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Robert Goolrick, Après l'incendie, Anne Carrière
L'écrivain américain Robert Goolrick est mort le 29 avril 2022 en Virginie où il était né en 1948. La rubrique nécrologique du Monde m'apprends qu'il a exploité "jusqu'à l'obsession la thématique de la chute" et que les Etats du Sud des Etats-Unis incarnaient pour lui un âge d'or et l'obsédaient même si ce rayonnement était "au prix, impardonnable, de l'esclavage". J'ai retrouvé ces préoccupations dans
Après l'incendie. Née avec le 20° siècle, Diana Cooke est l'héritière d'une famille de l'aristocratie virginienne. Elle a grandi à Saratoga, une immense demeure au coeur d'une ancienne plantation esclavagiste. Le sang et la peine des Noirs ont permis aux Cooke de vivre dans un luxe extravagant pendant cinq générations mais maintenant la famille est ruinée aussi Diana a-t-elle été élevée dans l'idée qu'elle devrait, par son mariage, sauver la propriété. Elle a 18 ans quand elle fait la connaissance du capitaine Copperton, capitaine de pacotille, aventurier richissime, de 25 ans son aîné.
Au début j'ai trouvé que cela commençait bien. Il y a de fascinantes descriptions de l'enfance insouciante de Diana, de Saratoga et de la vie qu'on y menait du temps de sa splendeur. L'auteur n'occulte pas que ce faste soit bâti sur l'esclavage : les violences physiques et morales subies par les Noirs sont clairement dites. Ce qui est bien montré aussi c'est l'attachement de Diana à la propriété familiale pour laquelle elle accepte son sort de fille vendue au plus riche. La seconde partie, qui est la plus longue, m'a semblé hélas beaucoup moins réussie. Après une période où tout semble de nouveau sourire à Diana celle-ci et son entourage sont frappés par une succession de drames qui m'apparaissent outrés. J'imagine qu'il s'agit de montrer la malédiction que la maison fait peser sur ses occupants mais pour moi c'est raté. L'épilogue n'est absolument pas crédible et au total cette lecture m'a déçue.
Le roman est suivi par une nouvelle : Trois lamentations. Le narrateur, qui pourrait bien être l'auteur, raconte un souvenir de son adolescence. Au collège il est le seul à accepter de fréquenter trois filles mises au ban de sa classe. Wanda est maigre et très pauvre, elle sent mauvais. Claudie est obèse et Curtissa est la seule élève noire de la classe. Au bal de fin d'année il les fait danser toutes les trois.
J'ai apprécié la description du cadre de vie du narrateur qui est celui d'une famille modeste du Sud des Etats-Unis juste après la ségrégation. Le roman et la nouvelle évoquent tous deux la barrière infranchissable qui existe entre les Noirs et les Blancs et qui fait qu'ils ne peuvent pas se comprendre mutuellement. En la personne du narrateur Robert Goolrick se présente comme un jeune garçon sensible et attentif aux autres qui me le rend très sympathique et me convainc que je n'ai pas choisi le bon titre pour faire connaissance avec son oeuvre.
Tags : Disparition, Roman, Etats-Unis, Femmes, Nouvelles
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Commentaires
J'ai découvert cet auteur avec "Féroces", auquel je n'ai pas du tout accroché, sauf vers la fin (un peu le contraire de ton expérience avec "Après l'incendie !).
J'ai tout de même récidivé avec "Arrive un vagabond", que j'ai beaucoup apprécié, à l'inverse.
J'ai vu sur Babelio que des fans de Goolrick avaient été déçus par Après l'incendie.