• Sara Lövestam, Ca ne coûte rien de demander, Robert Laffont

     

    Sara Lövestam, Ca ne coûte rien de demander, Robert LaffontJe retrouve avec grand plaisir Kouplan, détective sans papiers à Stockholm. Cette fois-ci il est à la recherche d'une arnaqueuse, mythomane de talent qui a escroqué 200 000 couronnes à une conseillère municipale aux dents longues.

     

     

    Dans ce deuxième épisode Sara Lövestam développe plus à fond les difficultés de la vie d'un étranger clandestin. C'est ça le vrai sujet du roman, plus que l'enquête qui est surtout un prétexte. Âgé de 25 ans, Kouplan a quitté l'Iran à 19 ans, après la disparition de son frère. Depuis il est sans aucune nouvelle de sa famille, ce qui l'angoisse. En Suède, il vit dans la crainte permanente d'être arrêté. Un souci de santé prend vite des proportions énormes : où trouver un médecin qui ne l'interroge pas sur son identité ? Il est obligé de mentir ou de dissimuler qui il est, ce qui dresse un obstacle au développement de relations durables d'amitié. Notre héros est un personnage solitaire. Toutes ces difficultés sont renforcées par le fait que Kouplan est trans et j'ai été émue par la situation de ce garçon courageux.

     

     

    Sara Lövestam est professeure de suédois langue étrangère, elle travaille avec des immigrés et elle s'est appuyée sur ce qu'elle sait de ses élèves et de leur vie pour écrire cet ouvrage, bien documenté sur ce sujet. Par ailleurs elle propose une analyse psychologique fine de ses personnages, elle a le souci de montrer ce qui peut expliquer leurs agissements, même quand ils ne sont pas très sympathiques à priori. J'apprécie tout cela et j'attends avec impatience la sortie en français du troisième épisode de cette série (quatre sont prévus).

     

     

    Je termine par un passage de la chronique de Paul B. Preciado parue dans Libération du 24-25 février 2018. Lui aussi fait le lien entre migrant et trans : "Pour un migrant ou pour un trans, le succès du voyage dépend de la générosité avec laquelle les autres vous accueillent et vous soutiennent, sans penser constamment "voici un étranger" ou "je sais que vous êtes réellement une femme", mais en voyant notre singularité de corps vulnérable à la recherche d'un autre endroit où la vie pourrait prendre racine".

     

    Une interview de Sara Lövestam sur le blog Baz-art.


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