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Jacques de Lacretelle, Silbermann, Folio
Le narrateur est un fils de la bourgeoisie parisienne protestante. A la rentrée de la classe de 3° il fait la connaissance de Silbermann, un condisciple juif. Le roman a été écrit en 1922 et l'histoire pourrait bien se dérouler en 1905, semble-t-il, puisqu'il y a des allusions à une loi qui ressemble fort à la séparation des Eglises et de l'Etat. Silbermann est un élève précoce -il est passé directement de la 5° à la 3° et est néanmoins le premier de la classe. Je pense qu'aujourd'hui on se poserait la question de savoir s'il n'y a pas également un trouble du spectre autistique. Le narrateur est vite conquis par ce camarade. C'est une étrange amitié qui se noue là avec un narrateur très admiratif de l'intelligence de son ami et qui en même temps se fait un devoir de le protéger contre les attaques antisémites d'élèves et de professeurs du lycée. Il y a une recherche d'absolu chez ce garçon dont un oncle missionnaire est mort jeune et qui s'identifie à ce martyr qu'il n'a pas connu. Quant à Silbermann, une fois qu'il est lancé sur son dada -la littérature- il peut discourir longtemps sans se soucier des réactions de son interlocuteur et le résultat est qu'il ne suscite guère la sympathie.
Face à ses parents qui reprouvent cette amitié le narrateur s'autonomise et la vénération aveugle qu'il avait pour eux fait place à un regard critique sur tous leurs actes : "J'avais souvent comparé la conduite de mes parents et le système de leurs actes à ces tapisseries au canevas que ma mère brodait avec régularité et patience durant nos veillées. Et maintenant, il me semblait découvrir l'envers de l'ouvrage ; derrières les lignes symétriques et les beaux ornements aux tons francs, j'apercevais les fils embrouillés, les noeuds, les mauvais points". Après une crise violente il commence à voir en eux des êtres humains avec leurs points faibles et leurs qualités.
Le propos de ce roman est clairement de prendre position contre un antisémitisme qui apparaît très présent à l'époque, notamment dans la bourgeoisie catholique. Il y a une ligue nationaliste, Les Français de France, prête à casser du Juif à la moindre occasion. Remplaçons Juif par Arabe ou musulman et certaines idées deviennent très contemporaines particulièrement quand il est question de la possibilité, ou non, des Juifs de s'intégrer à la société française.
J'ai souvent pensé à L'ami retrouvé en lisant ce roman et j'ai apprécié cette lecture. C'est bien écrit et j'ai trouvé l'étude psychologique des personnages convaincante, particulièrement en ce qui concerne les relations entre le jeune narrateur et ses parents. J'ai trouvé la chute très dérangeante.
L'avis de Patrice.
Tags : Roman
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Commentaires
J'ai l'impression d'avoir lu ces deux livres, je ne sais plus. En tout cas je pourrais bien les relire... mais pas tout de suite. ^_^
C'est vrai que chacun peut faire penser à l'autre
La fin de L'ami retrouvé est beaucoup plus optimiste que celle de Silbermann.