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Vilhelm Moberg, La saga des émigrants 3- La terre bénie, Le livre de poche
Après une longue et pénible traversée nos émigrants posent le pied avec soulagement sur le sol américain. Leur voyage n'est pas terminé pour autant car Karl Oskar a décidé de s'installer dans le Minnesota. Avec sa famille il est suivi par 16 personnes qui ont fait de lui leur chef. Le trajet se poursuit en train -une première pour ces Suédois- puis encore en bateau sur les affluents du Mississippi. Après de nouvelles épreuves voici enfin le Minnesota, territoire "presque aussi grand que la Suède" où on ne "comptait guère plus d'une centaine de colons s'étant lancés dans l'agriculture".
C'est le début de l'automne et il est trop tard pour semer, tout juste temps pour construire une maison capable d'affronter l'hiver. Karl Oskar décide d'installer sa famille sur les bords du lac Ki-Chi-Saga où la terre est fertile et où seuls des Indiens sont jamais passés. Ce voisinage inquiète la famille qui a aussi un peu pitié de ces pauvres païens :
"Robert n'ignorait pas que les Indiens tiraient sur les gens avec des flèches empoisonnées, enfonçaient des pointes de bois émoussées dans leur corps et leur découpaient le cuir chevelu avec des couteaux à peine tranchants. (...) On ne pouvait s'attendre à rien d'autre de personnes qui n'avaient reçu ni le baptême ni la communion. (...) Mais ils ne manqueraient pas de mettre un terme à ces pratiques barbares dès qu'ils seraient civilisés et christianisés. Sitôt que des missionnaires seraient venus parmi eux (...) ils tueraient leurs ennemis avec des fusils à cartouches et les scalperaient avec des couteaux de chasse."
Les débuts sont durs. Il faut beaucoup travailler, tout reconstruire de zéro. Robert, le jeune frère de Karl Oskar, est déçu. Il pensait qu'en Amérique il n'aurait plus de maître mais le voilà à faire le valet de son frère. Il décide de quitter la famille, de partir vers la Californie et la ruée vers l'or où il espère s'enrichir facilement.
Karl Oskar ne craint pas le travail et apprécie la liberté dont il jouit dans son nouveau pays. Ici les anciennes classes sociales n'existent plus, on appelle les paysans "mister" et aucun pasteur ne vient à domicile vous dire comment vous comporter. Tout est possible à l'homme entreprenant et la Suède apparait comme un vieux pays figé dans ses traditions. Je trouve très intéressant de voir comment s'est construite cette Amérique pionnière, à la fois en réaction à une Europe sclérosée et en luttant contre une nature pas toujours amicale (hivers très froids, tempêtes de neige). Ca me permet de mieux comprendre les bases du libéralisme actuel.
Par moments la vie des pionniers me fait penser à La petite maison dans la prairie dont justement l'action se déroule dans le Minnesota.
A l'heure où j'écris ces lignes j'ai déjà lu le tome 4 et commencé le 5. En ce moment je lis plus vite que je n'écris.
Tags : Roman, Migrants, Etats-Unis
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