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Auður Ava Ólafsdóttir, Miss Islande, Le livre qui parle
En 1963 Hekla, 20 ans, quitte la ferme familiale pour s'installer à Reykjavik. Cette jeune femme déterminée veut devenir écrivaine et écrit quotidiennement. A la capitale elle retrouve Jón John, son meilleur ami, un garçon homosexuel avec qui elle cohabite dans un premier temps. Lui rêve de devenir couturier ou costumier pour le théâtre. En attendant il travaille sur des bateaux de pêche où il est moqué par ses collègues. Pour avoir la paix il fait passer Hekla pour sa petite amie. Il y a aussi Ísey, la meilleure amie d'Hekla, tiraillée entre son amour pour son mari et sa fille et son aspiration à une vie indépendante. Elle fait des rêves qu'elle interprète comme la prémonition de nombreuses maternités, ce qui l'angoisse. Elle aussi écrit, en cachette de son mari, des textes qu'elle invente à partir des scènes de sa vie quotidienne.
L'autrice a particulièrement bien restitué le cadre social des années 1960. L'homosexualité est criminalisée et assimilée à la pédophilie. Jón John assume cependant son orientation, ce qui n'est pas toujours facile. Il déplore que les hommes qu'il rencontre vivent pour la plupart dans le mensonge et rêve de pouvoir marcher dans la rue en tenant un garçon par la main. Quant aux femmes, il est entendu qu'elles doivent trouver leur accomplissement dans leur foyer. A Reykjavik Hekla travaille comme serveuse dans un restaurant où elle est payée deux fois moins qu'un homme et subit le harcèlement des clients masculins. Quand elle se met en ménage avec le Poète, lui aussi aspirant écrivain, celui-ci n'imagine pas un instant que sa petite amie puisse vouloir écrire : c'est une activité d'homme. Avec Hekla il est à la fois attentionné et condescendant. Pendant ce temps Jón John a quitté l'Islande pour le Danemark. Dans ses lettres il presse Hekla de l'y rejoindre.
J'ai beaucoup apprécié ce roman qui nous raconte l'histoire de deux personnages -Hekla et Jón John- en avance sur leur temps, décidés à vivre leurs aspirations et qui ne comptent pas entrer dans les cases où on voudrait les mettre. J'ai aimé l'écriture, très descriptive de tous les nombreux petits détails de la nature (météo, volcans) et de la vie des gens (cuisine). Je découvre que les Islandais sont un peuple de poètes. Le texte est lu par Margot Châron qui le sert très bien, il me semble, par sa diction très articulée. Une belle découverte, donc, que cette autrice.
Tags : Roman, Audiolivre, Femmes, LGBTQI, Islande
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Commentaires
Bonsoir, Audur Ava Olafsdottir est une femme écrivain que j'apprécie beaucoup même si je n'ai pas aimé tous ses romans. Mais Miss Islande est très bien tout comme le suivant et dernier paru pour l'instant : La vérité sur la lumière. Sinon, il faut absolument lire son premier paru : Rosa Candida. Bonne fin de soirée.
Merci pour ces recommandations. On m'a déjà conseillé aussi Rosa Candida.