• Emmanuel Carrère, Yoga, POL

     

    Emmanuel Carrère pratique le yoga, la méditation et le tai-chi depuis 30 ans. En 2015 il a l'idée d'écrire "un petit livre souriant et subtil sur le yoga". Mais les choses ne se déroulent pas comme prévu -"Tu veux faire rire Dieu ? Parle-lui de tes projets"- et si le présent ouvrage traite effectivement de yoga, de méditation et de tai-chi, il est aussi question de l'enterrement de Bernard Maris assassiné à Charlie Hebdo; de l'internement de l'auteur à Sainte-Anne; de jeunes migrants afghans, mineurs isolés en transit sur une île grecque et de la mort de Paul Otchakovsky-Laurens, éditeur d'Emmanuel Carrère depuis 35 ans.

     

     

    Tout ceci peut sembler bien décousu. Le lien c'est l'auteur, bien sûr, puisque, à sa façon, Emmanuel Carrère écrit pour parler de lui; mais aussi la vie et comment on s'en débrouille. Yoga, méditation et tai-chi peuvent aider, semble-t-il. Ce que j'ai le plus apprécié c'est le récit de sa folie -on lui a diagnostiqué un trouble bipolaire de type 2. Ici l'auteur est au coeur de son sujet et puis il écrit bien, il sait raconter des histoires et a toujours ce regard un peu critique sur lui-même qui fait qu'il arrive à faire sourire même sur un tel sujet. Cela me le rend très sympathique.

     

     

    J'ai trouvé intéressant de lire simultanément dans le Monde du 26 novembre 2020 une mise au point d'Hélène Devynck, ex-femme d'Emmanuel Carrère. Sous le titre Je ne veux pas être écrite contre mon gré, elle y explique pourquoi elle a imposé par contrat de ne plus apparaître sans son consentement dans les ouvrages d'Emmanuel Carrère, notamment Yoga. L'auteur lui-même aborde la différence qu'il y a entre parler de soi et des autres. Quand je parle de moi, dit-il, "j'arrête quand je veux, je dis et tais ce que je veux, c'est moi qui décide où placer le curseur. Alors qu'en écrivant sur les autres on passe ou peut passer du côté de la vraie torture, parce que celui qui écrit a les pleins pouvoirs et celui sur lequel il écrit est à sa merci".

    Il y a aussi deux personnages de femmes qui apparaissent dans Yoga et dont Emmanuel Carrère dit qu'elles n'existent pas en vrai, qu'elles sont en partie inspirées d'autres personnes. Du coup, pour moi, cela interroge tout le livre : peut-être que tout est inventé. Je crois qu'Hélène Devynck a bien fait de se protéger. Tout ceci me rend l'auteur beaucoup moins sympathique.

     

    L'avis de Keisha.


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  • Commentaires

    1
    Mardi 22 Décembre 2020 à 12:23

    Le yoga est à la mode mais pour l'instant ça ne m'intéresse pas du tout. L'auteur ne m'est pas sympathique mais j'ai aimé ses romans, parfois excessif dans la véracité...

      • Mercredi 23 Décembre 2020 à 18:59
        Cet ouvrage ne contribue pas trop à le rendre sympathique, il me semble
    2
    Samedi 26 Décembre 2020 à 06:05

    J'avais suivi cette polémique, qui a écarté de facto le livre de nombreux prix, mais les premières critiques sur le livre avaient l'air pourtant très positives. C'est un auteur que j'ai sur ma liste depuis longtemps, mais je n'ai pas encore trouvé le temps d'attaquer notamment "Le Royaume"

      • Samedi 26 Décembre 2020 à 13:50

        Si on fait abstraction de ce qui s'est dit autour c'est très lisible et même plutôt sympathique, il me semble.

         

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