Nell, 17 ans, la narratrice, et sa soeur Eva, 18 ans, vivent dans la maison familiale dans une clairière à une heure de route de la ville la plus proche, où travaillait leur père. Elles n'ont pas été scolarisées, elles ont été instruites à la maison. Elles ont grandi à l'orée de la forêt. Quand le roman débute leurs parents sont morts à peu de temps d'intervalle. Entre les deux décès est survenu l'effondrement. Les coupures d'électricité sont devenues de plus en plus fréquentes puis il n'y a plus eu de courant. Les fonctionnaires ont été payés de plus en plus irrégulièrement puis plus du tout. Les commerces et les stations essence ont épuisé leurs stocks. Des épidémies ont emporté une partie de la population. Ecrit en 1996 ce roman a été traduit en français en 2017 et il me semble que je le vois beaucoup en librairies ces temps-ci. Il est vrai que la crainte de l'effondrement est d'actualité et que ce qui est raconté ici sonne un peu comme un avertissement.

Isolées, loin des rumeurs et des violences générées par la situation, Nell et Eva vont d'abord traverser une période de deuil. Le deuil de leurs parents, bien sûr, mais aussi de leurs aspirations de jeunes filles. Eva s'entrainait assidûment pour intégrer le corps de ballet de San Francisco et Nell préparait l'examen d'entrée à Harvard. L'autrice montre bien comment l'espoir que la situation redevienne "normale" cède lentement la place à la conscience qu'il n'en sera rien. Alors que leurs provisions s'amenuisent les deux soeurs vont se tourner vers la forêt et explorer ses ressources en plantes qui nourrissent et qui soignent.

J'ai apprécié la lecture de cet ouvrage que j'ai trouvé intelligemment mené, jusqu'à une fin bien trouvée, même si je n'adhère pas trop au côté mystique de la communion avec la nature. Au début j'ai pensé au Mur invisible mais la situation est différente du fait de l'âge des protagonistes et car elles sont deux. Il y a donc toute une analyse de leurs relations, solidarité et bonne entente la plupart du temps mais aussi conflits et disputes parfois.