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Meralli et Deloupy, Appelés d'Algérie, 1954-1962, Marabout
Jérôme est lycéen. Il découvre que son grand-père, Raymond, a fait la guerre d'Algérie quand celui-ci commence à lui raconter ce dont il n'avait jamais parlé à personne. Mais Raymond est victime d'un AVC et perd alors ses souvenirs.Pour l'aider à les retrouver Jérôme mène l'enquête auprès d'autres anciens appelés et jusqu'en Algérie via les réseaux sociaux. C'est l'occasion pour les auteurs de nous présenter des témoignages variés sur le conflit.
Outre Raymond, jeune agriculteur convaincu au départ que son pays fait le bien des indigènes et qui déchante peu à peu nous faisons la connaissance de Léon Magnard, prêtre, aumônier aux armées; de Guy Faukes, pacifiste qui a fui la mobilisation avant d'être envoyé en première ligne; d'Abderrahmane Massaoui, combattant de l'ALN; d'Albert Saint-Ignac, ancien combattant pétri de contradictions et de Mehmoud Belifah, fils de harki. Les personnages sont nuancés, la complexité des individus, leur capacité à évoluer face aux circonstances sont bien montrées ce qui est pour moi une des grandes forces de cette BD. Le récit n'occulte pas les horreurs commises par chacun des camps et pour cette raison je le déconseillerais aux enfants. Il me semble qu'on peut le lire à partir du lycée.
En 2004, quand le gouvernement français s'est enfin décidé à verser une pension d'anciens combattants aux anciens appelés en Algérie, quatre agriculteurs du Tarn, anciens appelés, ont fondé la 4ACG (Anciens Appelés en Algérie et leurs Amis Contre la Guerre). Ils ne voulaient pas toucher d'argent pour ce qu'on leur avait fait faire là-bas. Ils ont décidé de verser cet argent à l'association et de l'utiliser pour des projets de développement en Algérie. En début d'année j'ai eu l'occasion de rencontrer des membres de cette association et j'ai été frappée de constater comment certains avaient été durablement traumatisés par ce passé. C'est une chose que j'ai retrouvée aussi dans la BD.
Le scénario est de Meralli et les dessins de Deloupy. Le dessin est de tendance ligne claire : couleurs atténuées, bien délimitées par le trait. Les souvenirs du passé sont représentés en monochromes : tons de sépia, gris ou kaki avec parfois l'apparition du rouge pour le sang. J'ai trouvé que c'était une BD très intéressante.
Tags : Bande dessinée, Histoire, Afrique
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