• Jeroen Brouwers, Le bois, Gallimard

    Jeroen Brouwers, Le bois, Gallimard L'écrivain néerlandais Jeroen Brouwers est mort le 11 mai 2022. Il était né en 1940 à Batavia (aujourd'hui Djakarta), Indonésie, alors colonie des Pays-Bas. Pendant l'occupation japonaise il a passé deux ans dans un camp de détention. Après le retour de la famille aux Pays-Bas il a été scolarisé en internat catholique, expérience dont il s'est servi pour écrire Le bois.

     

     

     

    Jeroen Brouwers, Le bois, Gallimard Le bois. Le pensionnat franciscain Sint Jozef ter Engelen se situe au fin fond du Limbourg, à la frontière allemande. Nous sommes en 1953. Le narrateur est un jeune moine, frère Bonaventura, témoin des mauvais traitements infligés aux garçons scolarisés là: humiliations, coups, abus sexuels... Ces violences ont toujours existé mais ont gagné en intensité et en fréquence avec l'arrivée d'un nouveau directeur du collège, Mansuetus, surnommé le Sanglier, un pervers sadique qui en a fait la base de l'éducation donnée dans cette institution.

     

     

     

    Le narrateur réprouve ces agissements et a toujours refusé d'y participer mais il est dans l'impossibilité de les empêcher ou de quitter le monastère: entré à Sint Jozef en tant que professeur laïc il a subi peu à peu une forme de lavage de cerveau qui l'a amené à se faire moine sans l'avoir vraiment choisi. Sa rencontre avec une jeune femme à l'occasion d'une sortie lui a permis de prendre conscience de l'emprise qui s'exerce sur lui et il a mis en place des stratégies de résistance passive. Il s'agit de mensonges, de petites désobéissances, de pensées iconoclastes: les croyances et le rite catholique sont tournés en ridicule.

    "Une colombe se pose sur le rebord de ma fenêtre, creator spiritus, juste le temps de chier, puis elle repart en claquant des ailes."

     

     

    C'est à une véritable opération de dézingage de l'Eglise catholique à laquelle s'attelle Jeroen Brouwers par la voix de son narrateur. La critique est caustique, les attaques violentes, à la mesure des violences subies par les victimes des bons frères. Les faits se déroulent peu après la seconde guerre mondiale et la comparaison est filée tout du long avec le nazisme.

    "Il y a des siècles que le clergé abuse sexuellement des enfants et des jeunes, et ces pratiques se perpétueront. Tout le monde sait, et tout le monde se tait par crainte du pouvoir de cette Gestapo qu'est l'église".

    L'auteur touche juste et j'ai trouvé ça assez réjouissant. La fin est particulièrement bien trouvée et jubilatoire. J'ai apprécié aussi l'écriture qui sert parfaitement le propos avec des phrases hachées dans les moments de confusion ou d'hésitation des personnages. C'est une lecture qui me donne envie de découvrir d'autres titres de Jeroen Brouwers.

     

     

     


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