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Paweł Huelle, Rue Polanki et autres nouvelles, Gallimard
L’écrivain polonais Paweł Huelle est mort le 27 novembre 2023 à Gdansk, ville où il était né en 1957. Il a d’abord travaillé au service de presse de Solidarność puis a été journaliste. Il était très attaché à sa ville de Gdansk qui sert de décor à pratiquement tout ses romans.
Rue Polanki et autres nouvelles. Les huit nouvelles rassemblées dans ce recueil ont toutes la ville de Gdansk pour cadre. Elle nous est décrite comme une ville où la nature est très présente avec la proximité de la forêt, les îles et berges de la Motlawa et des friches urbaines, ruines de greniers à blé rendues à la végétation ou jardins abandonnés des villas du quartier allemand. Je trouve la description qui est faite de ces paysages urbains très plaisante. Dans toutes ces nouvelles (sauf Pluie d’argent) un narrateur se remémore un épisode de son enfance ou de sa jeunesse. Je soupçonne que certains sont en partie autobiographiques.
Dans Rue Polanki le narrateur est invité à la réception organisée à l’occasion des 50 ans du président Walesa dans la maison de ce dernier, située rue Polanki. Cette invitation l’amène à se souvenir d’épisodes de sa vie ou même de celle de son grand-père qui se sont déroulés dans cette rue. Les aller-retour entre le passé du narrateur et 1995, présent de la réception, racontent aussi une histoire des luttes pour l’indépendance de la Pologne.
Grâce à cette lecture j’ai découvert les grands traits de l’histoire de Gdansk au 20° siècle. Après la Première guerre mondiale elle a le statut de ville libre sous le contrôle de la SDN. Sa population est majoritairement allemande. Dans les années 1930 les croix gammées sont de plus en plus nombreuses dans la ville qui est occupée par l’Allemagne en 1939. A la fin de la Seconde guerre mondiale c’est l’URSS qui occupe Gdansk, les Allemands s’exilent, leurs belles demeures tombent en décrépitude, des habitants sont déportés au goulag :
« Lucjan voulait devenir étudiant à l’Institut d’Orient, Ida envisageait d’étudier la sculpture. Le destin avait exaucé ces rêves. Au camp, tout en sciant du bois, Lucjan avait appris le kirghize, le turkmène, le persan et la langue de l’Altaï, dans une carrière au-delà de l’Oural Ida avait taillé les plus beaux blocs. » (Gute Luisa)
Cela m’a donné envie d’en savoir plus sur l’histoire de cette ville et même de la visiter. J’ai aimé la belle écriture aux piques caustiques, l’ambiance tantôt nostalgique tantôt onirique, les personnages sympathiques liés par l’attachement à leur ville quelque soit leur origine.
Un livre acheté chez un bouquiniste en ligne. Il vient de la bibliothèque départementale du Pas-de-Calais à Arras, il a coûté 120 F et il a encore dans sa jaquette sa petite fiche cartonnée qui nous révèle qu'il n'a pas été souvent emprunté...
Avec cette lecture je participe au défi Bonnes nouvelles organisé par Je lis, je blogue.
Tags : Disparition, Nouvelles, Pologne, Défi/Lecture commune
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Commentaires
Belle trouvaille ! Il n'y a pas tant d'auteurs polonais traduits en Français. Je vois que ce recueil permet non seulement de découvrir la ville de Gdansk mais aussi un pan de l'histoire contemporaine de la Pologne. Tu as trouvé l'ouvrage chez un bouquiniste. Tu penses qu'il est épuisé chez l'éditeur ? J'ai ajouté un lien vers ton blog dans le récapitulatif du challenge. A bientôt
Je regarde toujours d'abord chez les bouquinistes quand je veux acheter un livre un peu ancien : c'est moins cher.