• Salman Rushdie, Les enfants de minuit, Plon


    Salman Rushdie, Les enfants de minuit, PlonIl "ne sera jamais plus vieux que sa patrie -ni plus vieux, ni plus jeune". Un voyant l'avait prédit à sa mère avant sa naissance, Salem Sinai est né le 15 août 1947 à minuit pile, au moment même où l'Inde devenait indépendante. Comme lui mille et un enfants sont nés le même jour entre minuit et une heure. Ces Enfants de minuit sont tous dotés de pouvoirs fantastiques :

    "Dans l'Etat de Kerala, un garçon qui pouvait entrer dans les miroirs et ressortir par n'importe quelle surface réfléchissante du paysage -par les lacs et (avec plus de difficulté) par les carrosseries des voitures- et une fille de Goa avec le pouvoir de multiplier les poissons... et des enfants capables de transformations: un loup-garou dans les monts Nilgiri et, dans les Vindhyas, un garçon qui pouvait augmenter et réduire sa taille à volonté et qui avait déjà (par malveillance) été à l'origine d'immenses paniques et de rumeurs sur le retour des géants... dans le Cachemire, il y avait un enfant aux yeux bleus dont je n'ai jamais su le sexe avec certitude, parce qu'en se trempant dans l'eau il (ou elle) pouvait en changer comme elle (ou il) le voulait. (...)
    Il y avait un garçon qui pouvait manger du métal et une fille qui avait la main verte au point de pouvoir faire pousser des aubergines de concours dans le désert de Thar."

    Ma parole, c'est plus fort que les X-men !

    Salem Sinai, quant à lui, a la faculté d'entrer dans l'esprit des gens pour y lire leurs pensées. Il tente donc de jouer le rôle du professeur Xavier et de fédérer les mutants mais ils vont découvrir que leurs dons sont en fait des cadeaux empoisonnés et que leur patrie se méfie d'eux.

     

    L'histoire de Salem et celle de sa famille se confondent avec l'histoire du pays. Salman Rushdie nous fait traverser près d'un siècle d'histoire de l'Inde depuis les luttes pour l'indépendance au début du 20° siècle en passant par les conflits frontaliers avec la Chine et le Pakistan, la guerre d'indépendance du Bangladesh (1971), le gouvernement d'Indira Gandhi et l'état d'urgence. Le propos est souvent sévère avec des dirigeants corrompus et peu respectueux de la démocratie. La famille Sinai est musulmane et se déplace entre l'Inde et le Pakistan ce qui permet aussi d'aborder l'histoire de ce pays.

    D'une première lecture de ce roman qui doit remonter à vingt ans j'avais gardé un souvenir très positif. Ma relecture me laisse un sentiment plus mitigé car j'y trouve des longueurs. Salem, le narrateur, se présente comme en train de rédiger son autobiographie dont il lit des passages à Padma, sa compagne. On a alors droit aux commentaires et aux questions de Padma, aux réponses et aux explications de Salem. Ce sont ces moments que je trouve répétitifs, quand les péripéties précédentes sont rappelées.

     

    Ce que j'apprécie c'est ce que j'apprends des dessous des événements évoqués et la causticité de l'auteur. Ainsi à propos d'élections au Pakistan :

    "Vous ne serez pas surpris d'apprendre que le Parti Unifié d'Opposition était un ramassis de coquins et de gredins de la plus belle eau, unis dans un seul but, renverser le président et retourner aux jours sombres du passé où des civils et non des militaires se remplissaient les poches en puisant dans les finances publiques."

    C'était ma relecture du mois d'avril.

     

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  • Commentaires

    1
    Jeudi 29 Mai 2014 à 12:00
    Je l'ai trouvé récemment chez le bouquiniste, tu me donnes très envie de m'y plonger au plus vite ! Tu le trouves meilleur ou moins bon que "Les versets sataniques" ?
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