• Patrick Deville, Taba-Taba, Seuil

     

    Patrick Deville, Taba-Taba, SeuilA la mort de sa tante Monne, Patrick Deville récupère les archives familiales qui lui sont prétexte pour voyager à travers la France sur les traces de sa branche paternelle, depuis ses arrières-grands-parents, au 19° siècle. C'est l'occasion pour nous raconter la petite et la plus grande histoire de France auxquelles il adjoint des éléments autobiographiques, plus que dans ses précédents ouvrages. Il s'y présente en petit garçon précoce, hypermnésique et qui a tenté d'en finir avec la vie à l'âge de 8 ans. Il dévoile sa rencontre amoureuse avec Véronique Yersin, survenue après la parution de Peste et choléra.

     

     

    Comme à son habitude, c'est à un voyage vagabond que nous invite l'auteur : au verso d'une coupure de journal conservée depuis 1914, il lit dans la rubrique des faits divers une histoire de suicide par amour et décide de se rendre au café situé aujourd'hui à l'adresse indiquée, pour y boire "aux belles amours mortes".

    Durant la réalisation de son projet (qui se déroule pendant l'année 2015), il s'interrompt pour des séjours en Amérique du sud, en Afrique ou en Asie.

     

     

     

    Ses pérégrinations à travers la France sont aussi l'occasion pour Patrick Deville de nous parler de la situation contemporaine. Il est beaucoup question de l'attentat contre Charlie-Hebdo. Passant dans la Meuse il fait le parallèle entre les terres polluées au plomb et au mercure par les munitions de la première guerre mondiale et l'enfouissement des déchets radioactifs : "Dans ce concours de longue durée qui semblait une farce, Electricité de France prévoyait de démanteler dans un siècle son parc nucléaire et d'en enfouir les déchets, dont la durée de radioactivité atteignait pour certains le million d'années, tout au sud de ce département de la Meuse, sous le village de Bure, au long de trois cents kilomètres de galeries creusées à cinq cents mètres de profondeur. Sur les conteneurs serait bien précisée, dans tous les calendriers connus, la date avant laquelle il était préférable de ne pas les ouvrir, et le texte de ces étiquette serait sans doute traduit en arabe et en chinois, peut-être en swahili et en zapotèque, parce que l'avenir souvent est capricieux."

     

     

    J'ai beaucoup aimé cette lecture, l'écriture à laquelle je trouve des accents poétiques et tout le projet qui m'apparaît comme une performance artistique complète, pas seulement littéraire.


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