Aline Kiner est morte le 7 janvier 2019. Je ne connaissais pas cette autrice. Je l'ai découverte en tombant par hasard, sur internet, sur l'annonce de sa mort par son éditeur. Aline Kiner était née en 1959. C'est une mort un peu prématurée. Elle était malade depuis longtemps. Aline Kiner était rédactrice en chef des hors-série de Science et Avenir et passionnée d'histoire, notamment le Moyen-âge.

La nuit des béguines. A Paris, entre 1310 et 1315, nous suivons l'histoire de quelques béguines rattachées au grand béguinage royal, dans le quartier du Marais. Les béguines sont des veuves qui vivent en communauté mi-religieuse mi-laïque. Elles ne suivent pas de règle et certaines même vivent en dehors du béguinage, exerçant une profession et n'obéissant à aucun homme ! Lesquels déplorent de plus en plus à l'époque la liberté de ces femmes inclassables.

Les héroïnes sont Ysabelle, herboriste et apothicaire qui officie à l'hôpital du béguinage; Maheut la Rousse qui a fuit un mariage imposé et Ade, belle et savante. L'histoire débute avec l'exécution de Marguerite Porete, une béguine mystique de Valencienne, condamnée à être brûlée vive pour hérésie. Elle avait écrit dans Le miroir des âmes simples que l'âme suffit pour être sauvé. Pas besoin d'actes. Une idée qui préfigure la doctrine protestante, il me semble. On lui reprochait aussi d'avoir investi un domaine réservé aux clercs et aux hommes, de s'être affranchie de l'autorité de l'Eglise. C'est l'époque de la dissolution de l'ordre du Temple et de la condamnation à mort des chefs templiers. Le roi Philippe le Bel se pose en défenseur de l'orthodoxie religieuse.

J'ai trouvé cette lecture fort intéressante qui mêle personnages de roman et fond historique (bibliographie en fin d'ouvrage). C'est bien écrit et j'ai apprécié de traverser les rues du Paris médiéval dans les pas des béguines.

Dans le béguinage d'Amsterdam, encore habité aujourd'hui.