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Henri Lopes, Il est déjà demain, JC Lattès
L’écrivain congolais Henri Lopes est mort le 2 novembre 2023. Il était né en 1937 à Léopoldville (Congo belge, aujourd’hui Kinshasa) mais c’est au Congo-Brazzaville, le pays de sa mère, qu’il a grandi et choisi de revenir s’installer à l’âge adulte. Il y a fait carrière aux plus hautes responsabilités mais il a toujours placé au-dessus des autres le métier d’écrivain. Il est l’auteur d’une douzaine de livres, majoritairement des romans.
Il est déjà demain est un récit autobiographique paru en 2018. Métis, fils de deux métis, Henri Lopes remonte sa généalogie jusqu’à ses deux grands-pères blancs, l’un Belge, l’autre Français. Malgré le patronyme, aucun Portugais à l’horizon : l’auteur explique la façon dont le colonisateur modifiait le nom des métis.
Après la séparation de ses parents, Henri grandit à Brazzaville avec sa mère. Elle épouse un Français et, à 12 ans, Henri est envoyé poursuivre ses études au lycée de Nantes. J’ai trouvé passionnante la partie qui porte sur la petite enfance. Henri Lopes restitue de façon vivante et touchante les souvenirs de cette époque. Il grandit dans un Congo qui est encore colonie française et pendant la guerre. Ce qu’il dit de cette période me rappelle ce que me racontait un grand-oncle qui fut administrateur colonial en Afrique.
Une fois le bac en poche, l’auteur étudie l’histoire à la Sorbonne. Parallèlement il milite à la FEANF (Fédération des Etudiants d’Afrique Noire en France) et au PAI (Part Africain de l’Indépendance), deux mouvements marxistes-léninistes. Il y fait la connaissance d’une bonne partie de la future élite de l’Afrique décolonisée. Lui-même, en 1965, devient professeur à l’ENS de Brazzaville puis ministre de l’éducation nationale du Congo (1969-1972), ministre des affaires étrangères (1972-1973) et premier ministre (1973-1975). Dans les années 1980 et 1990 il travaille pour l’UNESCO à Paris, enfin, en 1998, il devient ambassadeur du Congo en France.
J’ai été très intéressée par ce que l’auteur dit de sa formation et de sa carrière politique. Henri Lopes montre bien, à travers son cas, comment les dirigeants des pays nouvellement indépendants ne connaissaient pas grand-chose à la gestion d’un Etat et se sont, en quelque sorte, formés sur le tas. Quant à moi je découvre un pan de l’histoire de l’Afrique dont je ne connais pas grand-chose, il faut bien le dire.
C’est donc une lecture que j’ai grandement appréciée. De par les fonctions qu’il a occupées, Henri Lopes a eu l’occasion de croiser bon nombre de dirigeants et d’intellectuels d’Afrique mais aussi d’Europe et des pays communistes. Il a un vrai talent de conteur pour raconter des anecdotes liées à ces rencontres. Ca a parfois un côté très mondain mais c’est fait avec une forme de modestie qui fait que l’énumération de ces célébrités qui lui donnent du « cher Henri » ne m’indispose pas. Henri Lopes m’apparaît comme un homme attaché au Congo et aux Congolais, par delà à l’Afrique et aux Africains. Elevé dans deux cultures, marié à une Antillaise, il célèbre le brassage des cultures, le métissage. Il est enfin fidèle a ses amis et a pour sa famille et ses proches des mots très touchants. Tout ceci est écrit dans une langue généralement fort bien maîtrisée et plaisante à lire avec quelques formules désuètes qui m’enchantent.
Tags : Disparition, Récit autobiographique, Afrique, Histoire
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Commentaires
2keishaJeudi 30 Novembre 2023 à 08:323luocineVendredi 1er Décembre 2023 à 16:12
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Merci pour cette lecture hommage. Je ne connais pas bien la littérature africaine.
Moi non plus et je n'avais jamais entendu parler de lui avant sa mort.