• Michel Ragon, La mémoire des vaincus, Le livre de poche

     

    Michel Ragon, La mémoire des vaincus, Le livre de pocheMichel Ragon est mort le 14 février 2020. Né à Marseille en 1924 il a grandi en Vendée. Enfant pauvre il s'est instruit tout seul, par les livres. Après avoir fait différents petits métiers il est devenu critique d'art et écrivain. Il était anarchiste.

     

     

     

    Michel Ragon, La mémoire des vaincus, Le livre de pocheLa mémoire des vaincus. A travers le personnage fictif d'Alfred Barthélémy, ce roman est une histoire de l'anarchisme au 20° siècle.
    Né à la fin du 19° siècle, le jeune Fred Barthélémy est un gamin des rues de Paris qui survit de débrouille dans le quartier des halles. Il fait la connaissance de Flora, fille de poissonniers, qui fugue avec lui. Les deux enfants sont pris en charge par le libraire Paul Delesalle et par le couple formé par Rirette Maîtrejean et Victor Kibaltchich (alias Victor Serge) chez lesquels se retrouvent aussi les membres de la bande à Bonnot. C'est à leur contact que Fred se forme, lit, devient anarchiste.

     

     

     

     

     

    Les deux grands moments du roman sont le séjour du héros en Russie-URSS entre 1917 et 1924 et la guerre civile espagnole. Parlant russe, Fred est recruté par l'armée française en 1917 pour servir d'interprète à une délégation envoyée auprès du gouvernement de Lénine. De nombreux anarchistes russes soutiennent la révolution bolchévique à ses débuts mais ils sont peu à peu "épurés" et Fred qui était devenu un proche et un collaborateur du régime prend conscience de ses crimes. J'ai particulièrement apprécié ce récit des dessous de la révolution russe du point de vue anarchiste. Les renoncements, les manipulations, la calomnie, les menaces, les coups de force sont décrits. Trotsky, particulièrement, est clairement montré pour ce qu'il est : un criminel de guerre. J'ai trouvé tout cela convaincant et fort intéressant.
    En Espagne, les milices ouvrières qui s'opposent au putsch de Franco sont dominées par les anarchistes. Ici aussi les communistes vont faire le ménage : le soutien militaire de l'URSS à la république espagnole se double d'une politique de noyautage et de l'assassinat des révolutionnaires non staliniens.

     

     

     

    A Paris Fred continue de s'informer et écrit, en vain, pour alerter sur les crimes de Staline. L'auteur montre bien comment toute critique du régime soviétique a longtemps été inaudible. Les "idiots utiles" du communisme sont pointés du doigt, ainsi de HG Wells qui encensait Staline : "Je n'ai jamais rencontré un homme plus candide, plus honnête, plus juste... Il doit sa position au fait qu'il n'effraie personne et que tout le monde a confiance en lui".

     

     

     

     Ce sont tous ces aspects historiques qui m'ont le plus intéressée. A côté l'histoire personnelle et affective de Fred Barthélémy est le point faible du roman, ses relations avec les femmes stéréotypées et convenues. Il y a Flora, la première amoureuse, celle vers qui on revient toujours, la femme-enfant, chatte sauvage, petit animal impossible à mettre en cage. Il y a Claudine, épouse et mère simple et franche, gardienne du foyer pendant que son mari s'essaie -vite fait- au féminisme à l'extérieur. Et toutes les autres, "les lourdes et envoûtantes tentations de la sexualité".

     


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  • Commentaires

    1
    nicole
    Mardi 21 Avril 2020 à 11:44

    Vous m'apprenez que Michel Ragon est mort récemment.

    j'ai beaucoup lu, et j'ai beaucoup aimé ses livres. notamment les mouchoirs rouges de cholet, ma soeur aux yeux d'asie, etc

    j'admirais cet homme, né dans une famille plus que modeste, et qui était critique d'art et d'architecture,spécialiste de l'anarchie, écrivain

      • Mardi 21 Avril 2020 à 12:58

        J'avais lu Ma soeur aux yeux d'Asie il y a bien longtemps.

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