• Traudl Junge, Dans la tanière du loup, Les confessions de la secrétaire d'Hitler, Texto


    Traudl Junge, Dans la tanière du loup, Les confessions de la secrétaire d'Hitler, TextoA 20 ans Traudl Junge voulait devenir danseuse. Pour gagner sa vie elle travaillait comme secrétaire mais son objectif était la danse. En 1941 -elle a 21 ans- elle veut s'installer à Berlin mais son employeur munichois lui met des bâtons dans les roues. Par l'intermédiaire d'Albert Bormann, aide de camp d'Hitler, parent d'une amie danseuse, elle obtient un poste à la chancellerie du Reich fin 1942 puis devient rapidement une des secrétaires d'Hitler.

    Traudl va passer près de trois ans près d'Hitler qui veille sur elle avec une attention paternelle et qu'elle considère comme le meilleur patron qu'elle ait eu. Que ce soit dans la Tanière du loup en Prusse orientale ou au Berghof en Bavière, les secrétaires d'Hitler non seulement travaillent avec lui mais aussi mangent avec lui et passent leurs soirées avec lui -il se couche rarement avant 5 heures du matin. La jeune femme est complètement sous l'influence du Führer. C'est la guerre et elle le déplore car son pays est victime de restrictions et de bombardements mais jamais elle ne s'interroge sur la responsabilité de son patron dans cette situation ni sur les politiques menées par les nazis. Les rares pensées gênantes sont vite balayées. Dans son récit -écrit en 1947- elle parle essentiellement de l'ameublement des lieux, des menus et des sorties à la maison de thé, jamais de son travail, à se demander si elle n'est pas plutôt employée comme dame de compagnie. Elle dit, ce que j'ai déjà vu ailleurs, que Hitler est un personnage charismatique qui fascine ses interlocuteurs. Bien obligée de la croire quand on voit comment se comportent ses proches et pourtant elle décrit un mode de vie bourgeois et des conversations de café du commerce dont je ne vois pas bien ce qu'ils peuvent avoir de fascinants.

     

     

    A partir de novembre 1944, toute la petite société qui entoure Hitler déménage pour la chancellerie et le bunker de Berlin et va y rester jusqu'à la chute du Reich en mai 1945. Les troupes soviétiques et américaines s'approchent de la capitale mais sous terre on continue de croire jusqu'en février que la victoire est possible. Le mois d'avril est une sorte de longue veillée funèbre. Hitler est devenu apathique et organise son suicide. Une partie de son entourage quitte le bunker pour tenter de sauver sa peau. Traudl fait partie de ceux qui restent et envisagent de mourir avec le Führer. Elle s'est fait délivrer une capsule de cyanure mais une fois Hitler mort l'instinct de vie est le plus fort.

     

    Après la guerre Traudl a été jugée irresponsable du fait de son jeune âge. En 1947-1948, elle a mis par écrit ses souvenirs sur sa période au service d'Hitler puis elle a refermé cet épisode de sa vie. Autour d'elle on lui disait qu'en effet elle était bien jeune et qu'elle ne pouvait pas savoir. Ce n'est que des années plus tard qu'elle a réalisé son aveuglement. Elle a relu son manuscrit et a été effrayée et remplie de honte par son manque de critique et de distance. Elle a compris que l'alibi de la jeunesse ne tenait pas :

    "Je dois être souvent passée autrefois devant la plaque commémorative de Sophie Scholl dans la Franz-Joseph-Strasse, sans la remarquer. Un jour, elle m'a frappée et quand j'ai réalisé qu'elle avait été exécutée en 1943, alors que ma vie auprès de Hitler ne faisait que commencer vraiment, j'ai été profondément choquée. Sophie Scholl était aussi à l'origine une fille du BDM [Ligue des jeunes filles allemandes], elle avait un an de moins que moi et elle avait très bien compris qu'elle avait affaire à un régime de criminels. Tout à coup, l'excuse a disparu pour moi."

    Elle a traversé des périodes de dépression. Finalement elle a rencontré l'écrivaine Melissa Müller qui l'a convaincue de publier son manuscrit. Cette publication date de 2002. Traudl Junge est morte la même année.

     

     

    Je connaissais déjà le personnage de Traudl Junge pour l'avoir vue dans le film La chute et l'avoir retrouvée dans le livre La chute de Berlin d'Antony Beevor. J'ai donc été très intéressée de découvrir son témoignage dans la liste des ouvrages proposés par Masse critique chez Babelio. Et je n'ai pas été déçue de ma lecture que j'ai trouvée passionnante.

     

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  • Commentaires

    1
    Dimanche 15 Juin 2014 à 12:00
    J'avais également coché ce livre sur babelio mais j'ai finalement reçu un autre roman (pas encore commencé). Celui-ci me tente toujours et ton billet confirme. Il rejoindra sûrement ma PAL.
    2
    Mardi 17 Juin 2014 à 12:00
    j'ai lu d'autres témoignages sur les proches d'hitler : c'est toujours intéressant de voir le comportement de ces personnes lors de cette période. Je préfère tout de même quand il y a un arrière-fond historique car là, j'ai l'impression que c'est surtout le quotidien qui est mis en avant...
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