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Khaled Khalifa, La mort est une corvée, Actes sud
L’écrivain syrien Khaled Khalifa est mort le 30 septembre 2023 à Damas. Il était né en 1964 dans la région d’Alep, dans une famille de paysans peu portés sur la lecture. En 2012 des sbires du régime lui avaient fracturé la main gauche alors qu’il participait à la procession funéraire d’un musicien tué à Damas. Malgré cela, malgré l’interdiction de ses livres, la guerre, la perte de ses amis tués ou en exil, il tenait à vivre en Syrie par attachement à son peuple et à son pays.
La mort est une corvée (un roman publié en 2015).
"Le pire dans la guerre, c'est la multiplication des comportements scandaleux et la transformation d'histoires tragiques en événements ordinaires".
Avant de mourir à l’hôpital de Damas, Abdellatif al-Sâlim a demandé à son fils Nabil, que tout le monde appelle Boulboul, de l’enterrer dans son village natal de ‘Anâbiyya, près d’Alep, à côté de la tombe de sa sœur Leila. Plus facile à dire qu’à faire. Boulboul, son frère Hussein et leur sœur Fatima embarquent le cadavre du père avec quelques pains de glace dans un microbus pour un trajet qui devrait durer moins d’une journée et qui va en prendre trois. Pour aller de Damas, tenue par le régime, à ‘Anâbiyya, en zone rebelle, il faut en effet franchir de nombreux barrages contrôlés par divers groupes armés. Ces check-points sont les lieux de tous les risques si l’on n’a pas les bons papiers, le bon lieu de naissance ou le bon nom de famille. A une occasion la dépouille est même mise temporairement aux arrêts. C’est l’occasion pour l’auteur de nous dresser le tableau terrifiant d’une Syrie détruite et d’une société laminée par la guerre et la violence qu’elle a engendrée.
Pour affronter ce voyage éprouvant en compagnie du cadavre en putréfaction de leur père, les frères et sœur ne peuvent guère compter sur un quelconque amour familial : depuis des années ils se fréquentent le moins possible et cela leur convient tout à fait. Boulboul, le personnage principal, est un homme timoré qui s’est accoutumé à une vie étriquée, essayant simplement de survivre. Ce périple est l’occasion pour lui de reconsidérer toute l’histoire des relations familiales et de mettre à jour les mensonges de son père sur lesquels elle était bâtie. Malgré cette prise de conscience la fin n’offre guère d’espoir. Comment pourrait-il en être autrement ?
Un point négatif au sujet de la traduction : elle comporte des maladresses de français (concordance des temps) voire même, plus problématique, des passages difficilement compréhensibles.
L’avis d’Henri.
Tags : Disparition, Roman
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Commentaires
Le sujet est intéressant. C'est dommage pour la traduction.
Oui je trouve. On doit quand même pouvoir trouver des gens capables de traduire correctement du syrien vers le français.