• Julius Margolin, Le livre du retour, Le bruit du temps

    retour

     Interné au goulag pendant cinq ans, Julius Margolin en est libéré en juin 1945. Après un an d'assignation à résidence à Slavgorod dans l'Altaï, il entreprend son retour vers la Palestine où l'attend sa famille. Ce voyage qui dure plusieurs mois l'amène à traverser toute l'Europe jusqu'à Paris puis Marseille, avant d'embarquer pour son pays.

     

    Ce Livre du retour est en fait une compilation de textes parus dans différentes revues. La première partie, Le chemin vers l'occident, regroupe des récits des étapes de son retour. Il prend conscience qu'un monde a disparu, celui des shtetl et de la vie juive d'Europe de l'est et il est convaincu que le sionisme est la seule solution pour les Juifs.

    Il profite de la vie. A Marseille, par exemple : "J'allais au cinéma pour voir Marlene Dietrich et Fernandel. En cet automne 1946, la France vivait dans la pénurie, mais je ne m'en apercevais pas : pour moi c'était l'abondance. A minuit, je mangeais des sandwiches dans la rue et faisais la queue pour acheter des marrons grillés."

    Sur le bateau qui le ramène vers la Palestine, il entreprend la rédaction de Voyage au pays des ze-ka. Il sait que son expérience en Sibérie l'a marqué à jamais : "Nous autres (...) qui avons laissé un bout de notre coeur dans les camps et les lieux de relégation, possédés que nous sommes à tout jamais par le fantôme du passé, un passé qui survit dans le présent."

     

    La deuxième partie, Huit chapitres sur l'enfance, est celle qui m'a le plus touchée. Il s'agit des premiers chapitres d'une autobiographie jamais terminée. Julius Margolin y présente une enfance aux confins de la Russie et de la Pologne, ballotée de poste en poste au gré des mutations d'un père caractériel. Ce sont surtout les sentiments qui sont racontés. La honte, petit, devant les colères de ce père, puis le mépris à l'adolescence, enfin la pitié. Il y a aussi de superbes descriptions du cadre de vie, c'est fort bien écrit et ça donne un sentiment de nostalgie.

     

    "Dans mon souvenir, cette vieille synagogue se dresse encore comme un chêne géant en pierre blanche. A l'automne, au pied de sa muraille, des marchandes emmitouflées sont assises dans la gadoue avec leurs paniers recouverts de serviettes. Dans les paniers, des épis de maïs chauds, tout dorés. Son odeur douce et humide, semblable à celle du chaudron dans lequel on fait bouillir le linge à gros bouillons, est entré dans mes narines dès mon enfance pour y rester toute ma vie : l'odeur de Pinsk qui rappelle les ruelles aveugles, les murs de guingois, les fenêtres à double vitrage où, l'hiver, on met du coton et de petits gobelets multicolores."

     

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  • Commentaires

    1
    Dimanche 3 Février 2013 à 12:00
    Tiens, je ne connaissais pas, mais si c'est aussi bien que Voyage au pays des Ze ka, je signe!
    2
    Lundi 4 Février 2013 à 12:00
    j'avais lu son récit sur les camps soviétiques et j'avais été bouleversée, j'ai donc bien sûr acheté celui là mais je ne l'ai pas encore lu juste feuilleté
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