• Vincent Message, Défaite des maîtres et possesseurs, Seuil

    Vincent Message, Défaite des maîtres et possesseurs, Seuil"Il y a trois catégories d'hommes : ceux qui travaillent pour nous ; ceux qui s'efforcent de nous tenir compagnie ; ceux que nous mangeons. Et ils ne peuvent pas passer impunément de l'une de ces catégories à l'autre. Ils restent là où ils sont nés. Vouloir bouger, changer, c'est transgresser nos lois. Et c'est bien là tout mon problème -c'est-à-dire celui d'Iris."

    Nous sommes sur la terre en un temps où les maîtres et possesseurs -les hommes- ont été défaits. Ce ne sont plus eux qui dominent. C'est un roman d'anticipation et en même temps c'est une description extrêmement fine des travers de notre société.

     

     

    Les inégalités sociales et comment le fort s'appuie sur le faible pour exploiter plus faible encore ; la montée de l'extrême-droite, les sans-papiers et le rejet de l'autre ; la colonisation et la possibilité de dire -ou pas- qu'elle a été brutale :

    "Est-ce qu'exercer le droit d'inventaire, ne pas accepter que l'héritage fasse bloc, cela s'appelle trahir ? Et si tel est le cas, par quel mystère au monde trahir ses ascendants doit-il être jugé pire que de faire faux bond au sentiment du juste qui charpente notre conscience ?"

    Mais surtout, le sujet principal c'est l'état de la planète, l'exploitation effrénée des ressources, le changement climatique, l'agriculture industrielle.

     

    "Ce n'est pas la terre qu'on sauve -quand si souvent on parle de la sauver- c'est la possibilité si précieuse et précaire que nous avons de nous y tenir, d'y être bien, de l'habiter, d'y trouver quelque chose qui s'appellerait le repos. Pour elle, il n'y a pas d'angoisse à se faire. La terre continuera. Longtemps, longtemps, jusqu'à ce que le soleil meure. Et toutes les terres, partout, dans l'espace qui sidère. Elles sont plus belles bien sûr quand elles portent la vie -mais le vivant n'est pas fait pour durer. Un jour le souffle s'arrête. On ne le voit plus, on ne l'entend plus. Plus de visage qui remue, de voix dont le métal vibre, de gorge qui se soulève. Il s'interrompt, s'arrête. Et moi, et moi pourtant, j'aurais voulu qu'il continue."

     

     

    A travers l'histoire d'Iris et Malo, l'auteur aborde de très nombreux thèmes d'actualité de façon fort habile. Les choses sont dévoilées tout doucement, par petites touches et le résultat est souvent déconcertant, voire inquiétant. J'ai trouvé ça très intelligent et bien écrit.

     

    Les avis de KeishaKrol et Joyeux-drille.

    Un entretien de Vincent Message à l'Humanité.

     

     

     


    Tags Tags : , ,
  • Commentaires

    1
    keisha
    Mercredi 31 Août 2016 à 09:36

    Je suis toujours ravie quand on parle de ce roman (allez, les autres, on le lit!)

      • Mercredi 31 Août 2016 à 16:48

        Vu sa qualité j'ai été un peu surprise de ne pas le voir plus souvent sur les blogs.

    2
    Mercredi 31 Août 2016 à 11:12
    sentinelle

    Je suis en pleine lecture de ce roman, et je pensais d'ailleurs commencer ma chronique - si je l'écris car je ne chronique pas systématiquement mes lectures par faute de temps - avec le même extrait que toi ! Quelle évolution par rapport à son premier roman, plus ambitieux mais plus complexe aussi, au point d'avoir découragé certains lecteurs. Ici, tout est plus limpide, facile à lire, il évite les lourdeurs tout en restant aussi pertinent dans sa réflexion. Un jeune auteur à suivre !

    3
    Mercredi 31 Août 2016 à 16:52

    L'amie qui m'a conseillé cette lecture n'avait pas apprécié le premier. Du coup j'ai renoncé, pour l'instant, à le lire.

    4
    Vendredi 2 Septembre 2016 à 20:06

    J'ai hâte de le lire... D'ailleurs, il plaît beaucoup

      • Dimanche 4 Septembre 2016 à 09:54

        J'espère qu'il te plaira. Il a des qualités pour cela !

    5
    Mardi 8 Novembre 2016 à 20:47

    C'est un très beau roman, un de ceux qui m'ont beaucoup marqué cette année. On ne l'oublie pas. Il a remporté le Prix Orange du livre cette année, ce qui est mérité !

      • Mercredi 9 Novembre 2016 à 13:45

        D'accord avec toi.

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :