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Per Olov Enquist, Blanche et Marie, Babel
Per Olov Enquist est mort le 25 avril 2020. Il était né en 1934. Heureux hasard j'ai chez moi un livre de cet auteur que je n'avais jamais lu. Dans ses romans il avait pour habitude de mélanger des faits historiques et la fiction. C'est ce qu'il fait dans
Blanche et Marie. Blanche c'est Blanche Wittman (1859-1913) qui fut internée à la Salpêtrière pour hystérie et servit de cobaye au professeur Charcot lors de ses représentations de malades.Marie c'est Marie Curie. Per Olov Enquist imagine qu'après avoir quitté la Salpêtrière Blanche a été l'assistante de Marie pour ses travaux de recherche. Les deux femmes sont devenues très proches. Après la mort accidentelle de Pierre Curie Marie traverse une période de deuil très douloureuse. Elle retrouve goût à la vie quand elle devient la maîtresse de Paul Langevin. Cette liaison dure peu car Paul est marié et sa femme provoque un scandale qui éclabousse Marie. La presse de droite s'en donne à coeur joie contre l'étrangère qui détruit un mariage français. Tout au long de cette relation Marie se confie à son amie Blanche.
Le propos de l'auteur ici est de traiter de la condition féminine à la fin du 19° et au début du 20° siècles. Ainsi c'est Marie qui est accusée d'adultère tandis que Paul est traité comme une victime innocente. Avec Blanche il est question de la psychiatrisation des désirs des femmes. J'ai trouvé intéressant ce que j'ai lu sur la façon dont l'hystérie était montrée en spectacle à la Salpêtrière et ça m'a donné envie d'en savoir plus sur le sujet.
Dans les bras du professeur Charcot, Blanche Wittman lors d'une démonstration d'hystérie à la Salpêtrière
J'ai bien aimé aussi la pointe d'humour, que l'auteur fasse de rapides parallèles avec sa propre vie et qu'il arrive même à lier son récit à la Suède : "Henri Becquerel, ami de Marie Curie et autrefois son mentor. Il devait d'ailleurs donner son nom plus tard à une unité de mesure correspondant à la désintégration d'un atome par seconde, destinée à mesurer par exemple, la contamination radioactive de la viande de renne dans le Västerbotten dans le nord de la Suède après Tchernobyl".
J'ai d'abord été très déconcertée par le mélange de réalité et d'invention. Moi qui aime que les choses soient carrées je ne m'y retrouvais pas vraiment. Dans la vraie vie Marie n'a jamais rencontré Blanche. Dans le roman cette dernière tient une sorte de journal de leur relation dont des "citations" sont intégrées en italique. Le style, en apparence décousu, sautant du coq à l'âne, m'a aussi posé problème au début. Petit à petit cependant je suis entrée dans la lecture que j'ai finalement plutôt appréciée. Il se pourrait même que je relise Per Olov Enquist car j'ai vu que certains autres parmi ses titres pourraient m'intéresser. Jusqu'à la fin de ma lecture, cependant, j'ai régulièrement fait des incursions vers Wikipédia pour vérifier -ou infirmer- ce que je lisais.
Tags : Roman, Femmes, Disparition, Folie
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Commentaires
Quelle bonne idée de mettre en avant Enquist. Je trouve que son décès est passé assez inaperçu, mais c'est peut-être une impression en raison du contexte particulier du moment. Je me souviens avoir lu avec beaucoup de plaisir "Le médecin personnel du roi" et je voulais aussi lire "L'extradition des Baltes". Encore deux textes avec un arrière-plan historique fort. En tout cas, je note ce titre également !
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Mardi 12 Mai 2020 à 09:32
Oui, ce sont justement ces 2 titres que j'ai repérés.
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Je note, je lis tout ce qui touche de loin ou de près à Marie Curie et j'aime beaucoup ces romasn/biographie qui parlent de la condition des femmes
J'avais lu un peu sur elle avant et j'ai découvert cette histoire avec Paul Langevin.