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David Albahari, Hitler à Chicago, Les allusifs
L’écrivain serbe David Albahari est mort le 30 juillet 2023. Il était né en Yougoslavie en 1948. Il a quitté son pays en 1994 et s’est installé au Canada, à Calgary. Malgré son exil et son rejet du nationalisme il est resté très attaché à la culture serbe et a toujours écrit en serbe. D’origine juive il était aussi attaché à cette culture. Il me semble que sa mort est passée relativement inaperçue dans la presse française. Aucune rubrique nécrologique dans Le Monde, en tout cas. J’en ai eu connaissance par Passage à l’Est!
Hitler à Chicago. Dans ce recueil de 16 nouvelles les personnages sont quasiment tous, comme l’auteur, des exilés de l’ex-Yougoslavie installés à Calgary, Canada.
Dans Hitler à Chicago, le narrateur, un écrivain originaire de l’ex-Yougoslavie, discute dans un avion avec sa voisine qui lui raconte comment elle a croisé Hitler à Chicago et comment cette histoire qu’elle a ensuite confiée à Isaac Bashevis Singer a inspiré ce dernier pour une de ses nouvelles. « Tout un chacun doit voir Hitler une fois dans sa vie (…). Il n’est pas nécessaire pour cela d’aller à Chicago ».Dans L’autre langue, Zoran a quitté Belgrade pour Calgary. Il suit des cours d’anglais pour migrants. Il commence à rêver de Cindy, une de ses professeures, puis se met à la suivre dans la rue, jusqu’à chez elle.
Dans Sous la lumière d’une lune d’argent, le narrateur, Adam, exilé au Canada, essaie de faire de l’endroit où il vit un foyer. Alors qu’il neige il s’assied sur son balcon et ferme les yeux : « Je me suis assis sur la chaise, j’ai croisé les jambes, serré mon torse dans mes bras, fermé les yeux. Sous mes paupières baissées je me voyais marchant dans l’étendue blanche : je m’éloignais sans laisser la moindre trace derrière moi. J’ai tendu le bras, sans ouvrir les yeux, et j’ai tenté de trouver le bord de l’autre chaise. Je n’y suis pas parvenu. J’ai tendu aussi l’autre bras, encore une fois sans succès, et je suis resté assis ainsi, comme un aveugle, tandis qu’une voix dans l’étendue blanche criait des mots en différentes langues dont aucune n’était la mienne ».
Comme Adam tous les personnages souffrent de solitude et de difficultés à communiquer. Avec les habitants de leur pays d’accueil, du fait de la barrière de la langue, mais aussi avec leurs proches, leur famille : l’exil est un traumatisme. Quant à moi j’ai été souvent déconcertée par des chutes abruptes donnant une impression d’histoire inachevée. Comme celles des personnages ?
Tags : Disparition, Nouvelles, Migrants
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Commentaires
J'ai trouvé son titre Goetz et Meyer, lu en début d'année, très très fort..
C'est un titre que j'avais noté mais que je n'ai pas trouvé à ma bibliothèque ou d'occasion.