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Frank Harris, La bombe, La dernière goutte
Le 4 mai 1886 à Haymarket square, Chicago, un meeting politique rassemble des centaines de militants et grévistes. Alors que la foule commence à se disperser pacifiquement, la police charge les manifestants et une bombe est jetée sur les forces de l’ordre. Il y a des morts. Suite à cet attentat, 8 leaders anarchistes sont lourdement condamnés. Il est prouvé qu’aucun ne fut le lanceur de bombe. Encore aujourd’hui les historiens ne sont pas sûrs de qui a jeté l’engin.
Rudolph Schnaubelt, narrateur du roman, se présente dès la première page comme l’auteur de l’attentat. Pauvre mais éduqué, ce jeune homme d’origine allemande a émigré pour les Etats-Unis où il travaille comme journaliste pigiste à Chicago, essentiellement dans la presse de langue allemande. Sensible aux dures conditions de vie et de travail des ouvriers, Rudolph fréquente les rassemblements militants. Il y fait son éducation politique et la connaissance de Louis Lingg, un jeune anarchiste charismatique avec qui il va nouer une relation d’amitié très forte.
La bombe est paru en 1909. Frank Harris (1856-1931) était un journaliste d’origine britannique (je n’ai pas trouvé d’informations sur ses idées politiques. A lire sa fiche Wikipédia il apparaît comme une sorte d’aventurier). Le roman dénonce les conditions de travail des ouvriers étrangers aux Etats-Unis à la fin du 19° siècle. Ils sont nombreux à Chicago où ils participent au développement de l’industrie. Ils risquent leur vie pour des salaires de misère et sont renvoyés sans indemnités en cas de maladie, accident du travail ou si on a besoin de moins de main d’oeuvre. Il est question des abattoirs de Chicago et de leurs conditions d’hygiène indignes. Cela m’a fait penser à ce que j’avais lu dans La jungle qui, à mon avis, est beaucoup plus réussi que le présent roman. Les grèves et manifestations ouvrières sont réprimées avec violence, violences policières approuvées et parfois même encouragées par la justice, la presse à grand tirage et l’opinion publique. La xénophobie et la peur de l’anarchisme confinent à l’hystérie collective lors du procès de l’attentat du 4 mai.
C’est la description du procès qui m’a le plus intéressée. Tous les personnages nommés sont des protagonistes historiques des événements et j’ai d’ailleurs trouvé que l’aspect historique était beaucoup mieux traité que le volet romanesque. Je pense notamment à la relation amoureuse entre Rudolph et sa bonne amie Elsie qui m’a semblé parfois niaise et traversée de préjugés sexistes. Le questionnement sur la place des femmes est absent de ce roman. En matière de sentiments je trouve beaucoup plus juste ce qui est dit de l’admiration/adoration de Rudolph pour Louis Lingg.
Une lecture qui entre dans le défi Lire sur le monde ouvrier organisé par Ingannmic.
Tags : Roman, Etats-Unis, Migrants, Histoire, Défi/Lecture commune
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Commentaires
Athalie avait exprimé le même bémol que toi sur la romance, et du coup, je me suis débarrassée de ce livre, qui était sur ma pile, sans le lire...
Et puis j'ai lu La jungle, qui en effet, est un incontournable sur le sujet ...
Merci pour ta participation !
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Lundi 18 Mars à 13:35
La jungle est excellent.
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Je connaissais les évènements historiques qui, si je me souviens bien, sont liés au 1er mai.
Oui, le 1er mai en tant que journée de commémoration des luttes des travailleurs se met en place à cette époque et est renforcé par ces événements.