Février à 07:22
    keisha

    J'aime beaucoup ces livres bâtis sur des documents réels!

      • Samedi 3 Février à 11:48

        Et celui-ci est bien réussi.

    2
    Samedi 3 Février à 09:59

    Bien que ce récit se déroule loin de son pays natal, elle est vénézuélienne, ce qui fait donc une participation au Mois latino !

      • Samedi 3 Février à 11:47

        J'y avais pensé mais elle écrit en anglais.

      • Lundi 5 Février à 09:00

        Je prends quand même !

    3
    Samedi 3 Février à 10:35

    J'aime beaucoup aussi ce type d'ouvrage basée sur les histoires familiales et donnant lieu à des recherches historiques et généalogiques. Après tant d'année, on apprend encore sur les horreurs de la seconde guerre mondiale et de la Shoah.

      • Dimanche 4 Février à 08:58

        C'est important de s'en souvenir.

    4
    Samedi 3 Février à 14:15

    Voilà qui semble passionnant, j'aime beaucoup ce genre d'enquête familiale. 

      • Dimanche 4 Février à 08:56

        Un genre qui plaît, manifestement.

    5
    Dimanche 4 Février à 19:55
    luocine

    on découvre sans arrêt de nouveaux faits sur cette tragédie qui hante l'Europe.

      • Lundi 5 Février à 15:50

        En effet.

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