-
Rachel Cusk, Arlington Park, Points
Arlington Park est une banlieue résidentielle de Londres habitée par des classes moyennes supérieures. Les femmes qui vivent là sont mères au foyer ou travaillent à temps partiel pour pouvoir s’occuper de leurs enfants et de leur intérieur. Juliet, Amanda, Maisie, et Christine sont, à des degrés divers, insatisfaites de leur vie. Formatées depuis leur enfance, elles ont obéit aux injonctions de la société, fait des enfants, aménagé une belle cuisine, invité leurs voisins à dîner, pour s’apercevoir que tout cela ne suffisait pas à donner un sens à leur vie.
Voici un roman où il ne se passe quasiment rien -passez votre chemin si vous recherchez de l’action- mais néanmoins très bien mené par Rachel Cusk qui fait une critique féroce de la société de consommation patriarcale. Elle décortique avec précision la façon dont ces femmes se sont retrouvées engluées dans un quotidien morne qui génère chez elles ressentiment et névrose : « Juliet se rappelait que, quand sa mère était plus jeune, c’était quelqu’un de plutôt exubérant, passionné, brouillon et libre. Maintenant c’était une femme venimeuse qui entretenait une maison pleine d’ornements impeccables, de presse-papiers en verre miroitant et de petites boîtes en ivoire qui lui procuraient un plaisir étrange et voluptueux, presque insensé ».
Elle montre comment, quand on a « tout pour être heureuse » (enfants, mari qui ramène un bon salaire, belle maison) il est difficile de revenir en arrière. La peur du déclassement guette. Cependant, si on est chez des gens qui n’ont guère de soucis financiers, il me semble que cette analyse de l’aliénation féminine peut valoir pour toutes les classes sociales.
J’ai apprécié la lecture de ce roman intelligent qui donne à réfléchir.
Tags : Roman, Femmes
-
Commentaires
Je pense qu'il faut une activité, même non salariée, qui donne un rôle social autre que celui de mère de famille. Cela me semble un minimum.