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Ivan Jablonka, En camping-car, Seuil
Dans les années 1980, à la faveur des vacances d'été, la famille Jablonka (Ivan, ses parents, son frère) accompagnée d'amis, souvent, a sillonné le bassin méditerranéen à bord de son camping-car, un combi VW aménagé. Dans les années 1970 (étant de dix ans l'aînée d'Ivan Jablonka), je faisais la même chose avec mes parents, mes soeurs et frère et des amis, souvent. C'est dire si En camping-car, à la fois recueil de souvenirs et étude sociologique des vacances en itinérance, avait de quoi me séduire.
Les parents de M. Jablonka père ont été assassinés par les nazis quand il avait trois ans, il a grandi dans des foyers pour orphelins juifs, il n'a pas eu une enfance très heureuse. Sa revanche a été de tout faire pour que ses enfants soient heureux. C'était même une obligation pour eux : "Soyez heureux !" hurle-t-il aux enfants qui viennent de lui dire qu'ils s'ennuyaient. Pendant l'année scolaire ils vivent dans un petit appartement parisien, l'été ils s'évadent sur les routes pour jouir de la liberté. "[Mon père] professait qu'un enfant n'a pas à respecter son père et, d'ailleurs, le fait de voyager, d'être quotidiennement dépaysé, était un défi à toute autorité. Lui qui avait grandi sans père, il avait choisi de garder le meilleur de la paternité".
Derrière ces choix individuels, Ivan Jablonka voit aussi des choix de classe. Enfants d'ouvriers, ses parents se sont élevés par les études. Ils font partie de la bourgeoisie à diplômes, celle qui a "le pressentiment que l'essentiel, pour réussir à l'école, ne s'apprend pas à l'école." Les voyages forment la jeunesse et lui permettent de faire sienne une culture vivante.
Cette bourgeoisie-bohême, que l'on raille souvent sous l'appellation de "bobo", l'auteur la défend en disant qu'elle est le bastion de valeurs comme "la culture, le progrès social, l'ouverture à autrui, une certaine idée du vivre-ensemble".
Dans cet ouvrage, qui est aussi un hommage de l'auteur à ses parents et plus particulièrement à son père, j'ai reconnu mes souvenirs d'enfance, les choix de mes parents et un peu de ce que je suis devenue. Cette chronique se veut un hommage à mes parents et plus particulièrement à mon père. Il avait construit, à partir de plans trouvés dans le magazine Système D, des caissons qui servaient de chambres sur le toit (notre camping-car n'était pas aménagé de série comme celui des Jablonka).
L'avis d'Hélène.
Tags : Récit autobiographique, Histoire, Voyage, Essai
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Commentaires
Pas trop attiré ( je n'ai pas l'aspect affectif qui me donnerait envie de le lire = mes parents détestent le camping-car donc je ne suis jamais partie en vacances de cette manièr-là !!!)
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Samedi 17 Février 2018 à 12:39
Bien sûr, c'est ça qui m'a attirée. Mais la lecture m'a aussi donné envie d'explorer d'autres thèmes de l'oeuvre d'Ivan Jablonka, que je n'avais jamais lu.
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4danmicluDimanche 13 Mars 2022 à 13:55Je suis de la génération des parents de Jablonka et nous avons voyagé dans les mêmes conditions avec nos enfants; j'ai donc bien apprécié ce livre.
Comme Hélène,"j'ai été dérangé par ce mélange abrupt des genres"
et par la nostalgie due à l'évolution la société. A 80 ans, nous continuons avec mon épouse à voyager en combi VW.
C'est un choix personnel et non pas seulement une question de classe.
Cet été 2021, un voyage en Islande avec un blog : danmiclu-islande-2021.over-blog.com
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Dimanche 13 Mars 2022 à 19:34
Vous avez fait un superbe voyage ! J'ai consulté votre blog avec intérêt car je prépare -quelle coïncidence- un voyage en Islande pour cet été. Mais pas en camping car.
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Oh là là, les souvenirs vintage! Noté.
N'est-ce pas ?