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Véronique de Haas, La Muse rouge, Fayard
Paris, 1920. M. Li, un diplomate chinois venu en France pour y obtenir un soutien à la BIC (Banque Industrielle de Chine) est massacré au couteau dans une maison close. L'inspecteur Victor Dessange et son adjoint Maximilien Dubosc sont chargés de l'enquête. Ils font vite le lien avec le meurtre d'une prostituée quelques jours plus tôt et deux autres assassinats en province. Les voici lancés dans une affaire aux ramifications complexes dont certaines pourraient intéresser la sûreté de l'Etat.
J'ai constaté que bien souvent, dans les policiers historiques, le volet historique l'emporte sur le volet policier. Ici il m'a semblé que l'enquête tenait bien la route. Le contexte historique, quant à lui, permet d'aborder de nombreux sujets. Il est questions des conséquences de la première guerre mondiale: invalides et mutilés, brutalisation de la société. A la Muse rouge, chorale de chants révolutionnaires, on croise un groupe d'anarchistes qui sont en lien avec des Africains luttant contre la colonisation. Ils aident aussi des camarades étrangers fuyant des régimes qui les persécutent. De l'autre côté de l'échiquier politique les Camelots du roi, milice armée de l'Action française, sont prêts à casser du Rouge et à déstabiliser la 3° République pour hâter le retour de la monarchie. Sur ce fond politique Véronique de Haas fait découvrir de nombreux aspects du Paris de l'époque, notamment populaire.
J'ai particulièrement apprécié le personnage de Pierrot, gamin des rues de 12 ans, orphelin de guerre, pris en charge par certains membres de la Muse rouge qui font son éducation politique. Il y a chez ces anarchistes une solidarité et une volonté de s'instruire qui aident à supporter la dureté de la vie. Dans ce bon roman l'autrice a pris le temps d'installer ses personnages et de leur donner une épaisseur ce qui me laisse imaginer qu'elle envisage de donner une suite à cette enquête. Le cas échéant je la lirais avec plaisir.
L'avis d'Henri.
Tags : Policier historique
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