• Edgar Hilsenrath, Nuit, Attila

     

    Edgar Hilsenrath, Nuit, AttilaEdgar Hilsenrath est mort le 30 décembre 2018. En l'apprenant je me suis dit qu'il était temps que je me décide à lire cet écrivain que je ne connaissais pas encore. Edgar Hilsenrath était né en 1926. Il était Juif et Allemand. En 1938 le père envoie femme et enfants dans leur famille de Roumanie pour les protéger du nazisme. C'est de là qu'ils sont déportés en 1941 au ghetto de Mogilev-Podolski, aujourd'hui en Ukraine.

     

     

    Edgar Hilsenrath, Nuit, AttilaNuit. Ranek tente de survivre dans le ghetto de Prokov, en Roumanie. Dans cette ville en ruine surpeuplée, il faut d'abord avoir un endroit où dormir car la nuit les sans-abri sont raflés. Il trouve une place dans un abri de nuit, une pièce où d'autres miséreux s'entassent sur et sous une estrade. Quand l'un d'eux meurt, on peut admettre un nouveau pensionnaire. La journée Ranek se met en quête de nourriture, dépouille des cadavres, ramasse des déchets et va troquer sa récolte auprès de trafiquants. Ceux-là sont mieux lotis que lui, certains vivent même dans une relative aisance.

     

     

    Edgar Hilsenrath décrit une vie d'une extrême précarité où il s'agit avant tout de survivre jusqu'au lendemain. Ses personnages affrontent la faim, la peur, la maladie, la crasse, la mort. Chez les plus pauvres, pas de solidarité, c'est chacun pour soi et même on rit des malheurs des autres. C'est assez éprouvant à lire. Au milieu de cette nuit, on croise quand même de rares étincelles d'innocence ou de bonté comme un garçon de douze ans qui veille sur sa soeur de huit ans, la bien nommée Liouba ou Déborah, la belle-soeur de Ranek, qui prend soin de son mari mourant puis recueille un bébé.

     

     

    Ce qui me frappe c'est la quasi autarcie dans laquelle vit ce ghetto, comme coupé du monde. Dans le lointain on entend parfois, de l'autre côté du Dniestr, les cloches de la ville roumaine. De nouveaux déportés arrivent qui cherchent à se loger. Les habitants savent que ceux qui sont raflés partent vers la mort mais il n'est pas question des nazis. On pourrait faire de ce roman le scénario d'un film post-apocalyptique ou de science fiction tant la menace qui pèse sur les personnages est à la fois permanente, diffuse et non nommée. On est en immersion dans le ghetto, c'est puissant.

     

     

    J'ai apprécié cette lecture qui m'a, de plus, donné l'idée d'un défi personnel pour l'année 2019 : je vais tacher de lire les auteurs qui mourront dans l'année. Prochainement je lirai donc Christine de Rivoyre (3 janvier) puis Eric Holder (23 janvier). Deux auteurs que je ne connais pas non plus.


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  • Commentaires

    1
    keisha
    Lundi 28 Janvier 2019 à 11:16
    keisha

    Il faudrait aussi que je le lise, mais...

      • Lundi 28 Janvier 2019 à 17:47

        Et oui, il y a tellement à lire.

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    2
    Lundi 4 Février 2019 à 06:15

    C'est une bonne idée de chroniquer cet auteur. Je n'ai jusqu'à présent rien lu de lui, je vais m'empresser de le noter. Si ça te dit, on pourrait faire une lecture commune d'un roman de Christine de Rivoyre. Ca me tenterait bien (plutôt à partir de mai) et ce serait une belle façon de connaître un peu mieux son oeuvre.

      • Lundi 4 Février 2019 à 16:47

        Pour Christine de Rivoyre je viens de commencer la lecture de Le petit matin, présenté comme son chef-d'oeuvre dans la rubrique nécrologique du Monde.

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