Le procès Merah et nous

Doan Bui est journaliste à l'Obs. En 2017 elle a suivi pour le magazine le procès d'Abdelkader Merah, frère du terroriste Mohammed Merah, et qui vient d'être condamné en appel à trente ans de réclusion pour complicité. Dans cette bande dessinée elle raconte ce procès et comment elle l'a vécu. Il est question des répercussions sur sa vie de famille. Doan Bui est mère de deux petites filles curieuses à qui elle peut difficilement cacher ce sur quoi elle travaille alors. De toute façon le terrorisme est présent dans leur vie de tous les jours, avec le plan vigipirate. En 2015 elles ont marché pour Charlie et l'ouvrage se met à hauteur d'enfant pour montrer combien les événements ont pu être confus pour les plus jeunes.

J'ai apprécié cette bande dessinée que j'ai trouvée de grande qualité.

C'est instructif : j'ai appris comment travaille la presse lors de grands procès ; moi qui ne fréquente guère les réseaux sociaux, j'ai découvert la pratique des live tweet.

C'est dans l'empathie avec les proches des victimes à qui la parole est donnée. Il y a de beaux portraits, notamment celui de Latifa Ibn Ziaten, la mère de Imad, militaire assassiné par Mohammed Merah.

Et en même temps, c'est nuancé. En opposition avec Valls qui a dit que "Expliquer, c'est déjà excuser", elle cherche à comprendre ce qui fait agir les gens. Pour les besoins de son enquête ou dans le cadre d'autres affaires "terros" qu'elle suit également, Doan Bui a rencontré des proches de jeunes djihadistes partis en Syrie qui lui ont dit leur stupeur et leur douleur. Cependant je dois dire que si l'explication par la haine qui cimente la famille Merah peut convaincre, elle ne fonctionne pas dans le cas de ces parents impuissants face au départ de leurs enfants.

Les dessins sont de Leslie Plée qui dessine en noir et blanc avec parfois quelques touches de rouge qui attirent l'attention.