• Steinunn Jóhannesdóttir, L'esclave islandaise, Gaïa

    Steinunn Jóhannesdóttir, L'esclave islandaise, GaïaLivre 1 :

    En 1627, un raid de Turcs barbaresques attaque les côtes de l'Islande. Les habitants qui résistent sont tués, les autres sont emmenés comme captifs à bord de trois bateaux. Hommes, femmes et enfants, 400 Islandais en tout, de Keflavik, de Grindavik, des îles Vestmann ou des fjords de l'est. C'est de cet épisode historique véridique que s'est inspirée Steinunn Jóhannesdóttir pour raconter l'histoire de Guðriður Simonardóttir, enlevée avec son fils Sölmundur âgé de quatre ans. Après un long voyage, les captifs débarquent à Alger où ils sont vendus comme esclaves. On estime qu'à l'époque les esclaves formaient 25 % de la population de cette ville de 100 000 habitants.

     

     

    Steinunn Jóhannesdóttir montre bien l'étendue du choc vécu par les captifs. Choc psychologique, bien sûr. Guðriður est arrachée à son cadre de vie habituel et à ceux qu'elle aime. Elle qui était une femme libre va subir la dure condition d'esclave. Enfin elle ignore tout de ce qu'il est advenu de son mari. A-t-il été tué ? A-t-il pu se cacher ou fuir ? A-t-il tenté de la secourir ou a-t-il avant tout pensé à lui-même ? Les questions sont nombreuses et sans réponses. Le roman suit le périple de l'héroïne et le lecteur n'en sait donc pas plus qu'elle.

    Choc thermique auquel ne survivent pas certains captifs qui meurent de maladies exotiques après leur arrivée.

    Choc culturel avec la découverte de nouvelles langues (arabe, turc, franco), d'une religion forcément hérétique puisqu'elle n'est pas celle enseignée par les pasteurs, de nouveaux modes de vie, de la ville pour ces paysans qui vivaient auparavant dans des fermes en tourbe.

     

     

    Au passage je découvre quelques éléments de l'histoire de l'Islande qui me donnent envie d'en savoir plus sur ce pays, beaucoup plus lointain pour moi que l'Algérie. Au 17° siècle elle dépendait de la couronne danoise. La distance permettait manifestement une certaine autonomie des communautés villageoises. Les pasteurs semblent constituer l'autorité principale. En théorie les commerçants danois avaient le monopole des échanges avec les îles mais on pratiquait la contrebande avec des marins britanniques. Je suis surprise de constater que Guðriður sait lire et écrire malgré son statut relativement modeste. Avantage sans doute du protestantisme sur le catholicisme : il faut pouvoir lire la Bible et les psaumes qui tiennent une grande place dans la liturgie.

     

     

    Steinunn Jóhannesdóttir, L'esclave islandaise, GaïaLivre 2 :

    La libération de Guðriður et de certains de ses compatriotes est un soulagement pour les captifs mais en même temps un nouvel arrachement. Pendant leurs années d'esclavage les Islandais ont tissé de nouveaux liens. Que découvriront-ils de retour au pays ? Ceux qu'ils ont quitté depuis si longtemps sont-ils encore en vie ? Pensent-ils encore à eux ? Les ont-ils attendus ? C'est de nouveau un saut dans l'inconnu.

     

     

    C'est une chose que j'ai appréciée dans ce roman, la capacité de l'auteure à montrer les nuances de la situation. Guðriður souhaite rentrer chez elle et en même temps elle est séduite par la civilisation raffinée qu'elle a découverte à Alger. Guðriður souhaite rester fidèle à son mari et en même temps elle est troublée par l'amitié de Brandur, esclave comme elle. Guðriður est une bonne chrétienne mais, au fond, elle se demande si ces musulmans si pieux ne prient pas le même dieu qu'elle. Steinunn Jóhannesdóttir a fait de son personnage une femme ouverte et attachante. J'ai apprécié cette lecture.

     


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  • Commentaires

    1
    keisha
    Lundi 5 Février 2018 à 08:07
    keisha

    Alors là, j'en apprends! Une vraie curiosité ce roman.

      • Lundi 5 Février 2018 à 09:11

        Il y a aussi des découvertes à faire dans le second livre mais je n'ai pas voulu trop en dire.

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